Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Dans le combat de tous les jours auquel font face tous les groupes de metalcore pour ne pas sombrer dans l’anonymat après un âge d’or désormais révolu ou en passe de l’être, tous ne s’en sortent pas avec les honneurs. Certains groupes, droits dans leurs bottes, continuent de nous servir la même musique en espérant que les fans demeurent. D’autre tentent de nouvelles choses avec plus ou moins de succès.
Et c’est le cas des américains d’All That Remains qui au fil des années ont adouci leur musique vers un metal mélodique tout ce qu'il y a de plus commun, loin du metalcore d'origine. Avec ce The Order Of Things, le groupe nous confirme, après un A War You Cannot Win passable, qu'ils pouvaient faire pire. Pour ceux qui espéraient un retour aux gloires passées de l’époque The Fall Of Ideals, l’écoute de ce nouvel album risque de vous paraître bien longue. The Order Of Things nous emmène au plus profond d’une musique sans saveur et mielleuse à souhait.
A la vérité, l’étiquette de metalcore mélodique, voire même de death metal mélodique qui pouvait s’appliquer par le passé, peut être définitivement rangée dans les tiroirs. Le groupe nous offre là une musique avec de moins en moins de growls, des voix claires féminines et un style qui pourrait s’apparenter à du metal alternatif légèrement survitaminé.
Qu’on ne méprenne pas mon propos, le problème n’est pas le changement. Le problème est le résultat de ce changement. Dans une interview récente accordée à Blabbermouth, Phil Labonte a précisé que le titre Tru-Kvlt-Metal est un joli majeur lancé aux anciens fans du groupe qui ne cessent de demander un second The Falls Of Ideals alors que le groupe a évolué. A Phil d’ajouter, à juste titre sûrement, que si le groupe revenait à leur son d’origine, les fans trouveraint encore à redire. Mais le groupe se trompe là de cheval de bataille. Tout groupe qui modifie son orientation musicale n’a pas à regarder par-dessus son épaule et à se justifier sans cesse. Mais si le rendu est médiocre et trahit l’ADN du groupe, il ne doit pas s’attendre à une autre réaction de la part de son public.
Les huit titres de cet album sont très mélodiques et tentent par tous les moyens d’être les plus addictifs possible pour l’auditoire. Enchaînement de refrains entêtants, leads et jeu de batterie efficaces. Mais tout y est plat et très commun, comme l’illustre le titre No Knock, taillé pour la radio et qui fait office de single. Les couplets et refrains de titre comme sur Divide, A Reason for me to Fight ou The Greatest Generation sont sur-cheesy sans pour autant faire passer la moindre émotion. On dirait du mauvais Five Finger Death Punch. Surtout quand la voix de Phil Labonte, qu’il soumet à rude épreuve à certains moments, laisse présager quelques catastrophes en live (malgré l’auto-tune ?).
Heureusement, le groupe nous sort parfois quelques riffs de guitare assez racés comme sur Divide qui nous rappellent que les américains n’ont pas complètement oublié qu’ils faisaient du metal mélodique. Mais, au final, les deux seuls titres un peu plus agressifs de l’album, No Knock et Tru-Kvlt-Metal, sont d’une si piètre qualité qu’on finit par ne pas regretter que le groupe reprenne le chemin d’une musique un peu plus violente.
Les titres s’enchaînent et se ressemblent plus ou moins. On parvient toujours à trouver quelques bribes de satisfaction dans un passage de batterie, un bon riff de guitare ou même un passage chanté qui n’est pas forcé ou sur formaté pour la radio. Mais d’une manière générale, le groupe est devenu générique. Et la forte personnalité de Phil Labonte n’y changera rien : All That Remains est devenu un groupe lambda en ne parvenant pas, en adoucissant sa musique, à faire passer plus d’émotions ou un message intéressant. Faire des voix claires pour faire des voix claires sans y apporter un peu de nouveauté ou d’autres éléments vont sûrement aider le groupe à finir dans une BO de film pour teenager, mais certainement pas à marquer son temps. Le style dans lequel ils évoluent désormais regorge de groupe assez innovants et qui explorent (on pense notamment à une partie de la scène post-hardcore) de nouveaux horizons. Pendant ce temps, All That Remains nous sort un album sans relief, cheesy et sans une once d’originalité.
J’imagine aisément que certains pourront y trouver leur compte. Mais je doute fortement que qui que ce soit se rappellera de cet album dans deux, cinq ou encore dix ans.
1. This Probably Won't End Well
2. No Knock
3. Divide
4. The Greatest Generation
5. For You
6. A Reason For Me To Fight
7. Victory Lap
8. Pernicious
9. Bite My Tongue
10. Fiat Empire
11. Tru-Kvlt-Metal
12. Criticism And Self Realization