Anti-Flag + Alexisonfire + Four Year Strong + The Ghost of A Thousand
L'Elysée Montmartre - Paris
U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Festival de poche pour marque de bagagerie, l’affiche de cette soirée était un peu à l’image de ce qu’offre la marque américaine. Une résistance et une imperméabilité à tous les étages et une forme de contestation incarnée par la tête parfois pensante d’Anti-Flag. Vingt ans que la formation traîne son discours à travers la planète et éprouve encore le besoin de s’égosiller sur les inégalités de ce monde. Car si le groupe a une nouvelle fois trouvé de quoi déblatérer, il en fut tout autant pour les Canadiens d’Alexisonfire bien en jambes et les pétillantes pousses de The Ghost of A Thousand ayant explosé littéralement à la face du boulevard de Rochechouart.
Attitude effrontée dès les premiers instants, les Anglais de The Ghost of A Thousand ont pris un malin plaisir à surprendre tout l’assemblée avec leur Rock n’ Core vrombissant interprété sur le fil du rasoir. A grands coups de « Bright Lights » et autres « Black Art Number One » à gorge déployée, la formation s’est offert un beau petit espace scénique malgré des problèmes de son récurrents et la manifestation des décibelles un brin rebelles.
L’euphorie des premières « surprises-party » à peine retombée, l’assemblée se prendra ensuite au jeu de Four Year Strong l’instant de quelques minutes avant d’en conclure que leur pop punk mélodique est un brin trop doux pour l’affiche de ce soir. Exit les castagnes en rang serré de The Ghost of A Thousand et bonjour aux campus de l’état du Massachusetts pour une prestation plutôt décousue et très peu passionnante. Armé de titres montés sur roulettes (« Bada Bing Wit’ A Pipe »), Four Year Strong ressuscite l’univers des New Found Glory avec une certes bonne dose de fun mais en collant à sa musique des éléments très peu utiles – on pensera notamment à la partie de claquettes électroniques dispensables du claviériste Josh Lyford. De la kermesse à domicile pas forcément adaptée aux plus de vingt ans pour un show bien peu polisson et grandement brouillon.
Il aura fallu la présence d’Alexisonfire revenu aux affaires après la sortie de Young Cardinals pour réveiller le public de sexagénaires averti que comptaient les premiers rangs de l’assemblée. Non, il ne sera pas question de filer au bar, surtout pas dès lors que s’annoncent les toutes premières notes de « Boiled Frogs » et les quelques pépites de leur précédent Crisis. Un album largement bien représenté sous les quelques lueurs timides de l’Elysée Montmartre. Quelques cavalcades plus tard et l’on retrouve le charme opérant de Georges Pettit et Dallas Green pour un « Young Cardinals » que l’on sent mieux rôdé que la majeure partie des titres interprétés ce soir-là. La voix du dernier ayant encore pris pour d’ampleur pour le plus grand bonheur des fans de City And Colours et la tournure des nouvelles compositions.
Un conglomérat de chansons bien amené par le groupe dans le fond et la forme pour ce qui ressemble désormais à un exercice de style juste et droit pour les natifs de l’Ontario.
Final en pied de nez et le poing levé, c’est à Anti-Flag qu’est revenu l’honneur de clore cette affiche loin d’être complète et fracassante. L’honneur de pouvoir une nouvelle fois brandir les mégaphones pour l’ami Chris Barker et de déverser non sans réserve leur petit lots de bombes en stock. Son propre et attitude frondeuse, il manquait juste à Anti-Flag un détonateur pour plus d’emprise et de nouveauté. A l’instar de Billy Talent et des pics de voix de Benjamin Kowalevicz, le grand absent aura été ce brin de folie sur des morceaux tels que « This Is The End (For You My Friend) » et « Turncoat ». Un set de plus pour Anti-Flag à défaut d’un véritable show contestataire comme avait à l’époque l’habitude d’entasser la formation.
Au final, une affiche en demi-teinte desservi par la manque de spectateurs bondissant et l’ambiance morne, mais la confirmation d’un potentiel avéré : celui de The Ghost of A Thousand et d’une valeur toujours sûre en la personne d’Alexisonfire, animateur et gentils colporteurs de la sonorité bien-traitée.