Xtreme Fest
10/05/2015 00:00
Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.
En terme de festival de moyenne envergure, le Nord a ses Metallurgicales, le grand ouest a son Motocultor, la région lyonnaise a son Sylak, et depuis maintenant trois ans, le sud-ouest a désormais l'Xtreme Fest. Un festival initialement sur 2 jours, qui avait commencé en fanfare en 2013 à Cap'Découverte, un parc de loisir aquatique à 20 minutes d'Albi et à une grosse heure de Toulouse. La seconde édition voit le format passer de 2 à 3 jours et change de lieu pour s'installer au Parc des Expositions d'Albi. C'est à l'aube d'une troisième édition, toujours sur 3 jours, mais de retour sur le site de Cap'Découverte, que nous rencontrons Nathan, chargé de communication du festival.
Salut Nathan, tout d’abord peux-tu te présenter ? Quel poste as-tu dans l’organisation de l’Xtreme Fest ?
Donc moi c’est Nathan, je suis chargé de communication au sein de Pollux Asso qui est la structure qui organise l’Xtreme Fest. En parallèle, on a une saison de musique actuelle sur Albi au fil de l’année. Mais en ce qui concerne le festival, je m’occupe surtout de la communication.
Comment vous sentez-vous, toi et tes équipes, à 3 mois de cette 3eme édition de l’Xtreme Fest ?
Hum, c’est difficile à dire … Les temps ne sont pas à la réservation. En fait, on observe ce phénomène depuis deux ans, depuis que le festival existe : les réservations se font surtout au dernier moment. Du coup, de notre côté, on stresse jusqu’aux ultimes instants pour savoir s’il y aura du monde ou pas ! D’un point de vue personnel, je me dis qu’avec une affiche comme celle de cette année, ajouté au site avec le retour à Cap Découverte qui comprend une plage de baignade, je pense que ça devrait le faire !
Je l’espère aussi ! Retournons sur l’édition 2014 … quel bilan en avez-vous tiré ?
En fait, le bilan est très simple : sur tous les points ça a été positif, sauf un, le point financier. On a des super retours de tous les festivaliers, des professionnels sur place, des bénévoles, tout le monde était vraiment content donc pour nous, le défi est réussi. Après, comme je l’évoquais, il y a eu un déficit … Pour faire simple, sur cette dernière édition, nous étions à 7.000 festivaliers, il en aurait fallu 2.000 de plus pour rentrer dans nos frais en terme de billetterie, donc je te laisse calculer ! Là, je te traduis ça en termes de fréquentation, mais en réalité c’est un peu plus compliqué puisque l’on a eu des dépenses de dernière minute qui se sont rajoutées. Donc voilà, financièrement on a la tête encore sous l’eau, mais ça n’entache en rien notre motivation et notre envie de continuer sur cette 3ème édition avec le retour à Cap’Découverte.
Est-ce que les choix de changer de lieu et de passer sur un format de 3 jours ont eu un impact ?
Le choix de changer de site, ça n’a pas été très évident. Deuxième édition du festival et deuxième site, ça implique de revoir toute l’organisation, la logistique, la sécurité, … Je ne sais pas trop … Quand tu organises un festival, c’est compliqué d’avoir le recul nécessaire pour voir quels sont les facteurs qui ont permis la réussite ou l’échec d’une édition. Pour le passage de 2 à 3 jours, ça ne change pas grand-chose pour nous en termes d’organisation puisqu’une fois que les scènes sont montées, le matériel installé, que ça soit sur 2 ou 3 jours, la différence est minime niveau logistique. Donc je ne pense pas que sur le plan financier ça ait un gros impact.
Le changement de site y est probablement plus pour quelque chose. Est-ce que les gens se sont dit « C’est sur un parking, c’est chiant » ? Est-ce qu’ils ne sont pas venus parce qu’ils n’ont pas entendu parler du festival ? Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent jouer, donc pour répondre purement à ta question, je ne sais pas si ces changements ont eu un impact.
En revanche, ce que l’on pense avec le recul, au sein de l’asso, c’est que la marche était peut-être un peu trop haute entre la première et la deuxième édition, ce qui expliquerait que l’on se retrouve avec un déficit. La première édition avait super bien marché avec quasiment un sold-out les deux jours, ça nous avait galvanisé ! Il aurait probablement fallu une salle avec une jauge intermédiaire entre la première et la seconde édition. Ca n’a pas été le cas, mais malgré tout, on reste motivé et cette jauge intermédiaire, elle arrive cette année avec la 3ème édition !
Cette année, pour la 3ème édition donc, vous avez a nouveau changé de lieu, vous quittez le parc des expositions d’Albi pour revenir sur le lieu de la première édition, à Cap Découverte. Qu’est ce qui a motivé ce choix ? Est-ce pour revenir à quelque chose de plus petit ? Etait-ce une demande du public ?
