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dimanche 3 mai 2015

Eyehategod + Fange

Le 106 - Rouen

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Di Sab : Après Saint Vitus en 2013 et Amenra l’année dernière, les deux à la même période de l’année, le 106 a donné le 24 avril son « concert Valley » annuel en accueillant un plateau « marié à La Haine comme Bellucci » (j’ai toujours rêvé de placer une citation de Booba) : Eyehategod et Fange.

Je veux pas être chauvin, mais le 106 est clairement une des plus belles salles qu’il m’ait été donné de fréquenter. Ex-hangar situé en bord de Seine, le lieu dégage une très forte personnalité. De plus, il est composé de 2 salles : une qui peut accueillir a vue d’œil 1 500 personnes et une plus petite (où s’est déroulé le concert dont on vous parle) qui peut accueillir environ 300/400 personnes, ce qui permet une programmation assez éclectique. Pour couronner le tout, la petite salle dans laquelle se déroule la plupart des dates metal bénéficie en quasi permanence d’un très bon son.

En entrant, je constate le seul point noir de la soirée : le stand de merch d’Eyehategod est ultra pauvre : deux t-shirt, deux-trois goodies dont un putain de totebag (sérieusement y’a personne qui s’est rendu compte que « Totebag » et « Sludge » ça faisait un aussi bon mélange que « gueule de bois » et « Ricard pur dès le réveil » ou bien ?), ça fait léger. Mais bon vous n’êtes pas là pour une visite guidée des SMAC de France, ni pour mes considérations sur le monde de la mode, donc passons au concert en lui-même :

FANGE
Rouen était la seule date française où Dopethrone ne jouait pas en première partie, les canadiens étaient ce jour là à Londres pour le Desertfest, c’est donc à Fange que revient le rôle d’ouvrir pour une salle remplie approximativement aux deux tiers. Trio breton formé en 2013 et composé de membres de Huata, Fange distille un doom/sludge mâtiné de Noise, ce qui en fait une première partie plus que cohérente.

Le groupe évolue dans un registre beaucoup moins « traditionnel » que Huata et bien plus sombre. Ici, pas de claviers qui instaurent une ambiance « film d’horreur cheap », mais des murs de larsens qui entrecoupent les plans plus groovy. Les riffs traînent comme il faut, la batterie, lente, maintient le tout sous respiration artificielle et c’est ce qu’on aime. A noter que l’absence de basse ne dérange étrangement pas. Le groupe compense avec plus de distorsion et une guitare accordée bien en dessous de la moyenne. Quant au chant, il lorgne vers le chaotic Hardcore : des hurlements brefs qui sentent bon le nihilisme délivré par un chanteur réellement habité, qui sera rejoint lors du dernier titre par le vocaliste de RVINES (groupe rouennais) pour un final ni propre ni jouasse à l’image de leur 1er EP, Poisse.

On ne voit que leur silhouette pendant tout le concert, ce qui donne au guitariste des faux airs de Buzz Osborne (The Melvins), et l’absence de communication avec le public colle avec le propos. Le seul défaut de ce set est peut être le jeu de scène du chanteur légèrement poussif. En effet, celui-ci gesticulait un peu à tout va, et rappelait parfois un certain Barney (Napalm Death), sauf que la musique de Fange n’est en rien comparable à celle des grindeux de Birmingham et ici, le jeu de scène épileptique, bien qu’impressionnant et en adéquation avec le type de chant, fait moins sens.

Moins accessible qu’Eyehategod et moins prestigieux que Dopethrone, Fange a fait néanmoins office de très bonne première partie et, au vu des applaudissements nourris, ont convaincu le public. Sublimées par un son réellement bon, lourd, agressif et poisseux sans être brouillon, les compos de Poisse prennent une autre dimension en live. Les amoureux de gros riffs pourront juste reprocher quelques longueurs dans les parties plus bruitistes et expérimentales.


