Dark Quarterer
Gianni Nepi
Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)
Après une chronique dithyrambique, il était de bon ton d'interviewer le fondateur du groupe italien Dark Quarterer, Gianni Nepi (chant et basse). Leur nouvel album « Ithaca » est sorti le 24 avril dernier chez Metal On Metal Records.
Hello Gianni. Merci de m'accorder cet entretien. Dark Quarterer a donc été formé en 1980 et compte seulement 6 albums, tu peux nous faire un bref résumé de votre carrière pour ceux qui vous découvrent ?
On a commencé à jouer des reprises ensemble en 1974. On jouait du Black Sabbath, du Grand Funk Railroad, du Cream, du Thin Lizzy, etc. On a seulement commencé à composer en 1980. Fulberto Serena s'occupait de la musique et moi des paroles. Nos premières compositions n'étaient pas très bonnes. Nous cherchions à mélanger nos styles fétiches : rock progressif et classique. Après deux ans, nous avons trouvé une composition qui nous plaisait, c'était "Dark Quarterer" ! On avait trouvé notre voie en quelque sorte et après 41 ans, nous sommes toujours là !
En février dernier, on apprenait votre signature chez Metal On Metal Records et votre nouvel album, « Ithaca », est sorti quelques mois après. Les choses sont donc allées très vite. Tu peux nous expliquer comment ça s'est passé avec ce label ?
On connait Jowita et Simone de Metal on Metal Records depuis longtemps. Ils viennent souvent à nos concerts et on a même été à leur mariage. Nous sommes donc devenus amis. Notre précédent label ne nous donnait plus les garanties nécessaires, on s'est donc tourné vers eux et ça s'est effectivement fait très rapidement.
Comment décrirais-tu ce nouvel album ?
« Ithaca » est une métaphore sur la vie et sur l'importance du voyage (la vie en elle-même) en relation avec l'Ithaque (la mort). Si la vie est prospère et remplie d'amour, la mort sera tranquille.
Le processus de composition fut-il difficile ?
Comme toujours, on commence avec le sujet de l'album et les différents épisodes de l'histoire. Chacun y participe et le morceau est fini uniquement si nous sommes tous convaincus. Donc oui, c'est un processus difficile !
Dark Quarterer s'est toujours intéressé à l'Histoire et à la littérature. Ithaca ne déroge pas à la règle en se plongeant dans les mythes de la Grèce antique. Qu'est-ce qui te fascine là-dedans ?
Les grandes civilisations du passé ont tellement à nous apprendre. Surtout par rapport aux véritables valeurs de la vie. L'odyssée est remplie de métaphores et de leçons. Prenez l'histoire de Ulysse et du cyclope Polyphème. Ulysse lui dit qu'il s'appelle "personne" et lui perce son unique oeil. Rendre aveugle Polyphème signifie effacer sa vie précédente.
Pour moi, l'écoute de Ithaca fut véritablement passionnante. Un véritable voyage. Est-ce le but de Dark Quarterer de proposer plus que de la musique ?
Bien sûr, mélanger la musique et les émotions pour créer une atmosphère magique.
Avec le recul, que penses-tu de vos deux premiers albums ?
Je pense que notre premier album est bon mais le second (Ndlr : "The Etruscan Prophecy" en 1986) me parait avec le temps un peu trop répétitif même si c'est l'album qui nous a fait connaitre grâce à une meilleure distribution. Je reste très fier de notre premier album.
As-tu encore des nouvelles du premier guitariste Fulberto Serena ? Quelles étaient les vraies raisons de son départ en 1990 ?
Oui, évidemment puisqu'il se trouve que nous habitons la même ville. Crois-le ou non mais Fulberto a quitté le groupe sans donner de raison. Sa vie avait beaucoup changé et il ne se sentait plus ami avec nous.
Sur Youtube, on peut facilement retrouver votre passage à la télévision italienne (Rai 2) en 1991. Outre le contraste entre le public et votre musique, qu'en retiens-tu ?
