Matthieu, 24 ans, basé à Nantes. Ancien membre d'U-Zine et de Spirit of Metal. Vous me retrouverez pour les chroniques et live reports de divers styles musicaux.
Il est de ces groupes qui préfèrent rester cloîtrés dans l’ombre de l’underground pendant longtemps, sortant une démo une fois le temps, donnant quelques concerts à droite à gauche tout en refusant de faire parler de lui malgré un talent certain. Drowned est de ceux-là. Formé en 1992 par Tlmnn, guitariste/compositeur du trio berlinois, la formation a vu nombre de musiciens se succéder au fil des ans, gravitant toujours autour de ce maitre à penser. Pour ceux qui ne situent pas le bonhomme, il occupa le poste de bassiste chez Necros Christos de 2005 à 2012. L’histoire de Drowned est donc jonchée d’une multitude de démos et de deux eps, Aerth et Viscera Terrae (que le groupe considère comme une démo). Je reviendrai d’ailleurs dans peu de temps sur ce dernier ep qui est pour ma part la meilleure sortie du groupe et une référence absolue pour tout amateur de Death Metal occulte.
Car c’est bien de Death Metal et d’occultisme dont parle ce premier album des allemands, sorti en juillet 2014 sous la houlette d’un des labels de référence du genre, à savoir Sepulchral Voice Records (Necros Christos, Grave Miasma, Hatespawn, Charon, Venenum et j’en passe). Désormais soutenu par deux membres d’Essenz depuis 2010, à savoir G. ST (chant/basse) et T.E. (batterie), Tlmnn se décide donc enfin à investir le devant de la scène Death Metal. Et ne laissez pas votre attention se détourner à la vue de cette pochette peu attirante, son contenu vaut plus que le détour. Il faut dire que les sorties Death Metal donnant un nouveau souffle au style ne sont pas légions, et cet Idola Specus en est un.
Die Niederen Weihen, introduction sombre et envoutante de trois minutes, plonge d’emblée l’auditeur dans les abysses macabres, environnement dans lequel se complait Drowned depuis sa formation. Pour ceux qui connaissent la recette des allemands, sachez que vous la reconnaitrez dès les premières notes d’Antiprism et qu’elle ne vous lâchera pas durant les trente-sept petites minutes de cet Idola Specus qui recèle autant d’excellents riffs que de séquences atmosphériques plus que délectables.
Poursuivant dans la tradition des Necros Christos et autres Grave Miasma, Tlmnn a rassemblé pour l’occasion une multitude de trémolos tous plus efficaces et torturés les uns que les autres. Si l’on pourrait croire sur le papier à une énième formation de Death Metal occulte, la personnalité et la qualité d’interprétation font de ce disque un vrai régal pour tous les amateurs du genre, et pas que. Prenez ainsi le terrible enchainement Destroyed Voices, Cast Into Negative Form et Black Projection et vous aurez un condensé du talent de l’allemand. Ces trémolos, qui forment le gros du squelette de l’opus, sont à mettre en relations avec les nombreux soli (Letzter Teilbarer Strahl), arrangements (Antiprism, Gnomon) et autres mélodies (Black Projection) disséminés tout au long du disque.
Le groupe ralentit souvent le tempo sans jamais lasser, voilà une autre force de ce disque. Que ce soit de longues introductions (Antiprism, Cast Into Negative Form, Gnomon) ou des ponts (Black Projection), ces séquences insufflent aux compositions cette aura vaporeuse et rampante, funéraire et mystique à la fois. L’importance de la reverb est également à noter, que ce soit au niveau du chant de G. ST (attention ce n’est pas Zom non plus) ou des instruments (la production est vraiment adéquate pour le genre, certains la trouveraient presque trop clean). Mais attention, Drowned sait rentrer dans le chou et briser des nuques, en témoignent ainsi le break de Cast Into Negative Form ou le final de Black Projection.
Trémolos evil, atmosphère hantée et imagerie occulte, voilà ce que vous trouverez au sein de ce premier album du trio allemand. Evoluant dans une scène en pleine ébullition, Drowned est tout de même parvenu à s’élever au-dessus de la masse grâce à une science du riff certaine et à des compositions totalement cohérentes envers l’imagerie affichée. Combo privilégiant la qualité à la quantité, on ne peut leur en vouloir d’avoir mis tant de temps à sortir cet album, offrant ainsi une suite à la hauteur d’un Viscera Terrae impérial. Seulement voilà, on connait le talent de la formation et on aimerait simplement en avoir un peu plus régulièrement…
Tracklist:
1. Die Niederen Weihen
2. Antiprism
3. Destroyed Voices
4. Cast Into Negative Form
5. Black Projection
6. Gnomon
7. Letzer Teilbarer Strahl
8. Vacuous Sanctum