EYEHATEGOD
John :
Il ne m’a pas fallu longtemps pour me décider à venir jusqu’à Rouen pour voir Eyehategod. Down étant en pause, ses membres peuvent donc se concentrer sur leurs projets et on ne va pas se mentir, cela fait du bien de revoir EHG aussi souvent.

Cette soirée aura un goût un peu spécial puisque c’était la première fois que je revoyais les américains depuis le décès de Joe LaCaze (2013), remplacé depuis par Aaron Hill, originaire lui aussi de la Nouvelle-Orléans.

C’est sur le classique «we’re Eyehategod from New Orleans, Louisiana» d’un Mike IX Williams complètement arraché que les américains font monter la pression avec une avalanche de larsens. Ils n’y vont pas par quatre chemins en nous balançant un Agitation! Propaganda! énergique. Une entrée en la matière parfaite qui permet quelques premiers mouvements de foule.

Le son est parfait : puissant et crunchy à souhait, et c’est parti pour une heure et quart de folie. Des classiques à la pelle mais aussi des nouveautés avec pas moins de cinq titres extraits du dernier opus, éponyme, ont été interprétés.
Si vous êtes venus trouver la perfection et un concert bien rôdé, passez votre chemin. Eyehategod, en live, est autant à l’arrache voir plus que sur disque. La setlist n’est pas définie et varie selon les humeurs, l’alcool coule à flot, Mike Williams est approximatif dans son chant, mais on n’en attend pas moins. La musique parle pour elle-même et l’interprétation des quatre autres bougres est parfaite.
Bien que la mort de Joe LaCaze ait fortement affecté le groupe, Aaron Hill a fait un travail de dingue pour assimiler toutes ses parties bancales. Il semble s’être intégré parfaitement et nous fait presque oublier LaCaze. Quelle frappe !

Cela a beau être la fin de la tournée, nous sentons des musiciens heureux de jouer et bizarrement communicatifs avec le public à l’image d’un Jimmy Bower, malgré les trois-quarts de la salle qui ne pipent pas un mot des conneries de Williams.

Les néo-orléanais enchaînent fessées sur fessées, « New Orleans Is The New Vietnam » est devenu un classique qui n’a rien à envier à un Sisterfucker ou autre Dixie Wiskhey. Toute la salle se brise la nuque sur un « Blank / Shoplift » monstrueux et nos tympans en prennent pour leur grade. S’ensuivront deux jours de bourdonnements dans les oreilles.
Les Américains ont sélectionné le meilleur de l’album éponyme, Nobody Told Me et ses riffs débiles passe l’épreuve du live avec brio tout comme les Medecine Noose et  Framed To The Wall. On pourra regretter cependant la non-présence de The Age Of Bootcamp qui squatte pourtant les setlists habituelles.

La triplette « Jackass In the Will Of God / Methamphetamine Peace Thru War » achèvera un public conquis par les rois du sludge. Un concert d’une forte intensité avec un Eyehategod qui semble s’être trouvé un second souffle en la personne d’Aaron Hill.

Cela valait le déplacement, rendez-vous sous la Valley et au Glazart le 30 juin prochain pour les revoir!

 

Setlist :(ordre approximatif)(possiblement incomplète)

Agitation ! Propaganda !
Lack of Almost Everything
New Orleans is the New Vietnam
Medecine Noose
Parish Motel Sickness
Blank/Shoplift
Sisterfucker Part. I
Sisterfucker Part. II
Dixie Whiskey
30$Bag
Revelation/Revolution
Framed To the Wall
Serving Time in the Middle of Nowhere
Take As Needed For Pain
Nobody Told Me
Jackass, in the Will of God
Methamphetamine
Peace Thru War


Di Sab : Une soirée qui a tenu toutes ses promesses : une très bonne première partie et un set aussi bon que généreux de la part des rois du Sludge. Merci à Dead Pigs Entertainment et au 106 et faites-nous la même pour l’année prochaine !