Oui et non, c’est un peu plus compliqué que ça. Pour faire simple en termes de jauge, sur la première édition, nous avions eu 3.000 personnes sur les deux jours, soit 1.500 par jour. Sur la deuxième, il y avait 4500 places par jour, sur 3 jours. Donc comme tu le vois, entre ses deux éditions la jauge n’a pas doublé, elle a carrément triplé. C’est justement ça la « marche trop haute » que j’évoquais tout à l’heure. Sur cette 3ème édition, nous allons repasser à 1500 par jour, mais sur 3 jours.
Au niveau du choix de Cap’Découverte, c’était une évidence, rien que pour le site. Pour des gens qui viennent de loin, c’est quand même super agréable de pouvoir profiter de la baignade gratuite, des activités que Cap’Découverte propose, qui sont bien plus sympathique que le macadam du Parc des Expositions d’Albi.
En 2013, on était déjà à la capacité maximale du site, est-ce prévu d’agrandir le site tel qu’on l’avait connu il y a deux ans ? Y aura-t-il 3 scènes comme en 2013, une sur le skatepark et les deux autres dans le festival ?
On va essayer d’agrandir un petit peu. Le problème que l’on va avoir, c’est que l'on ne pourra pas pousser les murs donc la scène indoor, elle ne bougera pas ! En revanche, on va organiser l’intérieur du festival pour que ça soit un poil plus grand que sur la première édition.
Niveau scène, ça sera sensiblement identique, avec les 3 scènes. Une scène sera à côté du skatepark, et au sein du festival il y aura la scène extérieure et la salle de concert. C’est une configuration intéressante pour nous puisque ça permet de faire tourner tous les groupes, de manière à ce que tout le monde puisse voir tous les groupes. Il y aura ensuite plusieurs ambiances, comme sur le skatepark où il y aura des démonstrations de skate et de BMX. Le fait enfin d’avoir une scène intérieure est assez rassurant en cas de mauvais temps, on sait que l’on a toujours la possibilité de faire jouer les groupes même en cas de météo mauvaise, de manière à ce que chaque groupe puisse jouer comme prévu.
Il y a deux ans, trois principaux points noirs avaient été relevés : camping trop loin (et le chemin pour y accéder non éclairé), sortie définitive et l’offre restauration insuffisante. Qu’avez-vous prévu pour y faire face cette année ?
En ce qui concerne la sortie définitive, je pense que l’on a apporté une réponse crédible à cette attente l’an dernier. Il n’y aura pas de sortie définitive : les gens pourront aller et venir avec leur bracelet. Au niveau de la restauration, nous avons choisi de gérer la restauration en interne cette année. Ce seront donc les bénévoles qui prépareront à manger pour les festivaliers. Maintenant que l’on a plus de recul, on sait par rapport aux éditions précédentes combien de festivaliers il faudra accueillir et combien de couverts il va falloir servir. Sur la première édition, on s’est fait un peu déborder puisque l’on n’attendait pas autant de monde et nous avions eu du mal à estimer les consommables nécessaires pour répondre à la demande. Pour le camping enfin, je ne sais pas trop quoi te répondre puisque je n’ai pas encore d’info sur ce point.
Vous avez conservé cette année un format sur 3 jours mais le festival a désormais lieu mi-juillet et non plus début aout. Pourquoi ce choix ? Est-ce pour coller aux dates du Resurrection Fest ?
Comme tu le sais, nous sommes en partenariat avec le Ressurection. La raison est assez simple, ça permet d’avoir des cachets d’artiste réduits puisque la plupart des groupes jouent sur les deux festivals. On trouve aussi ça plus intelligent de travailler avec des gens qui ont la même passion que nous plutôt que de se tirer dans les pattes. On rentrerait dans une concurrence qui desservirait tout le monde. Le but, à terme, c’est de pousser encore plus loin ce partenariat pour faire carrément de l’échange de groupe locaux, avec des groupes espagnols qui viendraient jouer à l’Xtreme Fest et des groupes de par chez nous qui iraient jouer en Espagne. On voulait déjà mettre en place cet échange l’an dernier, ça n’a pas pu se faire même si l’an dernier nous avons fait jouer Berri Txarrak, groupe du pays basque espagnol. Cette année, nous avons à l’affiche le groupe Toundra, du post-hardcore de Madrid qui cartonne sévèrement en Espagne. Ça vient au fur et à mesure, parce que les relations sont longues à établir, il faut avoir la confiance de tout le monde, il faut montrer que l’on sait travailler sérieusement, c’est vraiment un projet qui se murit au long des années d’échange.
