Mors Principium Est
Ville et Andy
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Alors que le groupe vient de sortir son cinquième album qui fait figure de favori pour le poste de meilleur album melodeath de l'année, les finlandais nous ont accordé une interview. On y parle du groupe, du lineup, du nouvel album, mais aussi d'argent et de cuisses de grenouilles. Thus interview is available in English here
Tout d’abord, merci à vous de nous accorder un peu de temps pour cet interview. Comment vous sentez-vous à quelques jours de la sortie de votre dernier album ?
Andy : Excités ! Nous sommes fiers de cet album et on a hâte que tout le monde puisse l’écouter.
Ville : Enfin l’album va sortir ! Cela fait plus de cinq mois que nous attendons ce moment.
Après un hiatus de près de cinq ans, vous avez sorti deux albums en deux ans et demi. Comment expliquez-vous cette productivité soudaine ?
Andy : En mars 2011, Tomy et Kalle ont quitté le groupe et j’ai été recruté peu après. Quand j’ai rejoint MPE, la mission était de maintenir le groupe en vie et de sortir un album, ce qui a été fait. Vu que nous étions en tournée et qu’il fallait maintenir le bateau à flots, nous avons commencé rapidement à travailler sur un autre album. Cela a été beaucoup de travail dans un rythme effréné mais je pense que l’on s’en sort plutôt bien.
Ville : En fait, nous avons sorti notre dernier album exactement il y a deux ans. SI l’on regarde nos anciens albums, vous pouvez retrouver également un espace d’environ deux ans entre chaque album : nos trois albums sont sortis en 2003, 2005 et 2007. L’interstice de deux ans n’a rien de particulier pour nous. S’agissant de l’interstice de cinq ans entre l’album Termination = Liberation et …and Death Said Live, il était simplement du au fait que nous n’avions pas assez de membres ni de compositeurs.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus d’élaboration de “Dawn of the 5th Era” ? Qui compose, qui s’occupe des paroles au sein de Mors Principium Est?
Andy : D’une manière générale, Ville s’occupe des paroles et je compose les musiques, mais nous travaillons ensemble sur les structures et les idées globales des chansons. Je lui envoie par email mes idées et Ville me donne son avis et tout part de là. C’est globalement construit de cette façon. Cela prend certes du temps, mais cela aboutit à un résultat don’t nous sommes vraiment fiers.
A mon humble avis, il s’agit de l’album le plus mélodique (et même mélancolique) que vous avez sorti. Quel était votre état d’esprit général quand vous l’avez écrit ? Que vouliez-vous exprimer ?
Andy : Je suis d’accord avec toi, je pense que c’est l’album le plus mélodique que l’on ait fait. La musique que j’écris vient du cœur. Si la musique ne me donne pas la chair de poule, il n’y a aucun intérêt à l’enregistrer. J’écris pour captiver l’auditoire et raconter une histoire en musique. Je ne pense que ce dernier album est très riche du fait des nombreuses mélodies et qu’il sera mémorable pour ceux qui l’écouteront. Je pense qu’il est possible de garder en tête de nombreuses mélodies de cet album et c’est ce qui est important.
Ville : Je suis d’accord sur le caractère mélodique de l’album mais je pense qu’au fond, tous nos albums sont mélancoliques. On n’écrit pas de la musique joyeuse (hah hah).
“Dawn of the 5th era” me semble être une combinaison parfaite entre puissance et mélodie. C’est aussi l’un des albums les plus “guitar-driven” comme dissent les anglais. Etait-ce une volonté de mettre les guitares en avant ?
Andy : C’est possible que l’attention soit portée sur les guitares lead. Le mix de cet album met en avant les guitares et leur permet de respirer, ce qui n’a pas toujours été le cas, notamment sur ...And Death Said Live. Je suis vraiment content du son de l’album et plus particulièrement des guitares… mais je suis un guitariste donc c’est normal !
Ville : Oui, quand nous avons mixé l’album, on voulait que le son soit le plus parfait possible et cela passait nécessairement par un travail accentué sur les guitares. Je ne pense pas toutefois qu’elles soient trop mises en avant, l’équilibre entre elles et les autres instruments est presque parfait sur cet album.
