Trepalium
Harun (Guitare)
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Trepalium a frappé fort avec H.N.P., successeur du déjà très acclamé XIII, qui assoit définitivement la place du groupe comme fer de lance de la scène extrême Hexagonale. Après leur concert du Hellfest, sous une tente remplie à ras bord, nous avons saisi l'opportunité de poser quelques questions à Harun, compositeur principal du son si caractéristique de Trepalium.
U-zine : Première chose, avez-vous été surpris par l’énorme affluence de votre concert au Hellfest 2012, en ouverture ?
Harun : Ah vrai dire oui ! On s’attendait à un concert plus faible en terme d’auditoire, vu que le fest avait changé de configuration, mais nous nous attendions à un public de 1000 ou 2000 personne et nous avons fait facilement deux à quatre fois plus. On a commencé à jouer et la tente s’est remplie d’un coup, le temps que le son se calibre, on a un peu halluciné. Il y avait peut-être un tiers des gens qui voulaient nous voir mais ils étaient bloqués à l’entrée. On aurait pu faire plus, largement. Malgré tout c’est loin d’être notre meilleur concert car ils calibraient la façade pendant qu’on jouait, vu qu’on était le premier groupe à jouer sur le système. Le son était très pertubrant sur les deux ou trois premiers morceaux, nous avions du mal à prendre nos repères, mais même si tu vois un public énorme, tu as du mal à y croire. Après on relativise par rapport aux échos que nous avons reçu, mais ce n’est pas notre meilleur concert.
Comment ressentez vous le fait d’ouvrir un festival tel que le Hellfest ?
A la base on avait demandé, étant donné qu’on était en pleine actu, à jouer un peu plus tard dans l’après-midi, et finalement, étant donné que l’orga est composée de pas mal de personnes à décider de l’ordre de passage, nous sommes passés en premier. C’est toujours un honneur bien sûr, je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus même si nous aurions préféré passer un peu plus tard. Il faudrait à l’avenir que les gens qui font la queue aient l’opportunité d’assister aux premiers concerts. Le temps de battement est trop court. Quand tu joues en festival, tu cherches à faire plaisir aux gens mais aussi à convertir un nouveau public.
Ca fait la 3ème fois que vous passez au HF, sans compter votre premier passage au Fury Fest en 2005. Comment vous avez ressenti l’évolution de l’accueil etc..
De mon point de vue, je préfère quand c’est plus intimiste. Mais les scènes restent les mêmes. Si nous avions joué sur la Main ou sous une tente ça aurait été la même chose. Je pense surtout que la différence vient du fait que l’orga parvient à gérer plus gros. Je reproche simplement les horaires d’ouverture, là où à une demi-heure près, le groupe commence là où nombre de festivaliers sont encore dans la file d’attente. Le truc que je reprocherais, en terme de running-order c’est le manque d’exposition des groupes français qui passent très tôt et concentrés dans les mêmes plages horaires. Le but c’est de jouer devant un maximum de monde en festival.
Vous allez jouer par exemple au Motocultor cette année. Plus petit, moins de scène, c’est votre première là-bas?
Oui c’est une première. Nous avons déjà eu les potes de Klone qui s’y sont produits, c’est un fest à taille humaine, ça joue entre deux scènes, orga super sympa. Après par rapport au Hellfest, c’est différent, au Hellfest y a maintenant 6 scènes, et donc tu loupes forcément des groupes que tu voudrais voir, t’es obligé de faire des choix. Au Motocultor, par exemple, ce sont deux scènes et c’est tout, mais ce n’est pas la même envergure.
Un groupe a dit un jour, après un contrat peu ou mal respecté, que ça ne valait pas forcément la peine d’ouvrir pour le Hellfest, quelle que soit la journée, pour faire une centaine de mecs, tout bourrés de la veille,. Tu en penses quoi?
Bon, je te cache pas que ça nous a fait chier étant donné qu’on était en pleine actu comme je te le disais. Ca nous a posé un problème avant le concert, mais là c’est vrai que c’était super de voir autant de monde sous la tente. Après, si tu as peur de faire une petite centaine de personnes à une ouverture de fest, c’est que tu n’as pas trop confiance dans ce que tu fais (rires).
Parlons maintenant de votre actu musicale. Côté pragmatique oblige, où en êtes vous par rapport à Season of Mist, c’était votre label et ce n’est plus le cas.
On était signés chez eux, et puis pour H.N.P. on avait une opportunité pour continuer à bosser ensemble. On a cherché sur d’autres labels pour trouver d’autres deal et nous avions l’option de l’auto-production et elle s’est avéré être la meilleure. Economiquement et stratégiquement parlant. Parce qu’on peut tout gérer nous-mêmes, tout en conservant le réseau Season, qui reste idéal pour la distribution car avec eux en France, tu es placé partout, il n’y a pas de problème. Maintenant il y a la Klonosphere en auto-prod, qui a un deal avec Season, pour la distribution en France.
