Terror + Expire + Confusion + Truffle Shuffle + Under Your Bed
Péniche Spits - Douai
Cramé de musique depuis 15 ans / cinéphile / retrogamer / vieux con / hater notoire. Ah, et je bosse chez les fous. Je le deviens peut être, à force.
AxHell : Je ne connais qu’un moyen de patienter efficacement en attendant un gros festival. Se faire un concert. En effet, vous dire que je compte les jours avant de pouvoir me dorer les miches au camp de Thalasso le plus brutal d’Europe de l’Est (jeux de mots) est tellement en deçà de la réalité que même le simple fait de relire cette phrase sur mon ficher Word me fait trépigner/transpirer/parler vite et fort tellement je ne tiens plus. C’est un fait. Pour tenter de le contrecarrer, je consacre mon trop plein d’énergie (bon, « énergie » quand on se gave de Funeral Doom, c’est un terme qui revêt un autre sens que pour vous autres) à me ramener à des concerts. Plusieurs raisons à cela ; m’entretenir un foie d’enfer pour ne pas m’évanouir à la pils tchèque que je prévois d’ingurgiter en masse dans les jours à venir, rencontrer les potes et surtout, la combinaison des deux items précités aidant, « sublimer » le temps de la meilleure des manières possibles pour ne pas tout simplement attendre dans le vide à tourner comme un lion en cage. Enfin, à se ronger les ongles.
L’occasion était trop belle. Les ricains de Terror et d’Expire, en tournée depuis le mois de Juin, (re)passent par la France une cinquième fois pour une de leurs dernières dates, et qui plus est, dans le Nord, dans notre belle commune de Douai. Pour ce faire, ils seront accompagnés de trois groupes Français : Under Your Bed, Confusion et Truffle Shuffle. Difficile de les bouder dans ce genre de cas, et c’est une fois encore nos amis de l’asso Spits, décidément de plus en plus fourrée dans les bons coups, qu’incombe la tâche d’organiser cette petite sauterie pas piquée des hannetons, comme on dit, et c’est à la Péniche que ça se passe ! Loin de moi l’idée de jeter le discrédit (et surtout gratuitement) sur cette salle de concert bien connue du coin, puisque j’y ai vécu des moments et/ou des concerts inoubliables dans un passé qui me semble si lointain, pour des têtes d’affiches de luxe (Sybreed, Septic Flesh, Kronos, Agnostic Front…), des groupes beaucoup plus confidentiels mais tout aussi intéressants (Rorcal, Kayan…) ou tout simplement pour avoir aimé me rincer aux bonnes bières en regardant l’ancien patron jouer aux premiers Silent Hill, mais, et les gens du coin savent pourquoi, il était plus que grand temps que cela cesse. C’est donc l’équipe surmotivée de Spits qui s’occupe de faire tourner la boutique, désormais. Nous ayant déjà prouvé leur capacité à taffer comme des tarés et à gérer des date comme des chefs (je pense notamment aux concerts de Crowbar, Aqme et à celui des Russes de Little Big en prévision) et de A à Z (son, orga, accueil et j’en passe), on s’attend tout naturellement à repasser une soirée du même acabit.
Je dois bien arriver une heure en avance, et le Schifeul n’est pas encore arrivé. Je décide donc de commander la première bibine de la soirée et de la siroter sur le pont, sous un soleil radieux. Y’a plus tristoune quand même comme tableau.
UNDER YOUR BED
J’ai quand même le temps de me commander une seconde bibine pour me mettre en condition, et même de papoter avec un des barmans vite fait pendant les balances d’Under Your Bed. Lorsque le set débute bel et bien, je file me placer dos à une des colonnes de la Péniche pour ménager mon vieux dos déjà fatigué : autant se ménager dès le début, surtout s’il faut tenir cinq groupes. Venons-en à la musique : Under Your Bed est une formation originaire d’Arras évoluant dans un registre d’obédience Hardcore. Ouvrir une série de concerts et chauffer une salle n’est pas chose facile, mais le groupe s’en sort avec les honneurs. Alternant à la fois des passages bien brutaux et lourds et des parties plus mélodiques, techniques et aériennes propres au Deathcore (notamment dans le riffing bien incisif), Under Your Bed sait varier son jeu devant son public, peu fourni mais néanmoins présent. Le set est énergique, carré, des lows à la As They Burn, du pig squeal, quelques gimmicks à la Vithia que j’ai pu griller ci et là, et même une reprise de la cultissime « Every Day I’m Drinking » de Little Big, j’avoue qu’elle m’aura surpris celle-là ! J’apprécie également que le groupe ne semble pas succomber à l’emploi systématique et inévitable de la grosse moshpart toutes les 20 secondes. Sympathique mise en bouche pour ma part, pas réfractaire à l’idée de les repister sur la route si l’occasion se présente.
