Benighted
Julien (chant), Olivier (guitare) et Eric (basse)
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Le Hellfest, c'est l'occasion de discuter avec pas mal de groupes. Aujourd'hui, revenons sur le cas de Benighted, l'un de nos groupes les plus efficaces en live, fleuron du brutal death metal made in France ...
Second passage au Hellfest pour vous. Qu’est-ce que ça fait de revenir jouer ici ?
Julien : C’est même la 3ème fois au sens où l’on a joué au Furyfest aussi à l’époque, mais en termes de Hellfest, c’est la deuxième vu qu’on avait joué en 2008. Ceci dit, ça a rocké ce matin, c’était super, le public était monstrueusement … massif pour 11h40 du matin !! Les réactions ont été vraiment énormes et nous on a pris un panard assez monstrueux sur scène
Pas trop blasé de jouer si tôt sur le fest ?
Julien : Beh du coup non, au départ on avait quelques inquiétudes parce que tu sais jamais trop, les gens sont au camping, si on fait un peu la bringue la veille, c’est toujours dur de se lever. On comprend !
Olivier : J’ai l’impression que c’est comme une tradition de se mettre une sacré race la veille.
Julien : Mais là les gens sont venus et ont vraiment foutu le bordel, donc ça a été un vrai panard pour nous.
Asylum Cave est sorti il y a un peu plus d’un an maintenant. Est-ce que vous pouvez revenir sur cet album, le concept de Fritzl …
Julien : Bien sur ! Alors l’album est sorti en mars, il y a un an et demi. Le concept de l’album c’est donc sur un schizophrène qui délire autour de sa cave et sur le cas de Joseph Fritzl. Il s’identifie à lui et pense qu’il a lui aussi d’une certaine manière quelque chose qui vit dans sa cave, même si il ne sait pas trop ce que c’est, et que ça lui appartient. Ça lui permet d’avoir le contrôle sur quelque chose, de le tenir enfermé, de pouvoir aller jouer avec lui suivant ses pulsions, ce genre de choses.
Avec un an de recul, comment vous trouvez l’album ? Toujours satisfait ?
Julien : Toujours totalement satisfait.
[Eric fait signe avec deux pousses en l’air]
Olivier : C’est vrai que c’est difficile, à chaque fois sur les nouveaux albums, on a toujours des petits trucs qui ne nous plaisent pas, que ça soit un petit son, un grain différent pour les guitares, des cymbales qui sonneraient différemment. Pour cet album on est resté content depuis le début, et c’est assez nouveau chez nous à vrai dire parce qu’on a toujours quelque chose à critiquer …
Eric : Il faut garder à l’esprit que l’on est quand même 5 dans le groupe, que l’on prend les décisions tous les 5 ensemble dont ce n’est pas facile d’être tous satisfait en même temps, sans compter qu’on est tous des bonnes têtes de con quand il faut !! Pour le coup on est rentré de l’enregistrement et on s’est dit : « là c’est cool, on a fait un truc qui nous satisfait tous » et avec du recul on est toujours très content de ce que l’on a produit.
Et de la part des fans, vous avez quel retour ?
Julien : Vraiment monstrueux …
Olivier : Beh faut dire que même le label a été assez surpris !
Julien : Ouais, au niveau des ventes par exemple … Et puis c’est vrai qu’en concert on voit l’affluence, la façon dont le public nous soutient, on sent qu’il y a eu un vrai bond avec cet album. On est super content que les gens adhèrent autant à ce nouvel album et c’est vrai que ça a rallié à Benighted pas mal de nouvelles personnes qui nous ont découvert avec Asylum Cave, même si c’est déjà notre 6ème !! On a toujours travaillé par palier dans le groupe, on a vraiment construit notre notoriété progressivement et là, on sent une différence avec avant. Mais celui-là … l’album de la maturité, je ne sais pas, mais en tout cas il nous a permis de franchir un palier conséquent.
Pas de changement dans le line-up depuis 2006, avec l’arrivée de Kevin (batterie) sur l’album Icon. C’est quoi le secret de la cohésion ?
Julien : C’est con, parce que c’était le dernier concert de notre guitariste !! Donc on change de guitariste !!
Olivier : Le secret c’est qu’on peut insulter nos mères sans s’en vouloir (rires) !!
Julien : Oui, voilà, c’est qu’on est très très proche, on n’a pas de réelles limites. On fonctionne vraiment comme des amis c’est-à-dire que l’on peut tout se dire, même les trucs pas cool on se l’envoi dans la gueule et on en tiendra jamais rigueur. J’pense que ça compte beaucoup que l’on ait cette proximité. On se connait aussi très bien donc on sait quand quelqu’un arrive avec des idées pour composer. On sait déjà un p’tit peu ce qu’il a en tête et on se trouve facilement. Ça évite de passer des heures à faire des consensus. Effectivement, le fait que l’on soit une base avec un line-up solide pendant des années, ça nous a beaucoup aidés.
