Entombed + Manifest
Hulen - Bergen - Norvège
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Il y a des concerts qui nous marquerons et nous hanterons jusqu'à la fin de nos jours... Le live-report qui suit narrera mon expérience avec ce concert en terre norvégienne des maîtres du death à la sauce suédoise : Entombed. Et quoi de mieux pour pimenter cet évènement que d'avoir affaire au tout nouveau line-up à cinq du combo (avec une vraie section rythmique donc!) dans une salle très atypique de ce que l'on peut avoir dans nos contrées françaises (j'y viendrais plutard!) et le tout dans la ville renommée pour ses formations Black Metal : Bergen. U-zine y était!
Il est aux environs de 19h30 en ce jeudi 24 février quand votre reporter sans frontières arrive, ticket de concert en poche, au Hulen et grande surprise ... rien Nada, pas même un programme. Juste une grille fermée, personne à qui demander des renseignements...
Que faire? Regarder la pluie tomber sur soi? Non, mauvaise idée! Ha, tiens, un panneau! Peut être des explications!
Bon, ça devrait ouvrir à 21h! Puis, le fonctionnement de la salle est un peu comme une boîte de nuit mais en mode inversé si j'ai bien compris. Intriguant tout ça! C'est donc le moment d'aller siroter une bonne pinte au Garage (bar mythique de Bergen) et de revenir à la bonne heure.
21h pétantes, la grille ouvre, nous laissant entrer dans cette sorte de galerie souterraine éclairée par une rangée de bougies de chaque côté et de cierges enfoncés dans des bouteilles accrochées aux parois de la grotte. C'est le moment de se prendre une bière au prix prohibitif et de se poser avant les hostilités. Une ambiance vampirique se dégage par tout ces cierges apposés ça et là. On apprend par la suite que la salle était auparavant un ancien abri militaire, pas étonnant! En bref, un très bon contexte pour apprécier un concert de Metal avec ce grand "M" majuscule!
La Hansa (bière locale) passe bien, le DJ mène son "deathfloor" de mains de maîtres...et un brouhaha distordu se fait entendre de la pièce d'à côté, cela ne peut être que la première partie!
Manifest :
Manifest entre en scène aux alentours de 22h30, le chanteur répète une sorte de gargarisme sur fond de bordel sonore pendant l'intro Letter from The Grave. Cela n'augure que de la surprise pour la suite. Le reste sera un véritable déploiement d'énergie de la part de chaque membre (mis à part le bassiste qui boudera dans son coin tout le long du set). Le gratteu ne cessera d'headbanguer, de prendre des poses héroïques à la Dimebag Darrell ou Dave Mustaine, ça se sent à dix kilomètres à la ronde. A tel point que son jeu et son son de guitare en sont véritablement influencés.
Le chanteur, lui, est une véritable boule de nerf sur pattes et fait très bien transpiré l'intensité des morceaux, tous plus ou moins dans la même veine et construit sur un schéma assez similaire.
Les refrains sont de véritables condensés de puissance et de vivacité (à l'image d'un "Irreversible" ou encore "Tonnie von Adelaine"). La voix du leader au crane rasé charpente très bien tout le reste. Elle peut tantôt faire penser à un certain Môssieur Anselmo sur les passages plus léger ou adopter un style un peu plus "Barney-esque" dans certains blasts ou se faire tout simplement death.
La base rythmique basse & batterie est bien en place si l'on passe outre les pains habilement camouflés du batteur. Le son dans l'ensemble est bien géré à la console de mixage, chaque instrument ressort du son en facade sans empièter sur les plates bandes d'un autre. On assiste à un concert bien agréable dans l'ensemble malgré le manque flagrant d'originalité. Leur mélange de thrash/death puise sans remords du Pantera, du Sepultura ou encore du Slayer assaisonné de saveurs plus modernes à la Lamb of God . Rien de bien novateur certes, mais un concert chaleureux et vigoureux qui mettra en appétit une assistance de 70 personnes à tout casser. Il faudrait que je trouve leur petit dernier "Written in Blood" d'ailleurs!