TRUFFLE SHUFFLE
De quoi révéler mes tares cinématographiques rien qu’avec un nom de groupe haha. Si j’en crois mes recherches éperdues sur les Internest, le «Truffle Shuffle » est le nom de la danse du ventre d’un des personnages du cultissime (sauf pour moi) film « Les goonies ». En l’ayant visionnée sur Youtube, c’est un capital sympathie automatique qui se crée, même si je ferai en sorte de faire faire suffisamment de sport à mes futurs enfants pour que ça ressemble un peu moins à….à ça, quoi.
Truffle Shuffle donc, c’est un groupe de punk/hardcore originaire de Lille. Ils sont motivés, fringuants et ils font le taff. Empaqueté, c’est pesé. Plus sérieusement, il serait difficile d’écrire des paragraphes entiers de fou concernant leur prestation : c’était vénère, ultra efficace, direct, compact. Une chiée d’au moins dix titres qui est passée comme une lettre à la poste. Le son y est limpide et clair, le public, un peu plus fourni maintenant, peine encore à se chauffer un petit peu, mais nous y reviendrons. C’est déjà la fin ? Au revoir les gars, et à la prochaine !
Schifeul : J’arrive juste avant le début du set de Truffle Shuffle et, ho bah tiens, je vois qu’en fait, je connais plus de la moitié des mecs sur scène... On retrouve donc des ex-membres de The Binary Method, Ape King, Inner Pyre et Änh pour ceux que je connais (ouais, je namedrope les potes) dans ce nouveau (formé en 2014) groupe de hardcore. Comme son nom l’indique, Truffle Shuffle est là pour faire zouker du ventre en jouant son hardcore dans la joie le long de ses 20 minutes de set. Seulement le public est encore assez froid en ce début de plateau, malgré les invectives de Teddy : “bougez un peu, montrez que vous êtes vivants”. À revoir dans une ambiance plus chaleureuse.
CONFUSION
AxHell : Que le temps passe vite… La dernière fois que j’ai eu l’occasion de voir le gang Lillois sur les planches, c’était lors d’un festival HxC sur Valenciennes, il y a bien 5 ans... Une super date, des bons groupes, surtout quand la supposée tête d’affiche (Sylvester Staline) annule au dernier moment, pour se faire remplacer par un horrible groupe local de screamo-core bien merdique dont j’ai même fini par oublier le nom…Avant de partir de rage, j’avais quand même pu suivre le set de Confusion en entier, et ça m’avait vraiment botté le cul.
Ce soir, c’était un peu la même chose. Au menu : un punk/hardcore hyper rapide et brutal, à la frontière du fastcore par moment, comme si une version masculine de Rainbow Of Death (l’ex autre groupe d’Emilie de Monarch !) copulait avec un Comeback Kid au meilleur de sa forme pour nous savater la tronche. Ca va vite, très vite, ça jumpe, et surtout, ça cogne. Les titres s’enchainent à une vitesse vertigineuse et ne nous laissent aucun répit. Le public semble apprécier et se réveille enfin. En effet, les premiers mosheurs font leur apparition et s’évertuent à nous réveiller cette foule restée définitivement trop statique. Paye tes passages 2-step par centaines également. Mention spéciale au chanteur et à ses mimiques qui m’ont automatiquement rappelé celui de Department Of Correction (excellent groupe de grind Parisien, soit dit en passant).
Concert quelque peu spécial que celui de ce soir car deux des membres annonçaient leur départ du groupe... Dommage et bonne continuation à eux dans leurs projets respectifs, d’autant plus que Confusion ne splitte pas pour autant ! Pour fêter leur départ, leurs potes de Kill For Peace (anciennement beatdown, actuellement plus proches d’un punk/hardcore plus varié) viennent jouer un mini-set de trois chansons. C’est beau l’unité.
En résumé, encore une énorme claque sur le coin de la gueule signée Confusion. Pas assez de thunes pour me payer du merch mais ce sera pour la prochaine fois, que j’espère imminente ! « Fast punk/hardcore », tu m’étonnes !
Schifeul : Confusion donne donc ce soir un concert spécial en raison du futur départ de quelques uns de ses membres. C’est donc dans ses conditions que je découvre ce groupe de punk hardcore super rapide mené par un petit bonhomme tout vénère. Sous cette impulsion plus violente qu’auparavant, le public commence enfin à se bouger un peu avec deux/trois 2-step et quelques Side to Side. La fin du concert consistera en un mini set de Kill For Peace qui continuera a bien chauffer le pit.
