Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Depuis quelques temps déjà, le Black Sheep a gagné une certaine popularité auprès du public Metal Montpellierain. Proposant de plus en plus de dates Metal et Hardcore, le petit bar du centre ville laisse maintenant souvent place à diverses formations locales, nationales et même internationales dans sa petite salle en sous-sol. Toujours principalement axée autour des sphères Doom, Sludge, Stoner, Psyché et Post Rock / Metal en général, l'organisation a pu faire jouer ici des formations aussi prestigieuses qu'Acid Mothers Temple, Yob, Pallbearer, Indian, Rorcal, etc... Je ne suis donc pas surpris aujourd'hui d'y voir programmé deux des formations Stoner Doom suédoises les plus en vogue en ce moment : Monolord et Salem's Pot ! Nous voilà donc partis pour une énième session enfumage dans les sous-sols du Black Sheep...

N'étant pas un inconditionnel du genre, je m'excuse d'avance pour le peu de précisions sur certains aspects (notamment la setlist).

SALEM'S POT

Le set a déjà commencé lorsque j'entre dans la salle à moitié remplie, et, premier constat, le son est très bon, pas besoin de bouchons, ce qui est assez rare au Black Sheep. Deuxième surprise, moi qui m'attendait à une prestation Stoner Doom classique, je suis ravi de voir que ce n'est pas du tout le cas.

Je découvre cinq gus au look 70s arborant des masques vénitiens, et utilisant une quantité de matériel musical assez importante (nombreuses pédales d'effets, console, claviers, et même tambourin sur certains passages plus calmes). La musique me paraît beaucoup plus riche qu'à ma première écoute en studio. En effet, les suédois de Salem's Pot juxtaposent dans leurs longs morceaux des passages aux ambiances radicalement différentes, mais ô combien prenantes. Ainsi, les riffs typiquement 70s laissent place à des passages très atmosphériques (voire drone par moment !) avant de repartir sur des parties beaucoup plus massives et lourdes, le tout supporté par un synthé quasi-omniprésent. Ce dernier élément est, à mon sens, ce qui constitue la majeure partie de l'ambiance dégagée par la musique des suédois. Toujours utilisé en arrière-plan, le son du clavier se fait tantôt orgue, tantôt long et psychédélique, tantôt sombre, participant dans tous les cas à une atmosphère résolument envoutante et quasiment ritualiste (renforcée par les nombreux jets de fumée durant toute la durée du concert).

Moi qui m'attendais à un énième Electric Wizard-worship sans grande originalité, j'en ressors avec une excellente impression. Évidemment, l'influence du groupe sus-cité est bien présente (le coté ''Black Sabbath sous psychotrope'' est d'ailleurs fort bienvenu), mais les suédois affichent déjà une forte personnalité, tant scénique que musicale. À surveiller de près !

MONOLORD

Avec un premier album ayant fait grand bruit dans la sphère Stoner Doom récente, Monolord a dépassé son statut de petit groupe underground pour s'élever au rang de valeur sure du genre. Signé chez Riding Easy (comme son confrère Salem's Pot), le groupe devrait sortir son nouvel album Vænir en avril prochain.

Dès leur entrée sur scène, la rupture avec le groupe précédent est nettement établie. Monolord affiche en effet une intégrale sobriété tant au niveau visuel que musical. Évoluant en power trio, le groupe ne s'encombre d'aucun attirail scénique, hormis là encore les pédales d'effets et quelques jets de fumée par-ci par-là (ça colle au genre, c'est normal...). Le groupe entame le set avec la doublette Adhumbla / Icon extraite de son unique album Empress Rising et met tout le monde d'accord. Tout aussi énergiques sur scène que le groupe précédent (mais disposant de plus d'espace, n'étant que trois), les suédois ne cessent de remuer et s'autorisent même une petite descente en ''fosse'' en fin de set. Je suis, pour ma part, content de voir un batteur exprimant, du début à la fin, une totale dévotion envers sa musique (avec des expressions faciales toutes plus marrantes les unes que les autres).

La musique de Monolord, contrairement à celle du groupe précédent, me fait la même (bonne) impression qu'en studio, à savoir un Stoner Doom assez classique mais totalement entrainant. Un riffing ultra lourd (dans le bon sens du terme !) couplé à un son encore une fois très bon forment un cocktail détonant qui semble séduire toute l'assemblée. Les riffs minimalistes façon Electric Wizard répétés en boucle pendant de longues minutes sont loin de lasser le public, mais créent au contraire une ambiance totalement hypnotique. Je suis également surpris d'entendre en fin de set une reprise complètement inattendue de Fairies Wear Boots de Black Sabbath version pachydermique. Le trio nous balance enfin son titre phare Empress Rising pour clore son set de la plus belle des manières. La mélodie me trotte encore dans la tête à l'heure où j'écris ces lignes.

Nous sortons donc de ce concert globalement très satisfaits, même les plus hermétiques d'entre nous (je ne citerai personne). Le Black Sheep nous aura une fois de plus offert une excellente soirée Doom. J'ai déjà hâte d'y retourner vendredi pour y voir les français de Monarch!, la semaine va décidément être mémorable !