Setlist Manifest :
Letter From the Grave
Irreversible
A .45 to pay the Rent
Food for Flies
The Worst is yet to Come
Swine
Tonnie von Adelaine
Lullaby (Bedtime for Bastards)
Third eye Ricochet
Manufactured Lie
Savage
Bière torchée, clope fumée et on retourne dans l'antre maléfique avec une autre bière à la main parce que ce soir c'est Entombed!
Entombed :
ENTOMBED! Que dire de plus? Quiconque ayant assisté à leur déferlante death'n roll saura que l'on tend toujours l'autre joue pour se prendre la prochaine baffe! Les bougres entrent en scène sur la douce intro de l'hymne Serpent Saints. On libère la pression des heures passées dans les transports fredonnant les paroles à l'unisson en compagnie du maestro LG Petrov. Première surprise, le groupe retrouve un line-up à cinq! L'ancien bassiste (depuis 2006) Nico Elgstrand passe à la guitare rythmique et Victor Brandt vient tenir la basse comme il a eu l'occasion de le faire sur la tournée de The Age of Nero avec Satyricon.
Cette nouvelle mouture du groupe n'augure que du bon pour la suite. La base rythmique s'en retrouve vraiment consolidée, voire même convexe là où le duo basse-batterie pouvait paraître un peu concave durant les solos diaboliques d'Alex Hellid. D'ailleurs, m'étant positionné devant le gus, j'ai vraiment été captivé par la précision à la limite du robotique de son jeu. Et vas-y que je cale mon pied sur la pédale wha, que je te mette un autre effet, le tout en jouant et en assurant les choeurs. Je n'avais jamais été autant bluffé par son jeu durant les six occasions qui m'ont été donné de voir Entombed, voilà c'est fait! Le petit nouveau lui aussi est tout à son honneur. Victor n'hésitera pas à venir taper la pose, pied sur le retour en front de scène , headbanguer à côté de ses nouveaux confrères musicaux le tout dans la bonne humeur générale.
La setlist est comparable à une véritable croisière, n'ayant comme point d'attache aucun album en particulier. Elle naviguera principalement parmi les quatre premiers albums (Left Hand Path, Clandestine, Wolverine Blues et DCLXVI: To Ride Shoot Straight and Speak the Truth) avec au minimum trois chansons de chacun d'entre eux tout en reniant, non pas les plus insipides, mais les albums les moins valorisants pour le combo en live. Même si je n'aurais pas été contre quelques morceaux de Same Difference ou du Inferno au hasard.
L'auditoire est aussi froid que le climat et il n'y aura pas plus de monde que pour le premier groupe. Ce n'est pas vraiment un mal, on se sent vraiment à l'aise et pas vraiment oppressé.
L.G. Petrov, alias le capitaine à bord, a toujours cette candeur alcoolisée sur scène et c'est sans doute l'un des ingrédients qui fait qu'Entombed ne perd jamais cette fraîcheur liée à une folie indéniable sur scène. Le bougre est d'ailleurs toujours autant en voix et y va de son petit commentaire incompréhensible (pour les français arrogants que nous sommes!) entre les morceaux.
On s'en tirera tout de même avec plus d'une heure et demie de show des suédois, qui aura encore une fois passé en ayant cette impression de n'avoir eu le temps de cligner de l'oeil. Le groupe vient saluer son public comme à la fin d'une représentation théâtrale et L.G., attiré comme un papillon de nuit à une lumière, aura essayé de filer directement au bar. C'était sans compter les habituelles poignées de main et autres discussions avec les fans.
Setlist Entombed ("Pan dans ta gueule"):
Serpent Saints
Masters of Death
Chief Rebel Angel
I for an Eye
Supposed to Rot
Revel in Flesh
To Ride, Shoot Straight and Speak the Truth
Like this with the Devil
When in Sodom
In the Blood
Out of Hand
Left Hand Path
Eyemaster
Stranger Aeons
Damn Deal Done
Crawl
Wolverine Blues
En bref, une première partie pas originale pour un sou mais franchement agréable à regarder. Un Entombed remanié en très grande forme qui nous aura servi du tube et encore du tube. Il manquait un "Night of the Vampire" et l'osmose entre l'atmosphère de la salle, le groupe et le public aurait atteint son apogée. Ce concert était déjà grand!
Un grand merci aux collègues de voyage, aux groupes, à la salle et son personnel ainsi qu'au photographe pour ses clichés (lien en dessous)!