EXPIRE
AxHell : Je ne sais pas vous mais personnellement, en concert et/ou fest, je n’arrive que difficilement à digérer une bonne claque. Il me faut souvent du temps pour m’en remettre, et je me dis aussi qu’en manger deux de suite, ce n’est pas possible. La prestation de Confusion m’a tellement rendu…confus (hu hu) que je remonte sur le pont l'histoire de prendre l’air et de m’envoyer une nouvelle bibine. C’est comme ça. Dans un festival, j’aurais volontiers chinté le prochain groupe d’ailleurs, quel qu’il soit. Mais voilà, mon collègue d’Horns Up et moi on bosse ce soir, donc y’a pas de ça, on laisse passer les balances et nous empruntons une énième fois les escaliers pour rentrer dans les entrailles de la Péniche.
Le groupe semble victime de son succès : une bonne centaine de personnes s’agglutine devant la scène et l’espace est déjà bien dégagé tout devant pour la bagarre. Et bagarre il y a eu… C’est un peu difficile à retranscrire, mentalement lessivé par l’expérience Confusion, le set des Ricains d’Expire s’avère encore meilleur, même si le style diffère quelque peu. Bonjour l’ascenseur émotionnel putain. Les gaillards, en tournée avec leur compatriotes de Terror donc, officient dans un punk/hardcore des familles bien rentre dedans et efficace, le son typé Metal en plus. Comme un Hatebreed période « The Rise Of Brutality » avec des chansons plus courtes, plus directes et des breaks thrashisants complètement pétés.
Le set démarre hélas avec quelques problèmes sonores (le son du kick bien trop fort et saturé, désagréable à l’oreille ainsi que le micro qui faisait des siennes), mais tout rentre assez vite dans l’ordre. Dès lors, c’est le bonheur dans les oreilles. Le groupe expédie ses morceaux avec toute la rage communicative inhérente au style. Sans prendre de gants, c’est patate sur patate dans la tronche. Dans le pit, c’est juste le chaos total : le nombre de Karate Boys (ceci est peut être une dédicace à la web-série du même nom) semble s’être encore accru et les mouvements encore plus amples et variés. Pas grave, je suis dans le fond.
En définitive, un excellent concert que celui d’Expire ! Checkez le bandcamp de Bridge Nine Records, leur label, pour pouvoir jeter une oreille sur leurs deux albums si le cœur vous en dit, vous n’aurez pas perdu votre temps !
TERROR
AxHell : Aaahhhh Terror…Rien que l’évocation du patronyme de ce groupe me plonge dans un océan de souvenirs. Un passé qui me semble si lointain, et pourtant si proche (?). Plantons le décor si vous le voulez bien : nous sommes en 2004, cela ne fait même pas 3 ans que je suis versé dans les arts métalliques, je suis passé sans transition du Néo Metal au Trve Black (comme toi lecteur, sauf que moi j’assume). Dans cet univers que je n’ai pas besoin de vous dépeindre, je tombe sur une compilation cd sur laquelle figure un clip (Overcome) des Ricains de Terror, et même si mon trip du moment c’est un petit peu les tapes ultra limitées et numérotées au sang de bouc, quelque chose me trouble quand j’écoute la musique de ces ghetto brawlers en hoodies plus tatoués que les vaches de mon village. Je peine à mettre des mots dessus, mais avec les semaines et les écoutes, j’y suis : l’énergie. Après dix années supplémentaires de musiques extrêmes ou non au compteur, ce constat n’a pas changé - le HxC est définitivement l'un des styles les plus efficaces lorsqu’il s’agit de te foutre la niaque pour faire ton sport à l’aise, même si je déplore son « Violent Dancing » - et me voilà face à Terror. La boucle est bouclée comme dirait l’autre.
