Summer Breeze Open Air Festival
Ralf Nuesser
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Alors qu'en France le Hellfest, le Motocultor et le Sonisphère monopolisent l'attention, en Allemagne le nombre de festival metal explose. Loin du faste du Wacken, le SummerBreeze s'affirme depuis maintenant 16 ans avec une affiche aussi extrême que variée, le tout dans une ambiance détendue. L'occasion nous a été donné d'interviewer Ralf Nuesser, un des responsable du festival. Retour avec lui sur les faits marquants de ces dernières années et sur son travail au quotidien.
Peux-tu te présenter et nous expliquer quel est ton rôle pour le SummerBreeze tout au long de l’année et pendant le festival ?
Mon nom est Ralf Nuesser. Je suis en charge de presque tout, sauf le booking et la production. Je suis donc responsable marketing, relations publiques, du lien social, des partenariats avec les hôtels, sponsoring. Je m’occupe aussi de faire le lien avec les autorités ... Tout cela doit être fait avant et pendant le festival.
Quel est le bilan de l’équipe sur l’édition 2012 ?
Il faisait beaucoup trop chaud. Mais nous avons eu aussi des années pluvieuses, donc nous n’avons pas trop à nous plaindre. En fin de compte l’édition 2012 était tout à fait réussie. Nous étions sold-out, pas d’incendie, pas d'accidents graves à notre connaissance et les fans semblent avoir été heureux de ce que nous avons fait. Bien sûr, on trouve toujours des choses que nous devons améliorer pour la suite.
Comment se déroule la programmation ? Sur quel critère vous basez-vous pour choisir les groupes ? Faites-vous quelques choix « coup de cœur » ?
C'est quelque chose qui a besoin d'une oreille proche de la scène. Nous avons des tonnes de demandes de groupes et beaucoup d'entre eux sont vraiment intéressants. Mais pour les plus grands groupes, c’est nous qui allons normalement les contacter. In Flames est certainement l'un des plus grands groupes que nous ayons jamais annoncé. Mon groupe préféré est The Bones surtout qu’ils ont sorti un très bon disque tout récemment. Après, Anthrax assure quoi qu’il arrive ! De toute manière, garde à l’esprit que nous n'avons pas le temps de regarder les groupes. Du coup, plus le groupe est important, plus la pression est élevé.
Peut-on avoir quelques données chiffrées pour se rendre compte du festival (nombre de spectateur par jour, budget global, nombre de bénévoles, quantité d’alcool consommé, …) ?
Eh bien, ce sont des informations que nous ne communiquons normalement pas pour des raisons évidentes. Nous avons 35.000 personnes de prévues cette année. Si on est sold-out, tu multiplies le nombre de festivalier par le prix de la place et tu as le budget. Il s'agit d'un montant à six chiffres. Tu imagines qu’il y a beaucoup de coûts à gérer. Nous avons bien sûr besoin de payer les gens qui travaillent tout au long de l'année pour l’évènement, sinon le festival ne pourrait pas fonctionner. Sur le site, nous sommes quelques centaines de personnes à travailler pour le festival, incluant le personnel bénévole, la sécurité et autres. En fin de compte nous ne pouvons pas nous permettre d'arrêter de travailler et de déjà prendre notre retraite !
En 2006, le festival a été transféré d’Abtsgmünd à Dinkelsbühl. Peux-tu revenir sur les raisons de ce déménagement d’une part, et rétrospectivement, est-ce que ça a été un choix judicieux ?
La raison de ce changement était que le site est devenu trop petit pour nous. Le festival a enregistré forte croissance d’une part, et nous avons eu des problèmes pour obtenir les emplacements de camping qui nous était promis d'autre part. Nous avons donc dû changer et ça nous a demandé beaucoup de temps ! En mars 2006, nous avons eu un premier contact avec les autorités de Dinkelsbühl. Normalement, nous commençons les pré-ventes en septembre, juste après le festival. Cette année-là, nous n'avions même pas de site définitif pour le festival en mars.
Tout s'est bien passé depuis et nous avons pu laisser le festival sur le lieu où il est actuellement. Ce qui était censé être temporaire, et uniquement une solution alternative s’est avéré être la meilleure décision possible. Donc, oui, c'était une sage décision même si elle a été involontaire. Nous ne changerons pas à nouveau de site à moins que nous y soyons réellement obligés.
Le prix du billet est passé de 70 à 92 euros en l’espace de trois ans. Qu’est-ce qui justifie cette augmentation de tarif ?
Il y a diverses raisons. Tout d'abord tous nos fournisseurs ne se soucient pas du prix des billets. Tout est d’année en année plus cher. Jusqu'à un certain point, on peut amortir ça. Mais nous avons déjà passé ce point depuis longtemps. De plus, la demande du public est en augmentation constante : plus de toilettes, plus de douches, sans oublier de nettoyer tout le camping, qui ressemble à une scène post-apocalyptique une fois le festival terminé.
