Un mec qui écrit des trucs.
Non mais faut arrêter un peu.
Tu peux juste pas faire ton nom de groupe comme ça. "Hey lol je vais faire du Death Suédois alors du coup bah comme mes deux groupes préférés du genre c'est Entombed et Dismember on va s'appeler Disentomb et tout le monde va trouver ça cool" mais sérieusement quoi non. Faut pas se foutre de la gueule des gens un jour. Et moi je vais faire du Thrash en m'appelant Slaytallica peut-être hein ? Hein ? Cette blague, y'en a qui ont peur de rien. Triste époque. Sauf que c'est pas ça. Enfin, pas dans ce cas précis.
On croit à première vue rien que par le nom qu'on va se manger du bon gros Swedish Death HM-2 Power, et en fait non, que dalle, Disentomb ça tape davantage du côté de Disgorge période "Consuming The Forsaken" que de celui du Sunlight. Ah ben d'accord. Okay normal, les mecs seraient capables de s'appeler Immortal Marduk pour faire du Black Sympho on dirait. Mais bon, ils ont quelque chose pour leur décharge : par delà ce choix de nom quelque peu étrange, ça défonce sévèrement.
Donc, le groupe existant depuis 2006 sous le nom de Cadaverine, nous sommes en face du second vrai album de ces gentils gugusses du Pays des Kangourous, après un premier en 2010 très sympa mais pas forcément totalement inoubliable. Et autant le dire tout de suite, paie ton pavé. Les quelques 33min de "Misery" sont aussi éprouvantes que naturelles, et c'en est des plus perturbant. Déjà, bordel ce que cette pochette claque dans la gueule. Rien que les couleurs, cette structure organique chaotique, mbref voilà quoi. Totalement à l'image du contenu, dans le choix des teintes rouges et sombres, et aussi pour cette idée de gros monolithe impie et robuste. Car à côté de ça c'est plutôt le genre de truc qui fait s'effondrer les murs en mode tank tout en restant raffiné dans sa brutalité. Qui utilise 100% de ses capacités au service d'un son massif, chargé dans les basses, mais virtuose quand même derrière ça. C'est violent, c'est lourd, rien que "Forced Adornment Of The Funerary Crown" démontre bien ce que le groupe a à dire quand il tente de nous encastrer dans le sol. Avec même un guest du frontman de TBDM aussi inattendu qu'adapté. Donc ouais, cet album était attendu, et on est amplement récompensés. Par cette déferlante noire de suie, qui fait vibrer l'air, qui a tout appris du meilleur de Disgorge quand ça fonce et Suffocation quand ça ralentit. Gruuuuuuuurgh.
"Misery" est un énorme pavé d'obscurité. Qui déploie une technique affriolante, des riffs en ébullition constante, des changements de plan dans tous les sens pour switcher de la lourdeur à l'agression en permanence, ça tient pas en place, mais c'est essentiellement pour faire ressortir un côté ultra massif, huileux, noir. Un bloc de charbon liquide qu'on se prend sur le haut de la tête et qui ruisselle jusqu'en bas. Un énorme monolithe longtemps indiscernable, d'une densité opaque déstabilisante, qui ferait passer du Defeated Sanity dans un genre très très similaire pour quelque chose de presque léger. Par contre accrochez vous, nos Australiens sont pas du genre à donner des points de repère, chose qui les rapproche on ne peut mieux des allemands cités trois lignes au dessus. On subit "Misery", on se fait rouler dessus par chaque accélération, on est drapés dans cette ambiance incroyablement sombre pour ce genre de Brutal Death, on reste constamment bloqués avec la bave aux lèvres quand on tente de déchiffrer les parties de guitare et de batterie, d'un coup on se convulse au son de riffs groovies surpuissants qui rempilent vite sur du velu et du bestial ("The Promethean Altar"). Bref, la routine du genre quand il est fait au mieux par les meilleurs.
Par contre, un reproche qu'on pourrait faire à l'album c'est ce chant. Oh oui la performance est bonne. Ces GLLLUUUUURK UIIIIRK GRGLGLGLGL dégueulasses sont des plus parfaits, mais malgré la variété de registre (on note au moins 4 syllabes 'ttention) on regrette franchement de ne pas avoir affaire à un énorme growl massif qui aurait fait de "Misery" une version plus moderne et intense d'Incantation. Mais bon, on va pas non plus tirer la tronche hein. Quand on se fait à ce point enchaîner la gueule, qu'un monstre comme "Chthonic Gateways" nous tombe dessus entre ses passages supersoniques et discrètes harmoniques, pour se retrouver sur une "Megalith Of Despair" (les titres claquent bien comme il faut) mélodique et pesante, faible rayon de lumière perçant le ciel rouge sang vite annihilé et expédié en enfer... Voilà quoi. Disentomb en impose ici grave. On comprend notre douleur, on se fait traîner au milieu des sept cercles des enfers à grands coups de glaires et d'un mur de guitares et de blasts d'une densité effrayante, et on capitule.
Donc, les gens à la recherche d'une alternative plus Dark aux nouveaux leaders de Defeated Sanity savent désormais où se tourner. Ultra pesant, monstrueusement technique tout en restant bourbeux et avant tout Brutal, sentant la suie et les flammes, la souffrance et le mal. En mettant en retrait ses penchants Slam et en les intégrant de manière moins bovine à l'ensemble, en renforçant tout le côté Death Technique dans la veine de la période centrale de Deeds of Flesh, Disentomb a visé juste. En résulte un album assez énorme, qui concasse tout avec classe, qui n'oublie pas ses racines mais reste en constante ébullition et scotche du début à la fin. Bref, l'un des sommets du genre de 2014, se tenant fièrement sur le podium à côté de Gorgasm. Vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Brürgh : Brutal, pesant, technique et noir de chez noir, un must pour tous ceux qui aiment le blast et les glaires.
Tracklist:
1- The Genesis of Misery
2- An Edifice of Archbestial Impurity
3- Abomination Created Through Divinity
4- The Promethean Altar
5- Vultures Descend
6- Pyres Built From Their Severed Wings
7- Chthonic Gateways
8- Megaliths of Despair
9- Forced Adornment of the Funerary Crown
10- Sentinels of the Bleak