C’est plus équilibré pour vous ce modèle de fonctionnement…
Oui c’est équilibré, mais il faut mettre la main à la pâte, grosso modo ton label c’est toi, ta major c’est toi, tu veux tout faire bien, par conséquent tu fais tout. C’est un boulot monstre. Season nous rassure par rapport à la visibilité qu’il nous apporte. Nos rapports sont toujours très sains, pas d’embrouilles.
Et H.N.P., comment est-il reçu par la presse et par les fans ?
Assez mitigé, tant niveau de la presse et des fans, quoique positif, il divise. La presse papier nous soutient, sont très enthousiastes à propos d’H.N.P. mais il existe pas mal de bémols. Des chroniques, surtout sur les webzines, insistent bien sur le fait qu’il existait un tel écart entre le premier et le deuxième album, et le deuxième et le troisième... Je trouve presque sévères ces chroniques…
C’est intéressant car c’est ce que je me suis permis de soulever dans la chronique : cet écart qu’il pouvait y avoir entre Through the Absurd, Alchemic Clockwork of Disorder et XIII, entends par écart ‘marge d’évolution’, semble s’être effacé au profit d’un peaufinage de votre univers. H.N.P. résonne plus comme une extension de XIII en définitive.
C’est ce qu’on a voulu faire, quand on a commencé à bosser sur cet album, nous étions déjà entrain de tourner pour XIII. Pour XIII c’était une idée fixe, je savais que ça devait sonner comme ça, d’ailleurs il a été composé en deux mois, il y avait une énergie qui a transcendé le contenu de XIII, nous vivions ensemble, tous en collocation, ça a été très spontané. Et là, maintenant que nous vivons tous de notre côté, la manière d’écrire les chansons a été très différente, nous avons travaillé sur l’ensemble, on a beaucoup plus pris notre temps. En terme de qualité c’est beaucoup mieux, le son, la finition, la manière d’écrire les chansons, l’efficacité, la fluidité de la zic, la voix de K.K…. Tout est plus pro. On ne se dit pas ‘On n’a pas expérimenté’, peut-être avons-nous perdu le côté fantaisiste que nous avions et que j’apprécie toujours autant d’ailleurs, avec le recul, XIII, qui me correspond toujours autant, toujours aussi noir. Après on ne perd personne en chemin, on reste Trepalium, et H.N.P. scelle d’une manière cohérente le triptyque entamé auparavant. Alors comme j’ai pu le lire, il y a peut-être un peu moins de folie qu’avant, mais voilà, je le trouve meilleur, c’est une bonne évolution du groupe.
Donc Trepalium et surtout H.N.P., pour vous, ça correspond à là où vous en êtes aujourd’hui ?
Tout à fait, je ne pense pas qu’il aurait fallu de prendre l’option d’un son plus groovy, il y avait, dans l’esprit de partir vers quelque chose de plus noir, vers les fondamentaux, vers l’esprit de nos débuts. A travers de notre expérience, nous avons tenté de synthétiser tout ce que nous étions. A un moment donné t’as envie de proposer quelque chose qui tranche dans le lard, plus direct, avec de beaux enchaînements de riffs, ça donne H.N.P., et on en est très contents. Même si on ne peut malheureusement pas contenter tout le monde, il reste dans l'immédiat mon préféré.
Depuis H.N.P., l’impact international se fait ressentir, on parle de vous un peu partout. C’est nouveau ou c’est antérieur à la sortie de votre nouveau skeud ?
En fait c’est antérieur à la sortie de HNP, ça date surtout du moment où nous avons tourné avec Gojira sur la tournée de The Way of all Flesh, en 2009. On a été sur-médiatisés, c’était Trepalium par-ci Trepalium par là, c’était cool. Beaucoup de retours Européens plutôt flatteurs. C’était pas forcément évident de se faire connaître, nous n’étions pas si bien entourés qu’aujourd’hui. Là on marche avec Guillaume, notre manager de Klonophere, qui a un bon carnet d’adresse, qui commence à avoir pas mal d’expérience, et nous travaillons à nous exporter. On sait qu’on a un certain succès d’estime à l’étranger.
Possible alors de vous voir à l’étranger dans un avenir proche alors ?
On l’espère en tout cas.
Vous allez pas mal jouer, mais surtout, la Klonosphere, du 10 au 27 octobre. Une bande de copains qui jouent ensemble ? Impatients ?
Ah bah oui, ça va être une belle tournée, on joue tous les soirs. C’est en famille, on est plus qu’impatients. Ca va être l’orgie (rires).
