“Top, duo de hard-métal, je suis né en 2013 à Hambourg, j’ai sorti mon premier album, Death By Burning en 2014, je viens de tourner avec Bölzer et je jouerai cet été au Party San, au Wacken Open Air et au Maryland Deathfest au printemps, je suis, je suis, je suis..Mantar, c’est oui ! » aurait pu dire Julien Lepers. Et mine de rien, il y a une conclusion à tirer de cette entrée en matière plus que vaseuse : sachant que ces mecs n’ont sorti qu’un seul album et qu’ils jouent à l’international, dans le plus gros fest du monde et dans le festival de metal extrême avec la programmation la plus street cred’ d’Amérique, c’est assurément que leur album est une putain de tuerie, et nous allons voir pourquoi.
Premièrement, si votre regard quitte ces lignes et remonte un peu, vous verrez le plus bel artwork de 2014 (The Crown par Aron Wiesenfeld) : sobre mais fascinant. En somme représentatif de ce qu’est Mantar. En effet, si ce qui te plait, c’est la superposition de 400 pistes de guitare pour aboutir sur un morceau over-the-top, qui nique la bienséance retourne écouter Kvelertak. Mantar ne sont que deux, et bien qu’ils disent jouer du « Black Metal/Doom/Punk » ici, nous n’avons pas affaire à un tribute band de Darkthrone qui jouerait à l’occasion des notes de 30 secondes.
Ce qui nous fait arriver à l’atout majeur de cet album : le groupe arrive à trouver sa propre identité à partir d’un métissage où les influences sont assez évidentes. Je m’explique : les groupes qui mélangent des styles qui ne sont pas proches ou complémentaires dans le spectre du metal prennent le risque de prendre deux éléments sans réussir à se défaire de ces deux influences. Ainsi, un mélange de death metal et de hard rock ne peut pas être synonyme d’« identité propre » si cela se résume à faire une cover d’Alice Cooper en growlant, n’en déplaise à Debauchery qui devrait laisser cela au public du Motocultor le jeudi soir. En ce qui concerne Mantar, disons que nous avons affaire, pour simplifier à l’extrême, à une association (improbable) entre une instru très typée Corrosion of Conformity ou The Melvins et les vocaux au papier de verre de Martin Van Drunen (Asphyx, Hails of Bullets). Et putain qu’est-ce que c’est efficace.
Tout est à sa place : Mantar fédère avec le refrain aux relents Hardcore d’Astral Kannibal, Mantar écrase avec le pachydermique March of the Crows, qui a simplement enterré votre serviteur sous les larsens et les accords interminables, Mantar groove, tout au long de ce premier album, toujours là où il faut, sans chercher à provoquer ces légers mouvements de cou de façon grossières avec des plans clichés, Mantar te brûle avec des riffs qui lorgnent vers le desert rock de Karma to Burn (Cult Witness par exemple). Rajoutez à tout cela un soupçon de blast beats (The Huntmens), du spoken word sur The Berserker’s Path et vous aurez un des albums de l’année, de moins de 45 minutes (ni trop long, ni trop court) et dont les chansons ne dépassent pas 5 minutes (exception faite de March of the Crows qui prend son temps, comme tout morceau de doom qui se respecte).
A l’heure où les musiques extrêmes se renouvellent en s’accouplant avec le hardcore et le stoner, à l’heure de la percée de Nails, de Young And In The Way ou d’Oathbreaker, le duo hambourgeois signe un album dans l’ère du temps, en se rapprochant des groupes sus mentionnés non pas par la musique (qui n’est que peu similaire) mais par leur approche, qui consiste à mélanger de manière peu conventionnelle Altar ou Temple avec Valley et/ou Warzone. D’aucuns pourrait les accuser d’opportunisme, mais même si c’était le cas, Death By Burning a marqué 2014 par sa qualité et sa diversité ramenée à une entité. A voir désormais si le groupe arrivera à transformer l’essai lors d’un deuxième album sans lasser. J’attends la confirmation en live, et surtout la seconde couche.
Tracklist:
1 Spit
2 Cult of Witness
3 Astral Kannibal
4 Into the Golden Abyss
5 Swinging the Eclipse
6 The Berserker’s Path
7 The Huntsmen
8 The Stoning
9 White Nights
10 March of the Crows