Chroniqueur Punk Hardcore, bassiste dans JEANNE et MIND AWAKE, chanteur dans GALERE, posteur régulier sur DROIDxRAGE. xVx
Je tiens à dire qu'avant de commencer cette chronique, j'ai dû chercher ce qu'Helix voulait dire. Je me suis senti un peu stupide devant mon ordinateur à ne pas avoir réussi à faire le rapprochement avec une hélice. Mais sachez que c'est aussi le nom d'un type de lierre et de rosier, ainsi que d'un escargot. Excusez-moi la parenthèse culture, mais je me sentais obligé, parce-que faire des chroniques ludiques, ça renforce l’intérêt de la chose. Enfin je trouve.
Sinon, SLOPE, c'est un groupe de Duisburg en Allemagne et je tiens à clarifier quelque chose, immédiatement : le premier qui fait une blague sur le nom du groupe, je met sa tête à prix. Parce-qu'en plus d'être facile elle est profondément nulle. Pour en revenir où l'on en était, ils ont sorti ce premier EP en février dernier sur Backbite Records (d'Allemagne) en 7" et en tape via Footloose Records (Royaume-Uni).
Autant être honnête, j'étais passé complétement à côté de ce disque. Principalement pour sa cover. Je sais, c'est mal de juger à l'apparence mais je l'ai trouvée assez moche. Ca me rappelle un peu les dessins animés Canal J de mon enfance et au vu des souvenirs atroces que j'en ai, ça en dit long. Mais il y a quelques semaines, en rencontrant le gars de chez Backbite Records, qui m'a proposé de chroniqué ce 7", j'ai décidé de lui donner une chance malgré son look perturbant.
Eh bien, aujourd'hui je peux le dire par expérience, plus jamais je ne jugerai un disque à son artwork. Non pas que j'aie été scotché, mais étonnement surpris. Par contre, on va commencer par ce qui ne va pas, car malheureusement, ça commence mal. J'aimerais que l'on m'explique, vraiment, ce que ces riffs de Stoner font dans cette intro (et dans les autres compos à vrai dire). Il y a des formations qui arrivent à rendre ces riffs atroces plus ou moins audibles, EYEHATEGOD pour citer un classique, ou NIBIRU si on veut un groupe plus récent. Mais dans le cas présent, non. Sincèrement, plus jamais ça. Parce que les covers qui piquent les yeux, c'est une chose et je passe au dessus, les riffs de Stoner qui n'ont rien à faire là, je n'y arriverai pas. Ça ne colle pas avec ce style, surtout si c'est pour partir dans un riff hardcore classique juste après. Bref je ne vais pas m'étendre sur cette critique gratuite et plutôt sans contenu du Stoner, par contre plus jamais ce genre de riffs, par pitié.
Fort heureusement, j'ai eu la volonté d'aller plus loin dans mon écoute (avec appréhension tout de même). Parce que outre cette désagréable surprise d'entrée de jeu, le reste des compos est vraiment bien foutu. Ce que j'entends par là, c'est que faire du punk hardcore, c'est à la portée de tout le monde. C'est d'ailleurs bien le but, et j'encourage qui que ce soit à prendre une guitare sans savoir en jouer et de monter un groupe (ou tout autre instrument). Mais j'apprécie d'autant plus les groupes qui essaient d'innover et de fouiller des riffs déjà vus et revus (le Stoner ne fait pas partie des innovations). Le morceau éponyme en est un bon exemple, puisque l'arrangement m'a un peu fait penser aux débuts de TRAPPED UNDER ICE, une composition simple en soi mais jouée de manière très personnelle. Même la mosh part est étonnante, ça sort du schéma lambda et du coup, les parties lourdes et bas du front passent sans encombres.
La piste que j'ai le plus appréciée se trouve être la suivante, Thorns, principalement parce que le groupe a eu le bon goût d'inviter une fille à chanter sur le morceau. Alors oui, moi j'aime les groupes avec des filles dedans, je trouve ça important que ça ne soit pas qu'un milieu de mecs pour les mecs; qu'on pratique enfin l'inclusion qui est prêchée depuis toujours dans cette scène. Certes, là ce n'est qu'une courte participation, je ne connais pas le contexte de la chanson ni l'idée liée à ce featuring, mais je trouve ça suffisamment bien, au vu du style de hardcore pratiqué ici, un peu gros bras il faut se l'avouer. Soit dit en passant, SLOPE est un groupe avec deux chanteurs, ce qui rend cette collaboration d'autant plus crédible. En fouillant un peu les internets j'ai pu constater que la formation joue sans bassiste, comme on peut le voir sur leurs vidéos live. Honnêtement je ne sais pas trop quoi en penser, entre les deux chanteurs à la TERRORZONE et l'absence de basse en live, ça pourrait me laisser perplexe, sauf que j'arrive pas vraiment à y prêter attention, sûrement parce qu'ils ont plus ou moins bien géré leur mixture. A noter quand même que les deux vocalistes ont quasiment le même timbre de voix, ce qui rend la chose légèrement inutile à mon sens.
La troisième chanson passant, une prestation dans l'esprit de KILLING TIME jouée en moins d'une minute, je suis encore sur mes gardes quand à l'arrivée d'un riff de Stoner (oui, je suis encore bloqué là-dessus). Riff qui ne se fait pas attendre sur Mermaid, mais qui cette fois ne m'a pas fait froncer les sourcils, car il a l'air plus maîtrisé et moins sorti de nulle part que dans l'intro. Par contre, ça ne justifie en rien leur utilisation et même si ça ne m'a pas fait faire un bon sur ma chaise, ils sont juste tolérables et auraient quand même pu, une fois de plus, être évités. Qui plus est, le passage de crooner, à la LIFE OF AGONY, vers la fin de la piste, rend le tout assez cohérent et étonnement évite la bouillie informe de la surabondance d'influences.Quand bien même ces passages Stoner auraient pu être évités, c'est encore une fois une chanson bien pensée et réfléchie.
Bark'n Bite clôt cet EP, dans la même lignée que les autres compositions, sans trop de surprises, avec ses riffs de Stoner interminables. Qui forment l'intégralité du morceau en fait. Une chanson de remplissage si je peux me permettre, trop longue, trop banale et au vu des morceaux précédents, ce n'est vraiment pas flatteur. Même le chant ne sauve pas le morceau. C'est dommage de commencer et de finir une galette comme ça.
Il y a tout au long de Helix de très bonnes idées assez intéressantes. Le groupe cherche à voir plus loin que les compositions basiques du genre et se placent dans la bonne lignée des groupes de leurs époque, EXPIRE ou SUBURBAN SCUM par exemple. Des influences qui ne sont pas trop mal exploitées dans des compos qui montrent la volonté du groupe de se forger leur son. Ces efforts sont pourtant assombris par ces riffs Stoner trop nombreux et mal placés qui m'ont piqué les oreilles, des paroles plates qui auraient mérités plus de réflexion, surtout avec deux chanteurs. Une dualité que je trouve un peu vaine, comme je l'ai expliqué plus haut. Autant chanter de manière différente s'ils sont deux à le faire. Malgré tout, c'est un disque que j'ai apprécié assez facilement, presque dès la première écoute, et qui promet un bel avenir aux 5 gars de Duisburg, si tant est qu'ils arrêtent avec cette bouillie de Stoner.
Je donne un chocolat à celui qui comptera le nombre de fois que j'ai mal parlé du Stoner comme un rageux dans cet article.
Tracklist:
1. Intro/Helix
2. Thorns
3. Washout
4. Mermaid
5. Bark 'n Bite