Cramé de musique depuis 15 ans / cinéphile / retrogamer / vieux con / hater notoire. Ah, et je bosse chez les fous. Je le deviens peut être, à force.
La vie n’est définitivement pas un long fleuve tranquille, et nombreux sont les exemples qui viennent illustrer cet état de fait. Appliquons-le maintenant au domaine de la musique et nous pouvons immédiatement dresser une check-list de toutes les galères que rencontre quotidiennement le musicien, qu’il soit intégré dans une formation reconnue comme dans quelque chose de beaucoup plus confidentiel, et le split dudit groupe apparaîtra comme la plus dommageable des éventualités possibles.
Ce sont malheureusement les gaillards d’Hammershock qui viennent d’en faire récemment les frais. Dévouée à la cause du Death Metal depuis 2011, la formation nordiste s’est faite connaître grâce à une série de concerts énergiques diablement efficaces et avait eu l’occasion d’ouvrir pour Unsu, VxPxOxAxAxWxAxMxC (toujours autant un calvaire à taper !) ou encore les ricains de Vile, pour ne citer qu’eux. Hélas, de trop nombreux (et récurrents) soucis de line-up auront finalement raison du groupe, préférant abdiquer en ce mois de juillet 2015. Pour marquer le coup, le groupe proposera dans la foulée son unique EP en streaming/téléchargement gratuit et légal sur Soundcloud. Le chant du cygne.
Sept titres pour vingt-trois minutes de musique, voilà ce que nous proposent les gars d’Hammershock. Le premier détail qui me frappe est d’abord visuel : j’ai beau vouer une adoration sans bornes pour les pochettes d’albums « horribles » et sales (« Mental Funeral » de qui vous savez, par exemple), je sais également apprécier quand un bel artwork sait changer la donne... intriguant et sophistiqué, je suis ici conquis. Ce premier contact avec le groupe nous met sur la voie, en nous indiquant que leur Death Metal risque d’être tout, sauf conventionnel.
Ô comble de la surprise, le Death Metal d’Hammershock est tout, sauf conventionnel. J’en veux pour preuve avec ce « Cultivating Humanity », titre d’ouverture, qui débute sur un groove bien palpable et un riff presque Stoner-isant, épaulé par un cortège de toms qui gargouillent, avant que le premier blast beat n’apparaisse. La voix de Romain, chaude et rocailleuse, presque sludge, me fait immédiatement penser à un Kirk Windstein (Crowbar) s’essayant à un projet plus axé Death Metal.
Pour témoigner de la richesse de cet EP, chaque morceau y va de sa petite nuance personnelle : ainsi, « Lead Us To Nowhere » débute avec un break qu’on pourrait ranger du côté de la scène Hardcore, avant d’être rattrapé par une armada de riffs thrashy du meilleur effet, « A Desire To Dominate » se présente comme un titre beaucoup plus alambiqué et technique, aux parties folles de batterie, faisant la part belle aux riffs complexes et flirtant même avec le Thrash et le Death Mélodique. Les titres suivants ne seront pas en reste avec une introduction à la limite de l’« ethnique » sur « Towards The End ».
Fort heureusement, toutes ces influences régurgitées par le combo sont adroitement ficelées de manière à ce que cet EP ne perde pas en cohésion et sache garder son identité. Même si je sais aussi être en émoi devant n’importe quelle démo obscure de DM Finlandais, je sais aussi apprécier qu’un groupe sache prendre quelques petits risques.
Un bémol vient cependant entacher l’écoute. En effet, les évènements internes qu’a traversé le groupe ont toujours poussé celui-ci à travailler ses morceaux à la maison, avec un bon vieux système D. C’est dans cette optique que cet EP fut enregistré et restitué tel quel sur la toile, dans un esprit "démo". Le résultat, en majorité probant, laisse quand même passer quelques pains bien sentis qui auront du mal à passer inaperçus. Le travail sur les guitares semble pêcher un peu, tant elles semblent parfois bien en retrait, complètement annihilées par le sifflement des cymbales, ou manquant juste de patate sur certains passages où elles sont censées tenir le beau rôle. Pas de quoi sauter au plafond bien sûr, mais les conditions d’enregistrement de l’objet en question comportaient quelques risques.
C’est encore dommage de voir un groupe de cette trempe devoir rendre les armes, mais le sort en a voulu ainsi. Qui sait, une reconversion des membres est-elle déjà planifiée ?
Je préfère laisser le mot de la fin à Hammershock pour cette chronique, puissent-ils avec leurs lyrics vous donner envie de vous pencher sur l’EP en question :
« Here is the sound of the hammer….hammering your mind ! »
Tracklist :
1. Cultivating Humanity
2. Lead Us To Nowhere
3. A Desire To Dominate
4. Towards The End
5. Implore Then Claim
6. Forced To Abdicate
7. Hammerfist In Your Face
