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jeudi 11 décembre 2014

Overkill + Destruction + Heathen + After All

Hof Ter Lo - Anvers (Belgique)

U-Zine

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Aaah, les joies de la Belgique ! Ses autoroutes merdiques, ses camionneurs qui vous coupent la route quand vous doublez (enfin, ça c’est partout, me direz-vous), vous arrosant copieusement au passage... et ses accidents qui vous bloquent près de 3 heures sur l’autoroute sous une pluie battante (vu le temps qu’on a poireauté, y’aurait pu avoir au moins un mort merde !). Autant dire que notre venue à Anvers pour la grosse affiche thrash belge de mars s’est vue fortement remise en cause. C’était sans compter sur des qualités de pilote hors pair qui nous ont permis d’atteindre notre Graal après moult péripéties. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour avoir notre dose de thrash mensuelle ? Mais hélas, cette fois, le retard ne fut pas sans conséquence. Au revoir After All, groupe culte de la scène thrash belge et premier groupe à l’affiche ce soir : lors de notre arrivée, le Hof Ter Lo est déjà aux couleurs de la Bay Area avec Heathen.

Heathen

Alors qu’on s’installe dans un Hof Ter Lo quasi-plein, les américains ont déjà presque terminé leur set. Difficile donc de juger un groupe sur deux morceaux vus, malgré la longueur de ces derniers. Malgré tout, ça m’a suffi pour constater une formation très bien rôdée sur scène, pas très mobile mais avec un vocaliste charismatique en la personne de David White. Le son est plutôt bon et permet de profiter agréablement du thrash à tendance mélodique de Heathen. Le public semble apprécier, sans pour autant que ce soit la folie dans la salle. La fin de setlist a donné une belle part au dernier album en date, « The Evolution Of Chaos », avec notamment un « No Stone Unturned » de plus de 10 minutes qui vient clore la prestation du groupe ! Bonne impression globale qui me donne envie de revoir un show complet des américains à l’avenir !

Destruction

Changement de décor pour ce qui est un des fleurons du thrash allemand : Destruction. Lights sombres, pieds de micro ornés de têtes de mort : on passe à quelque chose de plus evil, ou du moins, plus viril. Et en effet, le thrash des Destruction ne fait pas dans la dentelle et dès le départ les teutons envoient le boulet avec deux titres old school, « Curse The Gods » et « Mad Butcher ». Le public réagit bien, les tignasses se remuent, les vestes à patches fusent dans la salle. Quelques pogos seront déclenchés, mais ça restera finalement assez tranquille.
Le groupe a fait l’effort de contenter tout le monde avec une setlist piochant dans toutes les périodes de sa carrière (de « Bestial Invasion » à un « D.E.V.O.L.U.T.I.O.N. » en hommage à la catastrophe japonaise), sans omettre d’inclure quelques nouveautés (« Armageddonizer », « Hate Is My Fuel ») qui me paraissent plus convaincantes en live que sur le très moyen « Day Of Reckoning ». Marcel Schirmer, frontman de cette formation, s’en sort très bien et dynamise le show, alors que le vétéran Mike Sifringer semble un peu plus en retrait, jouant le répertoire de Destruction comme il faut mais sans ce petit plus de communication envers le public.

La musique des allemands étant assez monotone, on n’échappe malheureusement pas à la lassitude, qui s’installe à peu près vers la moitié du show. Là où un Kreator possède de multiples brûlots permettant de relancer la machine, Destruction ne semble pas avoir la même force. Là où un Sodom se démène et s’amuse pour délivrer une putain d’énergie rock’n’roll, dans la même configuration Destruction nous semble bien statique. Au final, on passe un bon moment, mais on aurait aimé en voir plus d’un groupe de cette trempe, qui sur ce que j’ai vu récemment en live est à des années lumières de ses compatriotes précités.

