Matthieu, 24 ans, basé à Nantes. Ancien membre d'U-Zine et de Spirit of Metal. Vous me retrouverez pour les chroniques et live reports de divers styles musicaux.
L’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Amérique du Sud… Que voulez-vous, il y aura toujours des microcosmes bien atypiques au sein de la sphère underground et le Canada n’y échappe pas le moins du monde. Jadis terreau des mastodontes de tout un style, à savoir Blasphemy, Conqueror puis Revenge, le Canada est aujourd’hui le bastion d’une nouvelle facette jusqu’au boutiste du Black/Death sale, alambiqué et obscur. En effet, le pays s’est directement imposé comme la terre de croisade de ces nouvelles formations : Nuclearhammer, Antediluvian, Mitochondrion, Auroch, Adversarial, Begrime Exemious, Phobocosm et j’en passe, le plus souvent représentées par l’écurie indispensable du genre : Dark Descent Records.
Et c’est encore une fois à ce bon Matt qu’il faut reprocher la sortie de ce dont je m’apprête à vous parler désormais, à savoir le premier album éponyme de Paroxsihzem. Etant donné que peu d’entre vous, j’imagine, connaissent l’existence du combo, une petite présentation s’impose. Paroxsihzem voit le jour à Toronto en 2007 sous l’impulsion d’Impugnor (Nuclearhammer) à la guitare et à la basse ainsi que de Krag au chant. Deux démos, Aesthetic Torture et Paroxsihzem, voient ensuite le jour, respectivement en 2009 et 2010. Ainsi, repéré par Dark Descent et finalement rejoints par le batteur de Nuclearhammer, le groupe entre en studio en 2012 afin de réenregistrer la quasi-intégralité des morceaux de sa seconde démo qui sortira cette fois sous la forme d’un album.
Comme pour les groupes précités, Paroxsihzem ne déroge pas à la règle et propose une musique très difficile d’accès et ce même pour une personne familière à ce style. A la frontière entre le Black metal et le Death metal (je ne rentrerais pas ici dans ce débat), le trio canadien se rapproche autant de ses compatriotes Nuclearhammer ou Antediluvian que de l’armada néo-zélandaise des Diocletian et autres Heresiarch, mais davantage pour la production étouffante et intense que pour les structures qui diffèrent tout de même bien des carcans du Black bestial. Comprendre la musique du trio nécessitera donc de multiples écoutes attentives et une immersion complète.
Ce premier album s’ouvre par une longue introduction instrumentale qui pose l’ambiance par le biais de riffs lourds et sinueux pour finalement aboutir sur l’excellent Vanya. La recette saute dès lors aux oreilles de l’auditeur. Des riffs efficaces et complexes sans être très originaux, de multiples changements de rythmes de batterie avec un usage intensif de blasts et de martèlements de double pédale et un paysage de fond très chaotique sans être bordélique. La déstructuration des titres ne veut pas forcément dire que l’on s’y perd, seulement que la musique des canadiens surprend à de multiples reprises ! Enfin, l’un des gros atouts de ce premier opus est véritablement l’ambiance qui s’en dégage et la voix d’outre-tombe de Krag, quoique peu varié, y est pour beaucoup. Notons enfin la présence de plusieurs samples de films disséminés ici ou là (Deindividuation ou Godot).
Ayant personnellement beaucoup aimé cet album, je ne peux que le conseiller à tous les amateurs des groupes dont j’ai parlé plus haut. Pour les autres, soyez curieux et tentez l’écoute mais si une production suffocante, des structures chaotiques et une ambiance morbide ne sont pas votre tasse de thé, passez votre chemin ! Du reste, Paroxsihzem s’inscrit dans la liste des bons albums du genre qui sans être très originaux, comblent sans effort les fans du genre. Nous verrons bien ce que la suite nous réserve.
Setlsit :
1. Intro
2. Vanya
3. Nausea
4. Deindividuation
5. Godot
6. Tsirhcitna Eht
7. Aokigahara