Un mec qui écrit des trucs.
Non mais comment ils font ceux-là.
Napalm Death, on fait pas plus increvable. Après l'écoute de cet "Apex Predator" et sa pochette bien croustillante même si foncièrement moche mais nous apprenant à quel point la barbaque humaine c'est pas cher, c'est le seul truc qui m'est venu à l'esprit : mais putain comment ils font ? Comment c'est possible de sortir un missile pareil après autant d'années ? Comment c'est possible d'avoir fait limite encore mieux que le missile nucléaire "Utilitarian" ? Comment on peut avoir toujours une rage pareille à 45 piges ?
Un line-up identique depuis 25ans (sauf pour Jesse Pintado mais il a une excuse, il est mort), une régularité de sortie exemplaire, des tournées dans tous les sens partout toute l'année tout le temps, on se dit qu'un jour la machine de guerre Napalm Death va bien finir rincée de chez rincée, poser les armes et vivre leur vie de Punk à chiens en retraite. Mais à l'écoute de ce dernier manifeste, on dirait bien que c'est pas, mais alors pas du tout pour aujourd'hui et que dans 30 ans ils seront toujours du genre à pogoter en déambulateur.
Après la sublimissime parenthèse Menace et son "Impact Velocity" si délicat et époustouflant, Mitch Harris est de retour aux affaires et c'est reparti pour cogner. On sait à quoi on a affaire. On connaît le groupe, cet album on sait déjà exactement ce qu'on va trouver dedans avant même de l'écouter. Mais rien à faire. Le groupe a trouvé son style actuel en sortant "Enemy of the Music Business" et nous éjacule donc plus ou moins le même album pour la 7e fois consécutive. On l'attendait. Mais il fonctionne du feu de Dieu. Rien à faire, on prend encore notre claque, on retrouve les mêmes sentiments qu'il y a trois ans, on se mange la déflagration habituelle et on sort dans la rue taper des gens tellement le capitalisme c'est un truc de méchant et qu'il faut absolument brûler l'état anarchie yolo gueguerre Bavaria 8.6 power. Napalm Death est le Grindcore, on se reprend un nouveau manifeste de 40min qui sent le béton et les flammes, et on rentre chialer notre mère après une telle raclée.
En commençant ça doucement par une intro incantatoire, d'abord solennelle puis se mutant en procession rituelle suintant la haine et le rejet, et... Et boum. "Smash a Single Digit" arrive, nous colle au mur deux minutes, se termine sur un riff totalement typique et dit tout. Bien à l'image de son clip original et fort. Et on repart en guerre. Les gros tabassages sont les mêmes qu'avant. Les riffs nucléaires boulets de canons sont encore au rendez-vous. Tout ce qu'on aime. Vous ferez moins les malins après une "How the Year Condemn" ou "Stubborn Strains". Mais "Apex Predator" dégage encore autre chose. Une fureur, une haine viscérale, palpable, quelque chose qui touche à l'adrénaline pure. On doit casser des gueules. Participer à tout faire tomber. Maintenant. Plus on avance dans la lecture, et plus on en a gros sur le cœur. Barney s’époumone plus que jamais et nous harangue, nous force à descendre en bas de l'immeuble tuer le premier mec en costard qu'on croiserait, lancer de l'acide sur les CRS et défoncer des aéroports. Le très lourd et rampant "Dear Slumb Landlord" n'est que vitriol et puissance, ne faisant que préparer l'autre série de torgnoles à venir. Putain.
"Apex Predator" est ultime. La barre avait été placée très haut avec le précédent opus, mais le groupe n'en a que faire, il l'attrape à pleines mains et nous défonce sauvagement la gueule avec. Gaïa vocals sur-violents, relative variété du propos, où on passe de la guerre civile ("Beyond the Pale") à la répression punitive ("One Eyed"), et on a LE titre de l'album avec l'ultra catchy "Hierarchies" qui démonte sauvagement et nous fait revenir le chant clair possédé de Barney, gros futur classique du groupe qui risque de foutre un merdier pas possible dans n'importe lequel de leurs sets. On ralentit pas la cadence, on montre ses grosses racines Punk Hardcore couplées à une période solidement Death Metal, le dosage parfait, la maîtrise, le professionalisme ultime dans l'art de foutre le bordel et haranguer, toucher droit dans le cœur et donner envie de foutre le feu autant dans la fosse que dans la street. Pour se clôturer sur un "Adversarial – Copulating Snakes" particulièrement sanguinaire et urgent sur sa première moitié, finissant par ralentir et nous coller la face dans la boue, bouclant la lecture sur un climat d'apocalypse et ne laissant que des ruines.
"Apex Predator" se vit. On y retrouve les origines, on y a autant envie de tout exploser que lors de notre premier contact avec le combo qui a forcément laissé des traces, qu'importe l'album. Manifeste ultime d'une guérilla qui se perd, donnant des envies de révolte par la violence, autrement plus convaincant dans son appel à la rébellion que tous les Jean-Capuches qui massacrent des arrêts de bus pour ragondins, tout simplement ultime. En tant que grand fan de la dernière période du combo, j'ai presque envie de dire que c'en est le meilleur album, mais je dis ça à la sortie de chaque opus (à part "Time Waits for No Slaves" qui m'avait pour le coup totalement gavé) donc on va garder des réserves. On va retenir qu'une chose. La violence, la brutalité, la fureur, l'assaut continu. Merci les mecs, c'est un plaisir de détester tout le monde avec vous. #JeSuisNapalmDeath.
We are not invincible
Nor are we indestructible
There are choices - points of return
Will the path be easy?
Nothing is easy, but that's reality
For the sake of my loved ones
I will remain on this earth
Tracklist :
1- Apex Predator - Easy Meat
2- Smash a Single Digit
3- Metaphorically Screw You
4- How the Years Condemn
5- Stubborn Stains
6- Timeless Flogging
7- Dear Slum Landlord…
8- Cesspits
9- Bloodless Coup
10- Beyond the Pale
11- Stunt Your Growth
12- Hierarchies
13- One-Eyed
14- Adversarial / Copulating Snakes