C'était émotionnellement très fort et une situation spéciale. Pendant trois jours nous étions en contact avec des gens d'un grand professionnalisme mais ... ce n'était pas notre monde ! Il y avait trop de compromis. A titre d'exemple, le morceau joué "Out of the Line" fut raccourci à trois minutes et demi pour répondre aux exigences de la télévision. Encore aujourd'hui, le Heavy Metal n'est pas très apprécié en Italie.
Avez-vous parfois souffert d'un manque de reconnaissance des médias ?
Tu sais, on lit souvent "Dark Quarterer n'a jamais obtenu le succès qu'il méritait" c'est peut-être vrai mais au final ce n'est pas si important pour nous. La bonne musique n'est pas toujours synonyme de succès.
Depuis l'arrivée du guitariste Francesco Sozzi en 1998, le groupe semble avoir trouvé plus de stabilité. Est-ce un hasard ?
Ce n'est pas dû au hasard en effet. Tout dépend de notre volonté à faire le chemin ensemble. C'est parfois compliqué, je le sais très bien mais si nous avons la force, personne ne peut nous arréter.
On vous compare souvent à Manilla Road ou Cirith Ungol, est-ce justifié à ton sens ? Aimes-tu ces groupes ?
Oui, nous aimons ces groupes et nous sommes mêmes amis avec les gars de Manilla Road, ils sont géniaux. Cependant, je pense que notre style est complétement différent du leur. Peut-être au début car nos guitaristes avaient le même son mais plus du tout maintenant.
Dans les années 80, aviez-vous l'impression d'être les pionniers d'un style ou pas du tout ?
Pour être honnête, nous avions la sensation de proposer quelque chose de différent. Un mélange de 3 ou 4 styles musicaux : Rock, classique, progressif, épique. Un jour, quelqu'un a écrit dans un magazine que nous étions les pionniers d'un nouveau style, le "epic / progressive" et c'est parti de là tout simplement.
Tu as des regrets avec Dark Quarterer ?
Franchement non si ce n'est qu'on aurait dû faire plus de concerts à nos débuts.
En cherchant un peu, on découvre que tu es professeur de musique, et même derrière une petite école privée. Tu peux nous en parler ?
En effet ! On a ouvert une école qui se nomme Woodstock en 2001 et nous avons beaucoup d'élèves. 140 exactement ! Paolo Ninci enseigne la batterie, moi le chant et Francesco Sozzi enseigne la guitare éléctrique. C'est notre boulot !
Y a-t-il des jeunes musiciens qui t'ont bluffé dernièrement ?
Sincérement, non.
Actuellement, qu'écoutes-tu en musique et quels sont tes 5 albums fétiches ?
J'écoute de tout sauf de la pop.
Sans hésiter : Paranoid de Black Sabbath, Made in Japan de Deep Purple, le Live Album '70 de Grand Funk Railroad, Selling England by the pound de Genesis et Octopus de Gentle Giant.
Vous avez participé à de nombreux festivals à travers l'Europe (citons le Keep It True, Hammer of Doom ou encore le Muskelrock). Quel est ton meilleur souvenir ?
J'ai adoré le Muskelrock en Suède, le Metal Magic au Danemark, le Hammer of Doom en Allemagne mais j'ai une préférence particulière pour nos passages à Malte et à Chypre. Bien que Athènes et Londres furent de très bonnes expériences aussi. J'ai rarement été déçu... C'est toujours un plaisir de voir nos fans !
Il y a deux ans, vous avez joué en France (au Teilia Prog Fest en Ardèche). Quand aurons-nous la chance de vous revoir ?
Et bien s'il y a des organisateurs interessés, qu'ils nous contactent.
Je te laisse le mot de la fin pour nos lecteurs francophones !
On espère que vous aimerez notre nouvel album. Merci Max et merci Horns Up. On vous aime !
Propos recueillis le 27 avril.
Un extrait de leur nouvel album avec le morceau « Last Fight » ci-dessous.