Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Plutôt que de m'attaquer directement à un gros poisson pour ma toute première chronique, pourquoi ne pas débuter l'aventure avec un petit groupe de chez moi : Zoldier Noiz ! Et attention, je dis ''petit'' mais pour moi, les Montpellierains sont sans nul doute en passe d'entrer dans la cour des grands, du moins pour ce qui est de la scène extrême hexagonale.
Formé en 1999 par l'ami Vince, l'entité Zöldïer Noïz n'a cessé d'enchainer les changements de line up. Et cela à tel point que c'est seulement après 10 ans d'existence, et deux démos, que le groupe a enfin pu sortir son premier full-length Schizoïd Reject sous la houlette d'Overstage Imperator Prods (éphémère label Montpellierain ayant notamment travaillé avec Mütiilation / Doctor Livingstone ou encore Introverted Violence). C'est donc cinq années (et d'autres changements de line up) plus tard, que la machine Zoldier Noiz revient sur le devant de la scène underground française avec ce second méfait intitulé à juste titre Regression Process. Doté d'un artwork subtilement adapté, l'album est en plus distribué par la jeune écurie Unspeakable Axe Records, spécialisée dans le revival extrême (principalement Thrash et Death), et surtout sous-division du label Dark Descent, ni plus, ni moins !
Fidèles à eux mêmes, les Montpellierains appliquent globalement la même recette que sur leur premier album, à savoir un Thrash véloce et primitif, qui suinte sévèrement le Punk. Dès la première écoute, c'est sans conteste Voïvod (période War and Pain) qui nous vient à l'esprit, avec ce riffing bien rock'n'roll et ces rythmiques galopantes. Mais les influences du groupe sont tout aussi bien nord-américaines qu'européennes, gravitant toujours plus ou moins autour de Motörhead me direz-vous. Quoiqu'il en soit, le groupe nous renvoie dès la première seconde au cœur des années 80. En effet, bénéficiant d'une production plus puissante que sur Schizoid Reject, ce second album conserve néanmoins un son analogique qui parvient à recréer cette ''flamme'' ThrashMetal originelle. Un son de guitare bien crasseux, couplé à des rythmes tantôt skank beat (toukatouka), tantôt D-beat (touka toutouka), le tout ponctué de soli plus maitrisés qu'auparavant mais toujours aussi cinglés, participe à cette atmosphère sauvage et archaïque si caractéristique de l'extrême des 80's.
La principale qualité de Zoldier Noiz reste selon moi le riffing de Vince. Sans rien inventer, le bonhomme nous assène des riffs tous plus entrainants les uns que les autres, et développe ainsi un groove quasi-omniprésent qui provoque irrémédiablement un mouvement de tête de la part de l'auditeur. Comment rester de marbre après le break d'un Grave Crawler ou lors des passages frénétiques d'un Tomorrow is Today ! D'autre part, le nouveau membre, Kubus, dispose ici d'un répertoire rythmique beaucoup plus varié et maitrisé que le précédent batteur. En effet, en plus des rythmes Motörcharged dominants et d'un D-beat plus utilisé qu'avant (rappelant indéniablement l'école Inepsy / Children of Technology), on a également droit à de délicieux contretemps et cassures de rythmes (Tomorrow is Today, Regression Process par exemple) ou de breaks bien sentis (Vacant Worlds entre autres). De plus, quelques proto-blast beats typiquement 80's, toujours ponctuels, jamais surexploités, confèrent aux morceaux des élans de fureur assez bien dosés (Dread Relieves, Filthy Few), si bien que certains passages rageurs lorgnent parfois vers le Deathrash primaire d'un Death Strike ou d'un Slaughter. La voix de Vince renforce d'ailleurs ce coté extrême, s'éloignant des vocaux criards du Thrash classique pour tendre vers une rugosité DeathMetal plus prononcée, mais toujours avec un coté cru et spontané à la Tom G. Warrior. Et les nombreux ''UGH !!!'' présents tout au long de l'album ne font que le confirmer. Cependant, malgré cet aspect si brut, les thèmes sont ici plus matures, délaissant les clichés Thrash du premier album pour évoquer les guerres, maladies ou autres enjeux sociaux, toujours de manière non-politisée et explicitement brutale.
Le maître mot du groupe reste l'efficacité ! Allant à l'essentiel, les musiciens ne s'encombrent pas d'envolées techniques ou d'atmosphères inutiles et superflues. On a affaire à un Thrash régressif et résolument Punk, nous offrant néanmoins des passages plus mémorables que sur le premier album. Les morceaux ne dépassent que rarement les 3 minutes 30 et sont toujours directs. Quelques fed outs à la fin de certains titres permettent d'aérer un peu le tout, bien que je ne trouve pas spécialement judicieux d'en avoir mis un pour clore l'album, on aurait préféré terminer cette déferlante de violence de manière plus brusque, mais qu'importe, l'album reste totalement entrainant du début à la fin !
Avec une personnalité légèrement plus affirmée que sur son premier effort, Zoldier Noiz reste foncièrement ancré au cœur des 80's, mélangeant avec habileté les différents genres de l'age d'or du Punk et du Metal extrême. Doté d'un son authentique et très cru, Vince et sa bande nous montrent qu'il ne suffit pas d'avoir Bill Metoyer comme producteur ou Ed Repka comme illustrateur pour faire du vrai Thrash Metal, au contraire ! Le groupe se démarque ainsi de toute cette pléthore de formations revival au son si aseptisé. On comprend pourquoi nos Montpellierain on été recommandé par Fenriz via son ''Band of the Week'', leur honnêteté et surtout leur intégrité en font dorénavant une valeur sure de la scène extrême tricolore ! Avec ce second effort, globalement plus varié et abouti que son prédécesseur, ainsi que des prestations live toujours mémorables, Zoldier Noiz affirme qu'il est désormais un groupe à surveiller de près au sein de la scène Thrash française, rejoignant ainsi les Perversifier ou autres Hexecutor.
« Love it or Puke it ! »
Tracklist :
1. Grave Crawler
2. Random Justice
3. Tomorrow Is Today
4. Regression Process
5. Thirty Nine Forty Five
6. Dread Relives
7. Vacant Worlds
8. Ebola Syndrome
9. Filthy Few
10. Life Under Will