Alors Terror, qu’est-ce que ça vaut en 2015 ? En réalité, je pourrais énumérer toutes les qualités des shows précédents en chintant leurs défauts, que je serai encore assez loin de la vérité. Terror m’a botté le cul, pour résumer. Scott Vogel, éminent hurleur de la formation, ne sera pas présent ce soir (comme pour les autres dates de leur tournée d’ailleurs), la faute à un dos meutri. Il sera remplacé par le bassiste du groupe, David Wood. Après Vithia de Rise Of The Northstar, qui avait carrément dû annuler certaines dates pour des raisons similaires, on se dit que les musiciens de Hardcore paient de leur santé leur présence sur scène. Le résultat sur les planches est plutôt probant, l’attitude et le sourire « bon enfant » n’a aucun impact négatif sur le charisme que celui-ci dégage sur scène, et les fans l’ont bien compris car ils lui mangent dans la main. Les titres s’enchaînent sans répit et contiennent de purs morceaux de bravoures (les cultissimes Overcome et Keepers Of The Faith pour ne citer qu’elles), qui une fois de plus tanguer la Péniche Spits vu l’agitation de fou furieux du public. Le son est excellent, et aucun accroc ne vient entâcher le set du groupe, ou du moins rien de bien folichon car je n’en ai plus souvenir. J’apprécie également le public qui restera « bon enfant » également : la moindre personne chutant à terre étant relevée par ses camarades avec un petit sourire et une tape sur l’épaule. Loin de moi l’idée de jeter un pavé dans la mare, mais si j’avais gagné un foutu euro à chaque fois que j’ai vu des coreux foutre des patates gratuitement à d’autres en concerts/festivals, j’aurais aisément pu acheter la totalité du merch de tous les groupes ce soir. Je ne plaisante même pas.
Petit délire de la part du groupe vers la fin du set, leur garde du corps attitré, un grand gaillard black, viendra pousser la chansonnette pour quelques titres et, même si ce n’est pas un frontman né, il s’acquittera de la tâche avec les honneurs. Big up à lui.
Il est déjà l’heure de se quitter, nous avons eu droit, de mémoire, à un rappel. David Wood profitera de l’effervescence encore palpable du public pour justement prendre un bain de foule et se faire selfiser par ses fans. Jetez une oreille à "The 25th hour", leur dernier album qui devrait voir le jour début août dans nos contrées.
Schifeul :
Scott ayant toujours le dos pété, c’est David Wood qui tient le micro de Terror, comme pour toute la tournée européenne. Certains ont jugé cette raison suffisante pour rester à la maison, grand mal leur en fasse ! Terror va balancer un set monstrueux ! David ne vaut pas Scott et le groupe tourne avec une seule guitare, mais ça suffit pour noyer la péniche dans la violence et un flot de sueur.
Terror entame son set par deux titres de The 25th hour qui sortira quelques semaines après le concert et ne sont donc pas connus du public, qui reste assez réservé sur cette entame de concert. Mais dès le troisième titre, qui se trouve être la puissante Stick Tight, ça part en vrille ! Le public jusque-là assez en retrait, s’agglutine contre les barrières, se montant les uns sur les autres pour donner du sing along, tandis que le no man’s land est envahie par les moshers et autres 2-steppers. David court autant que lui permet la petite scène de la péniche spits alors que, Martin Stewart vêtu d’un saillant T-shirt Kickback, officie désormais à la basse et s’occupe des backs.
Les titres s’enchaînent, Terror enfilant les perles tandis que les fans chantent à qui mieux-mieux dans le micro volontiers lâché dans la fosse par David. Preuve de la bonne ambiance générale et de l’esprit de communion de ce concert, Les Terror font tourner une bouteille de Captain Morgan qui se trouva bien vite vidée. Le set continue son petit bout de chemin jusqu’à l’explosion sur “You’re Caught” que je ne comprends pas trop. Le titre est cool, mais c’est tellement différent du reste par son coté “easy listening” que je ne vois pas pourquoi ce titre a plus de succès que les autres… M’enfin tout le monde à l’air ravi et au moment où le morceau commence partir vénère, David relève la visière de sa casquette pour sortir un “Suicidal Tendencies !” Puis de demander un “suicidal circle-pit”. Et d’ailleurs, je crois que c’est bien la première fois que je vois un circle pit à la péniche !
Terror continue sur sa lancée jusqu-là la fin du set où sur Keep Your Mouth Shut, Martin rend sa basse à David pour s’occuper du chant… Qu’il lâchera rapidement en donnant son micro à leur roadie/agent de sécu qu’on résumera par “un énorme black de 150 kilos qu’on n'a pas envie d’emmerder”, qui tout heureux s’exécutera en vociférant les paroles. Les choses retournent à la normale (enfin, dans la config’ de cette tournée) sur l’ultime morceaux Keeper Of The Faith repris comme il se doit par les premiers rangs avant que Terror ne quitte la scène, laissant un public en sueur qui aurait aimé en avoir un petit peu plus tout de même.
AxHell : Remerciements : Merci aux groupes pour leur prestations, au collègue d’Horns Up ayant partagé ce live report avec moi, à Horns Up qui rend tout cela possible, et évidemment à la Péniche Spits qui nous prouve une fois encore, avec son organisation et sa prog aux petits oignons, qu’elle est définitivement une structure à surveiller, chapeau bas messieurs (et dames) !