Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Des murmures inquiétants, un drone qui se pose, l'ambiance est lourde, poisseuse, les premières réactions arrivent, l'esprit entend et comprend mais ne réalise pas encore. La souffrance est déjà là mais tapie, son effet finit par déferler comme on le savait, comme on le sentait. Une batterie qui joue sur les toms, des accords dissonants et le chant, le chant écorché, plein d'une douleur qui monte et dont on ne sait pas où sera l'apogée. La tension se fait plus forte, la batterie remplit l'espace de plus en plus et le choc arrive enfin. Un black metal au blast darkthronien, une froideur surperbe et une hostilité ouverte, plus rien que le désespoir, toute autre réaction ne serait pas humaine, et pourtant, pourtant, un fond d'espoir luit quelque part dans ce chaos, une forme de beauté que l'on arrive à concevoir mais que l'on sait ne pas pouvoir atteindre, un apaisement fugace qui viendra peut-être un jour. Pour l'instant c'est bien une épreuve qu'il faut traverser, une épreuve que l'on n'avait pas prévue et qui remue ce que l'on est au fond, ce que certains pensent perdu mais qui existe pourtant bien. La première salve passée, le premier pas effectué dans le deuil, celui qui semble arrêter le temps laisse ensuite place à la peine latente. Elle s'accroche, elle vous englue, dans une rythmique ternaire, un cycle qui paraît infini mais dont l'évolution est certaine, toujours en avant dans la noirceur, et cette fois plus d'espoir ne s'exprime, seule reste la brûlure du déchirement, lente fin de morceau où se maintient une vibration menaçante.
Puis vient le déni, l'envie de ne pas croire à la réalité, de s'y opposer, mais surtout pas de l'affronter, cela est impossible. Un cri de révolte contre cette saloperie qu'est la vie, connerie de tout les instants qui impose la souffrance à ceux qui ne la méritent pas. Ce qui s'est passé n'est pas réel, tellement absurde que ça ne peut pas l'être, il faudrait être fou pour y croire. Tout nous le rappelle, la douleur qui se cache au fond de l'âme et qui ne demande qu'à sortir, mais il a fallu tellement d'effort pour la faire taire que rouvrir la plaie pour la guérir ne s'envisage pas. La lourdeur de cette vérité que l'on se cache est accablante, chaque coup de caisse claire pèse plus que le précédent, la basse plane continument et puis c'en est trop, la digue lâche et le black metal reprend ses droits, la colère face à la vérité explose une bonne fois pour toute. Peut-être que l'expiation arrive, peut-être que le cauchemar se termine, dernière phase d'un long tourment, la plus douloureuse sans doute mais celle qui annonce la salvation, enfin. Sauf que bien sûr, entre temps, la vérité n'a pas changé. La perte et le manque restent là, ils étaient masqués par tant de contradictions qu'on les avait presque oubliés, mais plus rien ne les camoufle maintenant. La seule option est de continuer, la rage au ventre, peut-être jusqu'à la fin des temps dans le chagrin mais ce sera ainsi, rien d'autre n'est possible. Plus de colère, plus de refus, le drone se referme et laisse place au reste de la vie. Le deuil débute vraiment ici et c'est tout le reste du voyage qui reste à accomplir.
Tracklist :
01.Shock
02.Deny