Pourquoi avoir appelé cet album “Dawn of the 5th Era”? Peut-être un nouveau départ pour vous et ce line-up?
Andy : C’est notre cinquième album et ça sonnait bien ! J’imagine que ...And Death Said Live était le grand retour du groupe après cinq années d’absence et que cet album marque le début d’une nouvelle ère dans l’histoire du groupe.
Ville : Oui, cet album est notre cinquième et avec le petit changement de lineup après le dernier album, c’est une nouvelle ère pour le groupe, comme l’a dit Andy. Quand on combine ces deux éléments, on obtient le titre de cet album.
D’ailleurs, revenons sur ces changements de lineup qui ont bouleversé MPE ces dernières années. En janvier, Kévin Verlay a remplacé Andhe qui est retourné vivre en Nouvelle-Zélande. Pourquoi avoir choisi Kévin ?
Andy : Kévin m’avait déjà remplacé lors de notre dernière tournée au Japon mais aussi une fois en 2013 lors de la tournée avec The Agonist où il avait remplacé Teemu à la basse. C’était donc un choix évident pour nous !
Ville : Comme l’a dit Andy, Kevin était notre première option et il a accepté très rapidement !
Comment expliquez-vous tous ces changements de lineup ? Pensez-vous que cela a affecté votre musique ?
Ville : Je pense que lorsqu’une personne quitte un groupe, on se doit de la remplacer pour que le groupe continue, non ? Mais oui, c’est certain que cela a beaucoup affecté notre musique. Sans Andy, nos deux derniers albums auraient eu un son très différent et il est probable que sans lui il n’y aurait d’ailleurs ni de quatrième ni de cinquième album ! Désormais avec Kévin, je pense que l’album n°6 va sonner différemment, mais j’aime lorsqu’il y a un peu de changement. Ce serait mauvais d’enregistrer le même album encore et encore.
Il est temps maintenant pour une question d’actualité. Il y a de plus en plus de groupes qui font part de leur frustration avec le milieu musical actuel et notamment du fait qu’ils ne peuvent plus vivre de leur art et doivent opérer un choix entre un job « normal » et leur passion (dernière exemple en date : le guitariste de The Haunted Patrik Jensen). Vivez-vous de votre musique ? Pensez-vous que cela puisse influencer votre musique, dans un sens ou dans l’autre ?
Andy : Laisse moi expliquer un truc à tous ceux qui sont intéressés à ce sujet. Je n’ai jamais gagné de l’argent en faisant du metal. J’ai eu la chance inouïe de jouer au Japon, en Corée dans de gros festivals à travers le Monde, et j’en suis éternellement reconnaissant, mais l’argent ne se gagne pas à ce niveau. L’argent que l’on gagne de nos albums est infime à moins d’en vendre des millions. De même en live, à moins de remplir des salles énormes. Nous ne gagnons quasiment pas d’argent de nos tournées, juste de quoi couvrir nos dépenses et parfois même moins ! A titre d’exemple, j’ai pris des vacances cet été pour faire notre tournée et, au final, j’ai dépensé plus d’argent pour effectuer cette tournée que je n’en ai gagné en jouant. C’est une histoire bien différente lorsque vous êtes un gros groupe, mais le fait est que ce n’est pas notre cas. Nous avons tous des jobs à plein temps en dehors du metal et pour être honnête avec toi, j’ai beaucoup de mal à assurer les deux. Les gens doivent comprendre que s’ils veulent que leurs groupes préférés survivent, ils doivent acheter leurs cds et venir les voir en live. C’est un sujet épineux (hah hah) ! Ville : On ne gagne pas d’argent en faisant du metal, l’argent effectivement gagnée couvre juste nos frais. On ne joue pas gratuitement, on se fait payer bien sûr, mais là encore, on doit se rendre à la salle de concert et tout cela à un coût. Et on ne peut vraiment pas vivre des droits que nous touchons sur notre merch ou sur nos ventes d’album (hah hah) ! La chose que les gens doivent comprendre, c’est que s’ils veulent écouter la musique et voir en live leurs groupes préférés, ils doivent acheter leurs cds, vynils ou bientôt il n’y aura plus de nouveaux groupes. Ce que je veux dire c’est que cela coûte énormément d’argent d’enregistrer un bon album et sans le support des maisons de disques, il est évident que nous ne pourrions rien enregistrer. Et quoi qu’il en soit, je pense que les autres groupes sont d’accord avec moi. Je ne pense pas que les groupes soient prêts à dépenser toute leur argent pour que des gens puissant écouter leurs albums gratuitement. A la question, une telle situtation affecte t-elle notre musique ? Je ne pense pas. Je ne pense pas que nous serions capables d’écrire quelque chose qui ne nous plait pas juste pour pouvoir vendre plus d’albums. Et, si nos ventes d’albums tombent à zéro, nous arrêterons (hah hah) !
