Bonecrusher Fest
Trabendo - Paris
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De plus en plus de tournées européennes rassemblent des groupes qui n'ont rien avoir musicalement et idéologiquement. Le but cherché étant de limiter les risques d'affluence faible au concert, tout en ne proposant pas des têtes d'affiche d'un très grand standing et donc, une grosse quantité de "petits" ou "moyens" groupes. Tel fut encore le cas pour cette tournée Bonecrusher Fest, avec des groupes vraiment différents : The Black Dahlia Murder, 3 Inches Of Blood, Necrophobic, Obscura, The Faceless, Carnifex et Ingested. 7 groupes, qui sont ainsi passés au Trabendo de Paris en 5 heures 20. Vous avez fait le calcul ? Les premiers groupes n'ont pas joué très longtemps...
Ingested
C'est dans un Trabendo plutôt plein (550 spectateurs) qu'Ingested a investi la scène. Les death coreux anglais ont livré un bon concert en dépit de leur temps de passage raccourci de 20 minutes. C'est surtout grâce à leur leader Jason Evans que le groupe a pu convaincre le public coreux s'étant déplacé. En effet, il n'arrêtait pas de bouger, de motiver le public, à la manière d'un Trevor Strnad (The Black Dahlia Murder). Le groupe a bénéficié d'un son plutôt bon, donc au final, leur prestation s'est avérée convaincante, même si musicalement, ce n'est pas du tout mon style.
Carnifex
Pour moi, ça a été la surprise de la soirée. Comme pour Ingested, je ne suis pas du tout amateur de deathcore, mais il faut avouer que le groupe a montré des qualités sur scène. Dans le public, la réaction a semblé être la même, avec beaucoup de mosheurs bougeant dans le pit, et même des moments où le refrain (plutôt le titre des morceaux) était scandé par celui-ci.
Avec aussi 20 minutes au compteur, on pourra retenir du groupe son intensité et sa diversité musicale (beaucoup de changements de rythmes, des petites touches musicales empruntées à d'autres styles de Metal). Une très bonne impression !
The Faceless
Cette fois-ci, en album, le groupe me contente plus. Et là, à mon grand étonnement, The Faceless ne m'a qu'à moitié convaincu. Certes, leurs guitaristes, leur batteur sont très bons (Michael Keene étant même très facile à la guitare), mais leur prestation a pu paraître fouillis. Moins d'énergie que Carnifex et plus de technique ont fait que le public s'est un peu calmé. Là encore, les 20 minutes de passages ont pu sembler courtes, et il faudra revoir le groupe plus longuement la prochaine fois. Comme Carnifex, ça tombe bien, ils passeront au Hellfest 2010.
Obscura
C’est au tour d’Obscura, groupe allemand provenant de Bavière de monter sur scène. Les 5150 sifflent à tout va, on ne peut que s’attendre à du gros son.
C’est devant un public relativement calme mais enthousiaste que le groupe va se produire durant 25/30 minutes. D’une grande technicité, sans ne jamais oublier la mélodie, Obscura nous offre des chansons d’une remarquable musicalité.
Il suffit de s’intéresser au nom du guitariste soliste pour comprendre les principales influences du groupe. En Effet, Christian Muenzner est l’ancien guitariste de Necrophagist. Et il est vrai que certaines chansons comme « Universe Momentum » utilise des arpèges que l’on pourrait tout à fait retrouver dans une chanson de son ancien groupe. Le groupe passe majoritairement en revu les chansons de leur dernier album « Cosmogenesis » sorti en 2009 dont « Universe Momentum », « Anticosmic Overload » ou bien encore « Desolate Spheres ».
Cependant, le son de la batterie couvre souvent les guitares, et l’abus de la double pédale lorsque la balance est douteuse rend la musique un peu brouillonne live (ce qui ne remet pas en cause l’immense qualité de batteur de Hannes Grossmann (ex-Necrophagist lui aussi)). Une bonne surprise au final.
Michaël.
Necrophobic
Après 4 groupes orientés vers le death metal, voici venir les suédois de Necrophobic et leur black metal avec peu de blasts. Dès l'arrivée des membres du groupes, on a pu constater que certaines personnes du public se sont moquées de leurs accoutrements. Voilà une chose à condamner, preuve d'immaturitéde leur part... Qu'importe, le groupe qui a mis un peu de temps à bouger le public, a fini par réussir ce qu'il avait entrepris : retourner le Trabendo avec leur style atypique dans cette affiche. 40 minutes, 7 morceaux joués dont "Nocturnal Silence", "Revelation 666", "For Those Who Stayed Satanic", "Death to All", "Blinded by Light, Enlightened by Darkness" et un épisode aussi humoristique que tragique :
Le leader Tobias Sidegård est parti en coulisses à la fin d'un morceau, pour revenir avec un drapeau (voir photos). Il l'a brandi au dessus des premiers rangs, mais quelques "malins" ont cru bon de l'attraper et de tirer dessus. Si bien que la partie supérieure du drapeau s'est décrochée et est tombée dans le public. Tobias Sidegård, énervé, a sauté dans le public pour récupérer son drapeau, insultant ceux qui avaient commis ce crime de lèse majesté. Il est remonté sur scène en colère, mais ça a surement été bonifiant pour la fin du show, excellente. Les suédois ont dit qu'ils reviendraient prochainement, mais malheureusement, ne nous faisons pas trop d'illusions, il va falloir attendre longtemps ! Dommage, puisqu'il s'agissait de leur 1er concert en France en 21 ans d'existence. Le concert de la soirée pour moi, malgré le fait que la salle soit un peu vidée à ce moment là.
