Drogué alcoolique aimant les amplis qui vomissent des basses bien grasses.
Après nous avoir pondu un premier album bien doom puis un second très orienté psyché, Stoned Jesus a-t’il encore une fois choisi de changer d’horizon musical pour ce troisième album ? Ou de suivre la continuité de l’un des précédents ? La réponse nous est apportée en février dernier avec The Harvest. Cet album, voyant pour la première fois le batteur Viktor Kondratov derrière les fûts pour un enregistrement studio, nous offre un contenu à mi-chemin entre les deux premiers skeuds : du bon stoner rock aux riffs mêlant l’agressivité du doom metal et l’onirisme du rock psychédélique.
Je vous fais déjà part d’un premier regret : encore une fois l’album n’est disponible qu’en format digital. Je sais qu’il est onéreux de presser du contenu musical au format physique, mais le trio ukrainien a réussi en peu de temps à se tailler une bonne réputation et prendre de la place au sein de la scène doom. De plus, le trio avait mentionné un booklet lors de leur campagne de financement de ce nouveau full-length, précisant que les plus gros donneurs verraient leur nom inscrit à la page des remerciements. Bref, le moment nous semblait opportun pour enfin tenir un disque du groupe dans ses mains. Passons.
Parlons musique à présent. L’album semble plus diversifié et plus riche musicalement que ses prédécesseurs. Le groupe a su puiser dans des influences qu’on lui connaissait déjà mais mélangeant le tout différemment. On a par exemple droit d’entrée à deux morceaux 100% stoner rock aux riffs bien accrocheurs et énergiques, ne dépassant malheureusement que de peu les 3 minutes. C’est dommage, car ces deux titres font partie selon moi des plus intéressants de l’album. Pour le reste, on est toujours là à osciller entre blues, rock psychédélique et doom metal. Certains riffs sonnent bourrins et sombres, tout en conservant une part de clarté.
A part le premier titre Here Come The Robots, je n’ai entendu aucun morceau se détachant de l’album, à l’instar d’un Black Woods ou I’m The Mountain, ce dernier titre étant désormais presque culte au sein de la communauté stoner. Le seul vrai morceau long, Black Church, clôturant l’album, est pour moi moins intéressant que ce à quoi le groupe nous avait habitué malgré les expérimentations sonores.
Il serait toutefois injuste de ne pas noter les progrès vocaux d’Igor Sydorenko ayant encore gagné en puissance et chantant encore moins du nez qu’auparavant. D’ailleurs au chant, ça y va : tous les musiciens s’occupent des chœurs, on a même droit à un guest sur Wound spécialement pour ça. Et là ça y va en harmonisations, voix doublées, à la limite du growl, etc…
Même si c’est mieux au chant, on ne peut vraiment dire si c’est pareil à la guitare, également assurée par Sydorenko ne jouant qu’un seul vrai solo sur YFS. C’est d’ailleurs l’un des rares morceaux où l’on entend vraiment la basse de Sergii Sliusar, en grande partie grâce à son intro fuzzée puis sa ligne couverte d’effets en tous genres. Pour le reste, on peine à entendre ce qu’il joue, et encore une fois c’est dommage vu le style. A la batterie, Viktor Kondratov fait très bien son travail, avec un jeu diversifié et parfois assez technique.
Même si malheureusement ça commence à devenir une habitude, je vais encore devoir me plaindre de la cover. Si l’idée du dessin de David M Cook est plutôt bonne, Stoned Jesus nous avait déjà proposé des illustrations plus fouillées. Après, on adhère ou pas au style du bonhomme, après avoir fait quelques recherches j’ai pu tomber sur certaines de ses créations m’ayant bien plues. Mais là, j’accroche moyennement.
Peut-être ai-je été un peu dur avec cet album, peut-être est-ce dû à un début d’année riche en excellentes sorties en stoner et doom. Je reste cependant persuadé que bien que bon, The Harvest n’est pas aussi intéressant que ce à quoi il a succédé. Pourtant on sent que le groupe a tenté de nouvelles choses, par exemple en intégrant plus de synthétiseurs ou autres orgues Hammond. Mais si d’après moi aucun titre ne parvient à tirer son épingle du jeu, nous avons tout de même droit à un album comportant des riffs bien sympathiques.
Tracklist :
1. Here Come The Robots
2. Wound
3. Rituals of the Sun
4. YFS
5. Silkworm Confessions
6. Black Church