Setlist Destruction : 

Curse The Gods
Mad Butcher
Armageddonizer
Tears Of Blood
Thrash Till Death
D.E.V.O.L.U.T.I.O.N.
Bestial Invasion
Soul Collector
Hate Is My Fuel
Nailed To The Cross
Outro


Overkill

Les groupes cultes s’enchaînant les uns après les autres, voici que débarque un des initiateurs du mouvement thrash metal, j’ai nommé Overkill. Sauf que contrairement à la prestation de Destruction, celle des américains va sonner comme une claque impitoyable à mes oreilles, si bien que je peux dire que lors de cette soirée, Overkill a définitivement conquis un fan : votre serviteur. Ne connaissant pas très bien la carrière de Destruction comme d’Overkill, je mettais les deux groupes sur un pied d’égalité. Je dois reconnaître que je m’étais bien trompé, et dès le départ, le public me montre qu’on a affaire à un groupe trois crans au-dessus du précédent : très resserrée, la foule jusqu’alors relativement tranquille entre totalement en ébullition pour les thrashers américains.

Et l’entrée en matière, progressive et faisant monter la pression, ne va pas me contredire : la salle devient folle, les slammeurs s’enchaînent dès le début de « The Green and Black », et la fosse sera constamment active. Le groupe se montre très communicatif avec des musiciens qui ont une certaine classe et sont tout le temps en train de venir voir le public, et un vocaliste, Bobby "Blitz" Ellsworth, qui incarne à lui seul le groupe. Si le physique de ce dernier (il est vraiment tout sec !) peut faire sourire ; son charisme, ses capacités vocales et son attitude scénique en revanche ne souffrent d’aucune contestation possible ! Un peu poseur sur les bords quand même, il passera son temps à parler avec le public, jouer avec son pied de micro. Il semble être un grand adepte du « je me casse pendant les parties instrumentales pour courir comme un dératé vers mon micro pile au moment où je dois reprendre le chant », ce qui fait son petit effet et permet de laisser plus de place aux autres musiciens pour s’exprimer. Et puis, quelle putain d’énergie sur scène !

Ce qui marque aussi, c’est le nombre de tubes que comporte la discographie d’Overkill : c’est simple, je n’ai entendu qu’une fois la plupart des titres, et c’était comme si je les connaissais par cœur ! Ainsi, le groupe possède avec un « Rotten To The Core », ou les plus rock’n’roll « Wrecking Crew » et « Old School » des titres capables d’apporter de très grands moments au sein d’un show. La setlist était à ce titre tout simplement remarquable : le dernier album a été joué dans ses grandes lignes, mais on a également eu droit à tous les titres forts de la carrière des américains (à part peut-être « Powersurge »…) avec un son clair, limpide, proche de la perfection.

Un show intense et qui n’en finit plus, puisque la formation part après un set déjà bien complet… pour revenir nous asséner lors d’un premier, puis deuxième rappel « Deny The Cross » et l’excellent « Elimination » qui m’a fortement fait penser à « Caught In The Mosh » d’Anthrax… D’ailleurs, tiens, pourquoi ce groupe est-il situé parmi les seconds couteaux du thrash ? Comment a-t-il pu louper le train du Big Four ? En tout cas, le concert s’achève sur un final jouissif avec l’exutoire « Fuck You » et un Bobby Ellsworth qui termine en slammant dans le public ! Honnêtement, le meilleur concert de thrash (avec Sodom) auquel j’ai eu l’occasion d’assister. Respect messieurs !

Setlist Overkill : 

The Green And Black
Rotten To The Core
Wrecking Crew
Infectious
Bring Me The Night
Bastard Nation
Hammerhead
Ironbound
Blood Money
Endless War
Hello From The Gutter
Give A Little
Necroshine
Old School
Rappel : Deny The Cross
Elimination
Rappel 2 : Fuck You


Malgré un concert de Destruction assez décevant, ce fut au final une très bonne soirée en compagnie d’Overkill, groupe qui malgré de nombreux fans n’est pas à la place qu’il mérite dans le gratin du thrash metal. Ce fut furieux, rock’n’roll, avec de la bonne humeur au rendez-vous en prime… que demander de plus ? Bref, ne cherchez plus le remède anti-crise : allez à des concerts de thrash !