3 Inches Of Blood
Nouveau changement de registre, pour se tourner vers le thrash - heavy du Canada : 3 Inches Of Blood effectuait aussi son premier concert en France, depuis sa formation en 1999. Là encore, le public, majoritairement death coreux, s'est trouvé face à un mur : le chant très aigu du frontman Cam Pipes... Mais passé ce cap et en rentrant bien dans la musique thrash tintée d'influences heavy (Iron Maiden par exemple), le public a semblé prendre du plaisir. Le groupe s'est fait plaisir, ça s'est vu et a semblé être satisfait de l'accueil réservé. Il faut dire que le fait que Pipes parlait français (étrangement français, pas avec l'accent québécois) a facilité les choses. De mon point de vue, j'ai davantage pris du plaisir sur les morceaux du dernier album, Here Waits Thy Doom, tels "Battles and Brotherhood", "Call of the Hammer", "Silent Killer", que sur les vieux morceaux. Les 40 minutes allouées ont été bien remplies, et il semble acquis que le groupe n'a pas laissé les gens indifférents.
The Black Dahlia Murder
Il est vingt-deux heures, les travées du Trabendo se vident légèrement après le show de 3 inches of Blood et Necrophobic. La fosse quant à elle est bien remplie, prête à tout donner, un effort final.
Après une courte période de balance majoritairement effectuée par les membres du groupe eux-mêmes, le show est lancé tambours battants par un bon vieux « Funeral Thirst ». Directement enchainé avec un « Necropolis » et « A vulgar picture ». Premier constat, le groupe ne perd pas de temps en causerie entre deux chansons. On est loin d’un Anders Friden ou d’un Robb Flynn. Trevor ne fait pas de longs discours, mais ses mouvements épiques et ses qualités vocales comblent aisément ce manque de proximité avec le public.
Côté son, tout est vraiment bien réglé, bien qu’en fosse la guitare de Ryan Knight soit sous mixée. Néanmoins, ce dernier nous prouve encore une fois à quel point le groupe n’a pas perdu au change lors du départ il y a quelques mois de John Kempainen, l’un des cadres du groupe et guitariste soliste. Le transfuge d’Arsis nous bluffe tous notamment sur les solos en tapping d’ « I Will Return », et de « Black Valor ». De son côté Shannon nous rappelle ce que « vélocité » signifie en labourant de tout son cœur les futs et par un jeu de double pédale toujours aussi affuté.
Le groupe passe en revue les principales chansons de leur dernier opus avec "Christ deformed", "Denounced, Disgrace" ou bien encore "Black Valor". Globalement, le nouvel album rend bien en live, surtout la dernière citée. Néanmoins, nul ne pourrait être rassasié sans la pléthore de chansons mythiques du groupe. Ils nous gratifient dès lors des classiques "Deathmask divine", "Miasma" sans oublier « What a horrible night to have a curse », chanson de prédilection pour perdre esprit, dents et amour propre.
La bonne ambiance est de rigueur, des membres des précédents groupes de la soirée restent derrière la scène et en profitent pour slammer à côté de jeunes irréductibles gaulois. Le public, bien que ne semblant pas très connaisseur apprécie le show et prend de plein fouet la déferlante de décibels. On peut néanmoins reprocher le manque de mouvement des membres du groupe hormis Trevor qui ne cesse de se déchainer et de battre la mesure poings levés.
Le groupe finit dans l’apothéose la plus complète en jouant « I Will Return », probablement l’une des meilleures chansons du groupe. Alors que tout le monde s’attendait au classique et indémodable « Statutory Ape », il semble évident que le groupe a voulu axer sa playlist sur le dernier album Deflorate.
Après leur bonne prestation au Hellfest en juin, The Black Dahlia Murder confirme qu’il est l’un des groupes majeurs de cette scène death mélodique américaine. Espérons qu’ils fouleront de nouveau notre terre de France dans les mois qui viennent afin de nous faire vibrer, comme ce samedi 30 janvier. Le concert de la soirée de mon côté.
Michaël.
Setlist : 1) Intro - 2) Funeral - 3) Necropolis - 4) A Vulgar Picture - 5) Everything Went Black - 6) Black Valor - 7) Christ Deformed - 8) Closed Casket Requiem - 9) What a Horrible Night to Have a Curse - 10) Denounced, Disgraced - 11) Deathmask Divine - 12) Miasma - 13) I Will Return