Drogué alcoolique aimant les amplis qui vomissent des basses bien grasses.
Bon, je sais ce que grand nombre d’entre vous doit se dire « Qu’est-ce qu’il nous fait le nouveau ? Pink Floyd c’est pas du metal ça a rien à faire ici ! ». Si vous ne vous dites pas ça, je suis désolé pour cette conclusion hâtive, sincèrement. Dans tous les cas vous méritez une explication quant au choix de cette chronique. Déjà parce que le jour de la publication, on fête les Romain (bonne fête à l’athée que je suis). Ensuite, Pink Floyd, groupe lié non seulement au rock progressif mais également au rock psychédélique a eu une influence énorme sur les genres que je chronique le plus, à savoir le doom et le stoner. Pour finir, Wish You Were Here est en toute objectivité le meilleur album de tous les temps. Comment ça je ne suis pas objectif ? D’accord, disons le meilleur album qu’il m’ait été donné d’écouter alors. Et puis il faut bien que je mette un 10/10 au moins une fois sur ce site. Je ne sais pas si cela pourra se reproduire à l’avenir. Comment commencer l’analyse d’un tel chef-d’œuvre ? La tâche me semble ardue mais je vais néanmoins me prêter à l’exercice.
Commençons par placer le contexte. Wish You Were Here a été enregistré en 1975 après le mythique Dark Side Of The Moon, deuxième album le plus vendu de tous les temps à ce jour, présent dans les charts durant 741 semaines. Le quatuor est fatigué, physiquement comme émotionnellement. L’entente entre les membres commence à se dégrader.
Très vite, un thème commence à se dégager lors de la composition : l’absence. Principalement celle de Syd Barret, premier guitariste et chanteur du groupe et principal compositeur, renvoyé suite à sa schizophrénie grandissante. Il est alors remplacé par David Gilmour qui compose la majorité des morceaux avec Roger Waters à la basse et au chant. Petit à petit, le groupe vire du rock psychédélique au rock progressif.
Ce thème de l’absence est mis en avant dans les paroles, toutes écrites par Waters. Ce dernier en profite également pour dénoncer ce qui, selon lui, a en partie rendu Barret malade, à savoir la pression des maisons de disques. Ce thème se ressent principalement dans les compositions Welcome To The Machine et Have A Cigar. Ces deux morceaux abordent donc le même sujet mais sous un angle musical bien différent. Le premier est très sombre, comporte de nombreuses sonorités « industrielles » créées à l’aide de synthétiseurs analogiques joués par Richard Wright. Des violons sont également utilisés. Ils s’ajoutent à la longue liste d’instruments, d’habitude étrangers au rock, présents sur l’album : saxophone, piano… et même verres en cristal. Le morceau est oppressant, lourd et symbolise à merveille la pression exercée par certains labels sur leurs artistes. Have A Cigar quant à lui contient une atmosphère moins pesante mais est tout aussi dénonciateur dans ses paroles. Ces deux morceaux nous aident à nous rappeler que les synthétiseurs ne permettent pas uniquement de créer des sons ultra cheap pour des groupes de disco mais également à enrichir des atmosphères sonores en leur apportant une autre couleur.
L’album contient selon moi, malgré sa magnificence, un petit défaut : le titre éponyme Wish You Were Here. En soit, le morceau n’est pas mauvais. On a affaire à une balade folk bien construite et plaisante. Mais je le trouve en deçà du reste de l’album, trop différent dans le style musical, trop léger à côté de musiques plus complexes et créant chacune des ambiances bien particulières. C’est ce morceau qui aurait fait baisser ma note d’un point, passant de 15 à 14. Mais puisqu’on note sur 10, ça ne change rien au résultat final.
J’ai gardé le meilleur pour la fin. Divisé en deux car trop long pour rentrer sur la face d’un vinyle, piste durant dans sa globalité 26 minutes, héritière de Atom Heart Mother et Echoes (chacune atteignant les 23 minutes), je veux bien sûr parler de Shine On You Crazy Diamond. Il m’est difficile de décrire ce morceau tant il symbolise pour moi la perfection. Je précise que je le traiterai ici comme une seule et unique piste sans prendre en compte sa division sur l’album.
Presque entièrement instrumental, les parties chantées ne durent bout à bout que 3 minutes. Dans l’ensemble, l’ambiance est planante, constituée de lentes nappes aux synthétiseurs, de soli de guitare en clean, de la batterie discrète de Nick Mason. Petit à petit, le morceau s’installe et prend de la place. Tout en restant planant, le morceau gagne en puissance, les pistes des différents instruments se superposant les unes à la suite des autres. Puis après un bref répit, on atteint l’apogée, l’explosion, avec des guitares partant de plus en plus haut dans les aigus et repoussant les limites de leur tessiture. C’est puissant, c’est beau, c’est orgasmique, ça reste planant… Ce morceau n’est autre qu’un coït instrumental.
Puis ça redescend, on reprend sa respiration, le chant redémarre, puis lentement, le morceau termine l’album en instrumental. Magnifique. La plus belle claque que je me suis prise dans ma vie après l’écoute d’un album. Tout est parfait. On pourrait se repasser le morceau en boucle pendant des heures et ne l'apprécier que plus à chaque écoute.
Je pourrais continuer de monologuer pendant longtemps en abusant grandement de superlatifs et de termes élogieux pour tenter de transcrire au maximum l’amour que je porte à cet album, mais il va falloir que je m’arrête. De toute façon je ne suis pas capable de réellement définir ce sentiment avec des mots. J’ai ici uniquement tenté de modestement décrire ce qu’on entend.
Puisque j’ai quand même envie de continuer les compliments, je ne peux que vous conseiller de vous attarder sur l’ensemble du magnifique artwork contenant des photographies toutes plus belles et intrigantes les unes que les autres, non retouchées pour la plupart, ce qui peut surprendre. Les photos sont prises par Storm Thorgeson ayant voulu retranscrire la « présence inaccomplie » qu’il considère comme le thème principal de l’album.
Je crois que mon sentiment global s’est fait ressentir. Si vous n’avez pas encore écouté Wish You Were Here, je ne peux que vous recommander de ne pas attendre plus longtemps. Si vous l’avez déjà écouté, je ne peux que vous recommander de le réécouter. Et si vous ne l’avez pas aimé, je suis dans ce cas pour la deuxième fois désolé pour vous.
Bon, j’arrête de tourner autour du pot, c’est ma chronique je dis ce que je veux, si vous n’êtes pas d’accord avec ce qui va suivre, je vous fais confiance pour vous voir vous plaindre dans la section commentaires. Shine On You Crazy Diamond est le meilleur morceau de tous les temps. Wish You Were Here est le meilleur album de tous les temps. Pink Floyd est le plus grand groupe de tous les temps. C’est dit.
Tracklist :
1. Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V)
2. Welcome To The Machine
3. Have A Cigar
4. Wish You Were Here
5. Shine On You Crazy Diamond (Parts VI-IX)