Melechesh + Noctiferia + Svart Crown
Le Trix - Anvers (Belgique)
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Hraesvelg : « C’est loin, mais c’est beau !» s’extasiait, il fût un temps, un certain Jacques C. et il faut bien avouer que tout mythique que soit le nom du Hof Ter Lo pour quelqu’un habitant à 615 km de là, tomber sur une salle coincée entre voie express, et gare ferroviaire, et arriver sur place pour s’apercevoir que le concert se tiendrait au Trix – soit la petite salle au dessus ... « du brun !!! »
En même temps, la raison de ma venue n’était pas le tourisme mais les groupes présents à l’affiche au lendemain du Mass Deathtruction, Melechesh promettant par ailleurs un show spécial pour la sortie du somptueux « The Epigenesis ».
David : Une semaine tout pile après avoir vu une vague thrash déferler sur l’Hof Ter Lo, c’est juste au-dessus, dans une toute petite salle nommée le « Trix », que nous nous retrouvons pour l’ultime date de la mini-tournée de Melechesh. Au programme, du moins en théorie : un show spécial d’1h30 contenant des morceaux joués exclusivement pour l’occasion par le groupe.
Après plus de quatre heures d’attente dans un parking sordide (chez U-zine, la ponctualité, on connaît !), nous constatons à l’entrée que les organisateurs ont eu vent de l’échec de certaines des dates précédentes, puisque le « Trix » a pour l’occasion été réaménagé pour cloisonner l’endroit en un espace d’une capacité maxi de 80 personnes environ. Ça promettait une ambiance intimiste pas désagréable !
Svart Crown
Hraesvelg : Honte à moi ! Ce n’est pas faute d’avoir vu leur nom circuler dans l’Ouest mais il aura fallu attendre la chro d’un collègue pour que je m’intéresse enfin à ce groupe. Je ne connaissais donc que leur tout récent « Witnessing The Fall » dont les aspects les plus subtils passent largement l'épreuve des planches, ce qui ne me paraissait pas un pari gagné d'avance eu égard à la complexité de certains titres. Le groupe ne se contente pas de jouer ses morceaux "bien", il les joue aussi "vite et fort", visiblement animé par l'envie de botter des culs. Le public rentre bien vite dans le jeu du chanteur qui le harangue, Svart Crown sortant de scène sous des applaudissements prolongés.
David : Depuis le temps qu’on me dit que Svart Crown, c’est de la bombe, qu’il faut absolument voir leur live, que leur album « Witnessing The Fall » est excellent, toussa… fallait bien que je vienne enfin un jour m’en rendre compte par moi-même ! Je pensais (à tort !) avoir en face de moi un clone musical de Behemoth, et il n’en fut rien. Le groupe nous livre un death teinté d’un peu de black, des compositions qui sont relativement complexes mais ne manquent pas de passages groovy qui n’ont qu’un seul objectif : briser des nuques !
Le groupe, malgré le peu de monde, semblait très motivé et livre une prestation plus que convaincante, avec des musiciens très carrés et un frontman, JB. Le Bail, qui hurle avec conviction. Plus le set avance, et plus les présents, au départ circonspects, applaudissent le groupe entre les morceaux. Dommage que la salle n’ait pas jugé utile de proposer aux groupes de la soirée des lights dignes de ce nom, ça aurait certainement mieux servi la prestation de Svart Crown (valable aussi pour les autres groupes de la soirée). Bon, il est où le stand de merch que je me prenne « Witnessing The Fall » ? Ah merde c’est vrai, je suis fauché, pour changer !
Noctiferia
Hraesvelg : Si les frenchies avaient fait directement monter la température, les slovènes ont eu toutes les peines du monde à éviter que le soufflé ne retombe. Pourtant leurs morceaux sont rythmés, énergiques et les musiciens ont de la bouteille mais musicalement le combo ne joue pas dans la même catégorie que ses camarades en terme de variété, rapidité, technicité ... et l'intérêt du public tiens plus de l'écoute polie que de l'engouement véritable.
David :Noctiferia… Je pensais connaître un peu le groupe, jusqu’à ce qu’un ami dans la salle me fasse remarquer que je les confondais avec le groupe de black français Mortifera… Retour à la case départ donc, pour ce groupe Slovène dont je ne connais absolument rien, si ce n’est sa nationalité. Lorsque le groupe arrive sur scène, le look des zicos me laisse perplexe : un vocaliste à dreads avec un tattoo tribal, des musiciens avec des pantalons bouffants « hippie style »… ça sent le Soulfly à plein nez ! Et bingo… ou presque ! Les Slovènes pratiquent un genre de néo/thrash tribal avec des touches d’indus, efficace certes mais un peu en décalage avec les groupes de la soirée. Par conséquent, le groupe n’obtiendra pas de nombreux suffrages de la part du public, qui se contente d’applaudissements polis.