Parlons de Mors Principium Est en live. J’ai pu voir que vous allez bientôt partir pour une première tournée en Asie. Comment vous abordez cela ?
Andy : En fait, on a déjà eu l’occasion de jouer en Asie par le passé et on a adoré. On est très excités à l’idée de pouvoir retourner y jouer pour nos fans. J’ai personnellement manqué la dernière tournée japonaise donc j’ai hâte de pouvoir rencontrer nos fans et leur offrir un show dont ils se souviendront !
Ville : Comme l’a dit Andy, on a déjà joué en Asie auparavant, simplement il s’agit de notre première tournée en tant que tête d’affiche en Corée du sud et au Japon. Je suis impatient d’y retourner, le public japonais (comme le Japon d’ailleurs) sont incroyables.
On n’a pas eu beaucoup la chance de vous voir en live ces dernières années sauf en 2013 et en 2014 où vous êtes passés deux fois. Comment le public français vous a t-il accueilli ?
Andy : Excellent, même si les sous-vêtements lancés sur scène c’était un peu trop !
Allez vous réussir à satisfaire vos fans français qui attendent avec impatience une date de promotion de l’album “Dawn of the 5th era Tour” ?
Andy : Je l’espère vraiment et je suis sûr que l’on sera de retour pour jouer nos nouveaux titres à tous ceux qui le veulent. Une tournée européenne sans une date française ne serait pas une tournée complète !
Ville : Pour le moment, rien n’a été confirmé, on espère simplement qu’on pourra bientôt partir en tournée.
Une question VRAIMENT IMPORTANTE en ce qui concerne la France : que pensez-vous de notre nourriture (et de nos femmes) ?
Andy : Quand on a joué à Paris cet été, le promoteur nous a emmené dans un restaurant où le steak était excellent ! j’aime beaucoup la nourriture française à l’exception des cuisses de grenouilles que je ne supporte pas. On en avait acheté un grand sac au supermarché lors de notre dernière visite et la mère de Kévin avait cuisiné ça pour nous en Finlande. Je pense qu’on en a manqué que trois ! En ce qui concerne les femmes – parmi les plus sexyes du monde, que dire d’autre ?
Ville : Oh come on Andy ! (sic). On a mangé plus que trois cuisses de grenouilles ! Tout seul tu as du en manger 4 ou 5 et j’en ai fait de même. Bref, de retour aux questions. Pour être honnête, j’ai eu de bonnes et de mauvaises expériences avec la nourriture française donc… et, à vrai dire, je n’aime pas le vin, d’où qu’il vienne ! Eeeeeet en ce qui concerne les femmes… bon, je n’ai jamais essayé une femme française, donc je ne peux rien dire à ce sujet là (hah hah) !
Que doit-on attendre de Mors Principium Est dans les mois à venir ?
Andy : Je pense que notre attention va se concentrer sur les tournées de promotion de l’album à venir. Je ne veux rien promettre, mais il est quasiment certain que nous serons de retour pour jouer en France. J’ai hâte !
Ville : J’espère effectivement que l’on sera bientôt en tournée !
Un dernier mot en français pour vos fans français ?
Andy : Merci pour votre soutien! Je vous aime tous, mais pas les cuisses de grenouilles! (J'espère que cette phrase a un sens...)
Ville : Oui, oui.
U-zine remercie chaleureusement Andy, guitariste de MPE et Ville, chanteur, pour cet entretien.