Un mec qui écrit des trucs.
Comment cet album il est cramé à des kilomètres. Haha, cette pochette quoi. Ce bon vieux Dan Seagrave qui s'éclate et nous envoie une illustration ultra typique comme il aime le faire. Le genre est ici totalement obvious vu comment ça pue l'hommage : Death Technique assez rugueux, des pointes de Suffocation, un peu occulte par moments, violent et sec, à la New-Yorkaise. Perdu.
Soul Rape, ça vient d'Italie, et c'est incroyablement particulier. C'est tout et n'importe quoi. C'est du Death Progressif qui part dans tous les sens et nous réserve une nouvelle idée saugrenue à chaque minute. Et donc cette pochette n'a tout simplement pas lieu d'être tellement elle induit en erreur. Les fans de Prog n'y feront même pas gaffe tellement on dirait une sorte de "Transcend the Rubicon" de jour, et les amateurs de gros Death qui tâche tomberont des nues en écoutant ce... Truc. Grave erreur qui vise donc pas du tout le bon public, comme si un petit malin s'était amusé à échanger les pochettes de Morbid Angel et Opeth, enfin vous voyez, ça colle juste pas.
Je rage. Grrrrrr. Pas content.
Sinon, voilà, à quoi on a ici affaire, et surtout, est-ce que c'est bien ? "Endless Reign" est un album incroyablement compliqué. Ultra complexe mais pas prise de tête, juste très étrange à aborder. Parce que bon sang que c'est pas commun un truc comme ça... En quelque sorte, on a pris un groupe de Death Technique en vogue, genre... Allez, soyons fous, Death. Du Death période centrale qui intègre à différents moments tout et n'importe quoi comme influences, des passages acoustiques, du chant clair ultra varié, bref, c'est le dawa. Bon. Abordons délicatement ce mastodonte.
On commence tranquillement par une "Endless Reign" tapageuse, morceau immédiat et efficace qui passe pas par quatre chemins. Et vas-y que ça Thrashe après cette longue intro acoustique + violons, que le chant principal crache et qu'on speede, et qu'au refrain une voix claire fait soudainement son apparition. Mais ici pas un chant clair Mélodeath à la con, nan, c'est du Power Metal qui fait YAAAAAAAH et c'est fun car inattendu. Par contre sur le morceau suivant ce même chant s'est muté en lignes bizarres Prog Metal assez insupportables entre deux Thrasheries, mais pour compenser on a Jeff Loomis en personne qui vient grattouiller tranquillou un solo de fou furieux. C'est que ce Death Pesto nous facilite pas la tâche dites moi.
Et on sait plus où donner de la tête. Entre l'intro horrifique kitsch du morceau portant le nom du groupe et ses quelques 9min tortueuses, une "Illusion & Sufference" qui commence en singeant Edge of Sanity pour embrayer sur un hommage intégral à Carcass, les accélérations violentes et soudainement on retombe en acoustique trop meugnonne... ARGH STOP. D'accord, ces ritals sont doués. Mais en l'état, perso, j'ai du mal. Parce que ça casse les neurones tout ça. Non pas que je sois juste un bourrin de base qui veut que du primaire et du sang, c'est juste que se la jouer expérimentale et partir dans toutes les directions à la fois c'est un art périlleux car quand ça manque de liant et de cohérence c'est juste douloureux à écouter.
Autant ça bute quand c'est ultra efficace (j'ai avant tout en tête le hit "Primordial Paradox" et la méga catchy "With My Fingers I've Touched Death" dont le début a quand même de trop gros liens de parenté avec une certaine "Endless Cycle of Violence" de Cephalic Carnage pour être honnête) autant on se perd là-dedans tant on a du mal à trouver ça naturel. "Endless Reign" a beau être incroyablement riche, balancer des idées à la pelle, foutre sans arrêt des passages hallucinants, faisant s'envoler la basse, pleurer les mélodies, avec une fougue rafraîchissante, il est loin de toujours retomber sur ses pattes. Autant la mixture est faite de manière virtuose, autant derrière le feeling a été mis à la porte et ça manque de naturel.
Et c'est d'un dommage. Bon sang, cet album, objectivement il tue tout. Toutes les 30sec il balance un plan de malade dans un style qui a rien à voir avec les 30sec précédentes. Une base Thrash/Death qui sait en foutre plein les mirettes, avec du Heavy Metal classieux, des inspirations Black, joué ultra concentré derrière ses lunettes. Mais ça me passe souvent au dessus. En fonction des écoutes. Après une bonne vingtaine d'immersions dans l'album, certaines fois j'ai juste les yeux dans les étoiles et je suis admiratif devant ce talent mirobolant, mais d'autres je fais une indigestion en 5min et n'y vois que des Legos de divers autres groupes assemblés tellement ça s'arrête jamais avec des transitions dignes des premiers Star Wars (pour dire : c'est parfois moche, gratos et ça a souvent aucune légitimité). Bref, "Endless Reign", si on veut se la jouer chroniqueur objectif, c'est super bon et c'est recommandable à tout le monde, mais la carte de la subjectivité me fait ressentir une certaine frustration.
Donc voilà. Ne vous fiez pas à la cover. Sous ses airs de Death ricain bas du front on est plutôt en face de l'album qu'aurait réalisé Chuck Schuldiner si il avait intégré Ne Obliviscaris et dégagé le violoniste. Cette comparaison n'a aucun sens et est donc on ne peut plus adaptée. Tentez l'aventure dans tous les cas. Priez pour être dans un jour avec, auquel cas "Endless Reign" vous laissera juste la bave aux lèvres devant tant de maîtrise et d'ingéniosité, juste estomaquant pour un premier album d'une formation quand même pas si jeune (7ans d'existence, une partie de l'album ici étant déjà présente sur un EP sorti il y a 5ans, naméo). Bref, soutenez Soul Rape, profitez en à ma place, car je sais que là-dedans, il y a de l'or si on extrait des trucs indépendamment. Dans tous les cas, on a ici un groupe des plus prometteurs qui nous réserve très probablement d'énormes surprises et qu'on verra sûrement en tête d'affiche de pas mal de trucs sous 3 ou 4ans si ils en restent pas là.
Violet : Aussi contrasté et hétéroclite que ma chronique. Chacun se doit de poser une oreille dessus pour se faire son avis. Ce Death Progressif ultra chargé et divers peut pas laisser indifférent...
Tracklist:
1- Endless Reign
2- Like the Serpent's Tongue
3- Illusion & Sufference
4- Soul Rape
5- Saudade de Morte
6- With My Fingers I've Touched Death
7- Gargoyles
8- Primordial Paradox