Justement, comment vous préparez vous à ça ? Ne serait-ce que physiquement ?
Déjà tu bannis la fête, même si ça t’arrives de la faire un peu. Tu roules surtout, et tu te réveilles, tu décharges le matos, t’es crevé, t’as envie de parler à personne en backstage. Je suis pas du genre stressé avant les concerts mais certaines dates te foutent la pression et là ça joue sur tes nerfs, donc t’as tout intérêt a bien dormir, bien manger et c’est pas toujours facile en tournée. On a fait la tournée de Gojira sur 22 ou 23 jours, on était pas dans leur tour bus, on était dans un van, tu fais ton concert et tu dois tracer la route sur dates très éloignées les unes des autres. Là au moins, sur la tournée Klonosphère, on a un vrai bus, un chauffeur et on va pouvoir dormir à peu près correctement. (rires)
Cette tournée Klonosphere qui en célèbre les 10 ans… On peut s’attendre à des surprises ?
Je ne sais pas trop (rires). Des grosses surprises je ne sais pas non plus. On a déjà un morceau qui fait participer le chanteur de Klone. Il y aura les covers d’Im Broken. En fait nous sommes tous très pris, Hacride va commencer ses enregistrements du prochain album, nous avons tous des emplois du temps chargés, ça serait très compliqué pour le moment de mettre ça en place et de l’organiser.
Et à long terme ? Peut-on s’attendre à un skeud pro réunissant tous les groupes de la Klonosphere ?
C’est un projet mis sur le tapis, c’est revenu régulièrement, mais ça va être compliqué. Ca sera difficile, question d’emploi du temps comme je te le disais… De là à faire intervenir des membres de la Klonosphere, faudrait envisager de savoir qui compose, avec autant de différences, ce ne serait pas une phase super agréable. Faudrait définir quel batteur pour quel morceau par exemple, prendre en compte les qualités de chacun… Il faudrait faire tout ça avec une vraie identité, genre avec 5 ou 6 membres, on en parle, mais c’est pas au programme.
Plus léger : Ca vous gave qu’on vous compare souvent au Pantera du Death-Metal?
Souvent ? Non. C’est très rigolo d’ailleurs. Nous avons fait une reprise, avant qu’on la fasse, personne ne nous faisait chier là-dessus (rires). C’est une influence comme Sepultura, Morbid Angel, King Crimson. D’ailleurs si tu veux choper nos influences, en écoutant bien, tu chopperas du Sepultura du King Crimson dans notre manière de riffer. Pantera c’est un truc qui nous a marqués, on aurait pu faire une reprise d’un autre groupe, Sepultura par exemple, mais en tout cas, cette comparaison ne nous dérange pas.
Pourquoi ce morceau ? Ca change de Walk ?
Par défi, c’est pas un morceau compliqué a comprendre, mais pas évident de lui rendre justice, il faut le faire groover le bordel, faire vibrer les cordes. A vrai dire, c’est l’un des premiers clips qui m’a vraiment soufflé quand j’avais 15 ans. J’ai vu ça et je me suis dit ‘Woaw c’est super cool’ (rires) et ça change déjà de la reprise de Walk. J’hésitais avec Slaughtered aussi, ça aurait pu tabasser sévère. C’était aussi l’occas’ de tester notre ingé son live, qui s’était proposé de produire le prochain album. Il a demandé si on avait pas un titre à enregistrer, et c’est tombé là-dessus.
Rendre justice au jeu de Darrell c’est pas évident, et instrumentalement vous avez réussi à la faire, chapeau là-dessus.
Non mais attend, j’ai mis un mois à le rentrer le solo (rires) ! Et j’en chie encore pour le passer, faut vraiment que je sois dans de bonnes conditions. Par exemple au Hellfest, c’était marrant car notre batteur a dû accélérer un peu et à là je commence le solo en me disant ‘Argh j’y arrive pas bordel’, mais c’est pas trop grave les gens étaient contents.
Oui effectivement, ça a fait plaisir aux gens cette conclusion de set avec la cover.
Ouais on a vu ça c’est très très cool, c’était surtout une manière de dire ‘Bon Hellfest à tous’.
Merci beaucoup à toi de m'avoir accordé de ton temps. Un traditionnel mot de la fin ?
Bah écoute si vous voulez nous voir, nous avons pas mal de dates à venir, le Motocultor Festivalle 17 août le Festival des Arts Bourrins le 24, le Metal Rumble Fest IV le 22 septembre et ensuite la tournée Klonosphere à partir du 10 octobre. Et merci à toi et à U-zine pour cette interview.
Merci à Harun ainsi qu'à Marjorie de la Klonosphere pour leur disponibilité et leur gentillesse.