Il y a pourtant des choses intéressantes, il faut avouer que c’est quand même plus brutal que n’importe quel projet de Max Cavalera et que « Roots » de Sepultura, que le vocaliste est convaincant, le groupe semblait également très motivé (c’est tout à leur honneur devant une assemblée aussi apathique)… C’est également sympatoche ces percus tribales, même si honnêtement ça apporte plus visuellement que musicalement… Mais globalement, l’audience n’aura pas accroché, moi y compris. Ca fait trop « Soulfly avec de l’indus » pour me convaincre. Dommage pour les membres du groupe qui auront avalé pas mal de kilomètres pour faire cette tournée.
Melechesh
Hraesvelg : Si le groupe semblait manifestement déçu de la faible affluence à l'issue du concert, il n'en a rien montré tout au long du set qui, côté public, a tout eu du souvenir impérissable : des titres du nouvel album interprétés de façon magistrale par un Melechesh qui joue "dans ton salon", ce n'est certainement pas en fest que l'on pourra revivre ce genre d’expérience. Certains titres risquent bien de ne plus jamais êtres réinterprétés dans les versions présentées ce soir, notamment un impressionnant "The Epigenesis" dont l'intro au Bouzouki est jouée par un Moloch si proche que l'on pouvait le toucher. J'ai coutume de dire que les absents ont toujours tort, mais cette fois-ci les quelques happy fews qui ont eu la bonne idée de faire le déplacement ont réellement assisté à quelque chose d'unique, à une véritable communion qui s'est achevée sur un "Rebirth of the Nemesis" des familles après une heure de show qui est passée trop vite.
David : Si le groupe pouvait être déçu par le nombre de présents ce soir (y’avait 40 personnes à tout casser), en ce qui nous concerne, le contexte aurait plutôt de quoi enthousiasme n’importe quel fan ! Imaginez-vous juste un peu, un de vos groupes favori jouant dans une toute petite salle, et presque exclusivement pour vous, la sueur des musiciens pouvant presque vous atteindre… C’est exactement ce qui s’est passé ce soir, et pour un amateur du combo « multi-nations » (plusieurs nationalités sont représentées dans Melechesh) comme moi, la soirée a juste été exceptionnelle !
Le groupe démarre par un nouveau morceau, « The Magickan And The Drones » (amputé de son introduction), et la magie opère presqu’immédiatement : les mélodies arabisantes de Moloch et Ashmedi nous font voyager vers un désert tantôt tumultueux, tantôt paisible, mais toujours agréable… Etant placé juste devant l’ampli de Moloch, j’étais tellement transporté par ce sens du riff si cher à Melechesh que j’en sentais des grains de sable dans le visage. Logiquement, l’album « The Epigenesis » est très largement représenté, et permet grâce à ses subtilités de mettre en avant les compétences de musicien de chaque membre du groupe. Particulièrement impressionnant, Xul, le batteur, aura encore une fois livré une prestation de haut vol, que ce soit dans les moments plus ambiancés ou les accélérations que comporte la musique de Melechesh.
C’est avec plaisir qu’on retrouve des titres un peu plus vieux comme « Ladders To Sumeria » ou le très dansant « Triangular Tattvic Fire », sur lequel j’aurais bien effectué une danse du ventre, mais un accès de timidité aura eu raison de ma folle envie de zouker. L’autre grand moment de ce set fut également « The Epigenesis », morceau de bravoure de plus de douze minutes, joué ici dans sa version intégrale, au cours duquel j’ai pu constater que je n’étais pas le seul à être complètement tombé sous l’emprise de Melechesh. C’est pas demain la veille qu’on entendra à nouveau cette chanson en live… Juste génial.
Le set s’achève avec un « Rebirth Of The Nemesis » qui enflammera les privilégiés (oui, je me sentais privilégié ce soir) qui se sont déplacés… Quoi ? S’achève ? Déjà ? Mon côté tatillon me fait regarder mon portable… Une heure de jeu. Il était prévu 1h30 sur l’annonce de la tournée : on nous aurait menti ? J’aurais tort de chipoter vu le moment exceptionnel passé, mais j’en aurais bien repris une petite lichette…
Setlist Melechesh :
The Magickan And The Drones (Edit)
Sacred Geometry (Edit)
Ladders To Sumeria
Grand Gathas Of Baal Sin
Triangular Tattvic Fire
The Epigenesis
Ghouls Of Niveneh
Rebirth Of The Nemesis
Nous repartons de ce show totalement conquis par le « mesopotamian black metal » de Melechesh, mais interloqués par le peu d’affluence sur cette tournée : comment expliquer un tel désertage ? la venue du groupe en compagnie de Nile en février ? Les absents peuvent en tout cas se mordre les doigts d’avoir loupé une telle prestation. Rendez-vous en février !