Nous essayons de répondre à toutes les demandes et tous les attentes. Par exemple, nous avons eu des gens qui ont été fort énervés parce que nous ne fournissons pas d'électricité dans les tentes. C’est quelque chose qui est bien entendu impossible ! Nous avions le choix d'augmenter la taille du fest soit en une seule fois, moyennant une grosse somme d’argent, ou de le faire en plusieurs étapes, plus petites afin que nous puissions réagir d’une année à l'autre, pour corriger le tir en cas de besoin. Nous avons opté pour la 2ème option.
L’Allemagne est connue pour sa multitude de festival métal. Quels sont vos relations avec les autres festivals ? Y a-t-il une certaine forme de concurrence ?
Oh, il y a bien entendu une certaine concurrence. Pas avec tous les festivals, mais avec certains oui. Mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il y ait une mauvaise relation. Nous avons des concurrents, on fait avec et on le vit très bien. Assez souvent, il s'agit d'une relation basé sur le business. Après, vous savez, nous faisons notre truc et ils font le leur.
L’Allemagne est connue pour son amour des groupes de heavy et de power. Le Summerbreeze semble être à contre-courant en proposant des affiches plus extrêmes que la moyenne. Est-ce un choix délibéré ?
Non, il y a encore une fois une forte demande pour les groupes extrêmes. Plus fort que pour les groupes de power metal. Et il y a des festivals qui proposent des affiches purement orientées autour de ce genre de métal. Nous proposons quelque chose de plus extrême, c'est ce pourquoi le festival est né.
En 2011, une tempête avait été dévastatrice au Pukkelpop festival, le même week-end que le SummerBreeze. Craignez-vous les conditions climatiques et quelles sont les mesures prévues pour y faire face (pluie, orage, vent violent, …) ?
Nous avons toujours peur du temps ! C'est tellement imprévisible. Nous avons une procédure de sécurité qui a été créée en étroite coopération avec les services de police, de secours et d'ambulance. Je pense donc que nous ne pouvons pas faire plus à ce sujet. Ceux qui était au SummerBreeze 2011 et 2012 se souviendront que nous avions quelques alertes de mauvais temps et nous avons tous réagi assez vite. Mais tout le monde sur le terrain de camping est aussi responsable de sa tente et ses effets ! Il ne faut jamais oublier cela!
Vous avez un parking-camping. C’est quelque chose qui ne se fait pas en France, où il y a deux espaces distincts. Penses-tu que votre choix soit la meilleur solution, et pourquoi ?
Eh bien, au moins pour nous, c'est la meilleure solution. Cela est plus facile d’un point de vue logistique. Et c'est aussi une question de service. Les gens ont moins à marcher. Si nous voulons faire à la française, nous devrions mettre en place un système de navette et j’imagine déjà que ça ne marchera pas.
Toujours à propos du camping, le verre est interdit depuis plusieurs années. En France toujours, la bière est quasi-systématiquement vendue dans des bouteilles en verre alors qu’en Allemagne, c’est pour beaucoup en, canettes aluminium. Peux-tu revenir sur les raisons qui ont conduit à cette interdiction ?
En fait, c’est très simple. Ce n'est pas seulement le verre qui est interdit, mais aussi les sardines pour les tentes. Au cours de l'année, les pelouses sont utilisées comme pâturages pour les animaux. Toutes les capsules de bouteilles en verre ainsi que le verre lui-même peut blesser gravement ces animaux. Il y a des risques également d'interrompre le processus agricole normal en endommageant les machines des agriculteurs qui sont globalement extrêmement coûteuses. C'est pour ces raisons que nous avons interdit de verre et pour cela que nous insistons sur le fait que tout le monde doivent repartir avec l’intégralité de ses objets métalliques !
N’avez-vous jamais eu l’idée de sortir un DVD du SummerBreeze, comme le font de nombreux festivals ?
Si, bien sûr. Il y a longtemps que nous l'avons fait. Par contre, nous ne le vendons pas. Nous l'utilisons comme un bonus offert gratuitement pour les 10.000 premières personnes qui achètent un billet de l’édition suivante !
Quel est ton meilleur souvenir ? Ton pire souvenir ? Ton souvenir le plus « bizarre » des éditions précédentes ?
Le meilleur souvenir, c’est d’avoir été debout sur la colline qui domine le terrain de camping. En regardant l'ensemble du site, tout en sachant que ce que vous voyez est le résultat de ton implication ! La musique nous maintient ensemble. Le monde serait bien meilleur si plus de gens était comme vous et moi, ou comme les 35,000 personnes présentes pendant le festival!
Le pire, c'est lorsque des braves types ont failli se tuer en pulvérisant d'alcool le feu de leur barbecue! PERSONNE n'a besoin de ça. Merci dieu, ils n’y sont heureusement pas passés.
Le plus étrange, c'est nous avons toujours eu à lutter contre la pluie et la situation du trafic routier a été cauchemardesque. Nous avons donc décidé d'acheter un énorme terrain drainé ce qui nous rend maintenant indépendant de la météo. Ironiquement, il n'a pas plu depuis !
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Merci à Ralf Nuesser pour sa disponibilité et sa rapidité de réponse. Merci à Nicolas des Editions Hurlantes pour la logistique.