L’affiche 2015 a été intégralement dévoilée. Peux-tu nous la présenter ? Quel groupe a été le plus compliqué à programmer ? Celui dont tu es le plus fier ?
Le plus compliqué à programmer, je ne pourrais pas te répondre puisque ça n’est pas moi qui m’en charge. Je pense ne pas me tromper en disant que c’est Black Label Society puisque c’est LE gros groupe de cette édition 2015. Par contre, le groupe dont je suis le plus fier, je vais prendre l’avis de mon collègue Valentin qui est chargé de production en disant Comeback Kid, parce qu’on les a faits jouer sur la première édition de l’Xtreme Fest. C’était un concert vraiment énorme, ce sont en plus des mecs en or donc ça suffit à mon bonheur de savoir qu’ils seront à nouveau là ! Et d’un point de vue personnel, j’ai un petit penchant pour Iron Reagan pour leur côté complètement barré et très drôle.
Cette année encore, beaucoup de groupes locaux sont à l’affiche. En quoi est-ce important ?
C’est important pour la simple raison que les groupes locaux, ce sont eux qui feront la scène de demain. C’est bien d’avoir des pointures, des groupes et des artistes ultra-connus, mais on sait qu’un jour, ces groupes-là seront amenés à disparaitre inexorablement donc la scène locale, ça sera les têtes d’affiche de demain. C’est donc super important de les faire tourner et de faire en sorte qu’ils soient vus. C’est ça qui permet du renouveau au sein de la scène, ça permet aussi de la création, des échanges artistiques qui sont très intéressants. Support your local scene & Do It Yourself, c’est des choses très importantes pour nous !
Musicalement parlant, cette affiche 2015 est clairement plus metal que punk/hardcore. Est-ce un choix délibéré ? Il y a deux ans, on aurait eu du mal à imaginer Ensiferum ou Behemoth !
C’est historique en fait ! Pollux Asso, qui organise le festival, c’est une association qui existe depuis maintenant 15 ans et les gens qui ont fondé cette association ce sont des punks et de coreux (rires) ! Donc intrinsèquement, au sein de l’association ce sont ces styles musicaux-là qui ressortent essentiellement. C’est aussi pour cela que la première édition de l’Xtreme Fest était très portée sur ça. Cependant, « punk et coreux », ça ne veut pas forcément dire « bête et borné », donc on essaye aussi de s’ouvrir à d’autres groupes. On découvre et on apprécie également beaucoup de styles musicaux, et cette année on a essayé de proposer une programmation éclectique et équilibrée. Effectivement, il y a plus de groupes de death et de metal que sur les années précédentes mais on a gardé quelques pépites comme Satanic Surfer et d’autres groupes de hardcore que l’on apprécie. Le but, encore une fois c’est de proposer quelque chose de varié mais d’équilibré, de manière à ce que les trois soirées soient intéressantes. Le but étant de ne pas arriver dans le cas où il y aurait deux journées géniales et une troisième qui n’intéresse personne, ça serait dommage quoi !
L’an dernier l’affiche du festival représentait un lézard, et il y avait sur place un immense lézard gonflable. Cettte année, l’affiche représente un poulpe, doit-on s’attendre à voir un poulpe gonflable sortir des flots de Cap’Découverte ?
(Rires) On verra … peut-être que si on fait assez de bruit, la Créature du Lac se réveillera ! (Rires)
Il n’y a pas eu de tremplin cette année pour permettre aux jeunes formations de jouer sur le festival. Pourquoi l’abandon de ce projet ?
Comme je te disais initialement, outre le festival, Pollux Asso organise aussi une saison de musiques actuelles à côté. Ca fait donc beaucoup de choses à organiser en plus du festival, sachant que pour l’Xtreme Fest, c’est une organisation assez lourde. Pour te donner une idée, dans nos bureaux, nous sommes 3 à l’année (deux permanents, et David qui est intermittent). Ca fait donc peu de monde pour organiser à la fois un festival et une saison musicale. De ce fait, laisser de côté le tremplin, c’était aussi un moyen pour nous de s’économiser pour mieux préparer l’Xtreme Fest.
Nathan, un grand merci à toi pour ta disponibilité, je te laisse le mot de la fin ! …
C’est très important que tout le monde se rende compte qu’organiser un événement de cette ampleur, ça n’est pas évident. On fait parfois des erreurs, ça nous sert à avancer et c’est important du coup de soutenir chaque association qui organise des concerts. Si c’est la musique que vous aimez, soutenez ces asso, allez en concert pour voir du live, parce que c’est de la vraie prestation d’artiste, sans artifice, sans tricherie. Les structures qui organisent ça se donnent à fond, majoritairement bénévolement et avec peu de moyens. Donc si je devais résumer … SUPPORT YOU LOCAL SCENE.
Plus d'infos : http://xtremefest.fr/