Olivier (désignant Eric) : On a aussi beaucoup de chance d’avoir trouvé ce gros con à la basse. C’est toujours difficile, il y a beaucoup de groupes qui ont du mal à trouver des gens avec qui le courant passe. Au départ avec Julien, on se connait depuis des années, on est des potes d’enfance donc ça facilite les choses, mais c’est vrai que c’est rare d’avoir un groupe formé uniquement de pote d’enfance et on a su trouver avec les changements de line-up, les bonnes personnes qui sont en adéquation avec nous. Eric en est le parfait exemple. Kevin aussi, qui est super jeune par rapport à nous … il est arrivé il y a 6 ans, il était à peine majeur !! C’est vrai qu’on aurait pu se dire que ça allait être difficile, mais ça s’est fait naturellement. Il y a eu ce petit truc en plus et c’est l’amitié qui fait le reste. Benighted, ça ne peut pas être comme un boulot, où tu travailles avec des gens que tu n’apprécies pas forcément … ça pourrai pas le faire et on arrêterait tout de suite.
Julien : Le fait que ça ne soit pas un travail, ça aide aussi. Comme le dit Olivier, c’est une passion. C’est que du bonus, le fait de côtoyer des gens … Benighted c’est que du bonus et si un jour ça doit s’arrêter, ça s’arrêtera en tant que bonus. C’est pas du boulot, on n’a pas d’obligation à ce que les gens nous aiment. Et ça compte beaucoup pour nous dans le sens où l’on se sent très libre. On fait les choses naturellement, en respectant les gens qui nous soutiennent et ça a toujours marché jusque-là. Par exemple quand un mec me dit « J’suis désolé, j’ai téléchargé votre album », j’lui réponds que je m’en fous, vu qu’il est venu nous voir en concert quand même !! On s’en fout, nous, on en vit pas !! Pour le label ce n’est pas la même logique, évidement, mais en ce qui nous concerne que tu achètes ou que tu télécharge l’album, c’est pareil : tu soutiens le groupe, tu nous écoutes depuis plusieurs années. Ca ça a de la valeur !!
Vous avez arpenté la plupart des festivals en Europe. Est-ce que vous mesurez la notoriété de Benighted en dehors de nos frontières ?
Julien : Oui, en Europe, je pense qu’on a un nom qui est relativement solide. On a fait la plupart des festivals des pays étrangers … déjà tous les pays limitrophes jusqu’aux pays de l’est. On a même joué en Russie il y a pas très longtemps, à Moscou où on a été très surpris de la réaction du public !! Genre ils nous connaissent tous par nos prénoms, ils connaissent les paroles des morceaux …
Olivier : Quand tu vas dans un lieu comme ça, tu te dis qu’il n’y aura personne … Qu’il est taré le mec qui nous a programmés en Russie … surtout qu’on n’est même pas distribué là-bas … Bien-sûr ils ont les téléchargements, mais le label ne nous sort pas là-bas. C’est complètement dingue, ouais !
Un retour sur votre passage à Toulouse au Saint des Seins, il y a un an …
Julien : … ah ah oui, avec la poutre (rires) !!!
Oui, je vois que tu t’en rappelle. Donc je rappelle l’histoire : un slammeur avait arraché une partie du plafond en s’y accrochant. Grand souvenir pour vous ?
Olivier : 3.000 euros de réparation déduit de notre compte, ouais on s’en souvient (rires) !! Plus sérieusement, oui, ça faisait partie des grosses dates. On a eu un retour énorme sur cette tournée et c’était l’une des meilleures dates que l’on a eu avec Nancy, Rennes, Paris … Bon, j’avoue, il y en avait beaucoup, mais ce bar-concert à Toulouse … il y avait une bonne ambiance, c’était chaud, vraiment convivial. Tout à fait ce que l’on aime !!
Il va bientôt y avoir Municipal Waste au même endroit, j’espère que ça sera un bordel aussi impressionnant que pour vous …
Julien : J’espère qu’ils vont mettre des vraies poutres cette fois-ci … C’est traitre parce que ça fait vraiment poutre métallique alors que c’est du toc !
Je vous avais croisé backstage au Summerbreeze l’an dernier. Je me rappelle surtout de Liem, très imbibé, qui était déguisé en nonne et qui fêtait son enterrement de vie de garçon en sautant sur les vigiles … Grand moment aussi ?
Olivier : Oui, c’était un sacré moment, l’année dernière … On a bien fêté ça, je pense qu’il s’en rappellera toute sa vie, et nous aussi d’ailleurs !!
Eric : En tout cas, ses artères s’en rappellent !
Avec l’âge, pas trop dur de jouer une musique aussi exigeante que tu brutal death ?
Julien : On le sent quand même … Bon, on prend toujours autant de plaisir, on n’est pas des papys !!
Eric : En fait, pour ma part ce n’est pas tant au niveau des concerts que j’en chie, c’est plus les trajets, un problème de confort en tournée. Ça, ça commence à être « difficile ». Parfois, on roule plus de 10 heures pour rentrer chez toi. On arrive le dimanche à la maison à 22 ou 23 heures et le lendemain c’est lundi et faut aller bosser … Globalement, en ce qui me concerne, les concerts c’est loin d’être le plus difficile, c’est plus au niveau des conditions.
Le futur pour Benighted, ça s’annonce comment ? Tournée promo j’imagine ?
Julien : On continue les dates jusqu’en septembre. En septembre on arrête parce qu’il faut vraiment qu’on se mette à travailler sur le nouvel album. Quand on tourne, on n’a pas franchement le temps de composer et donc on arrête totalement les dates pour se pencher vers les nouveaux morceaux. On espère être en studio pour l’été prochain. Sortie début 2014 suivant comment on avance …
Merci à vous pour l’interview. Je vous laisse le mot de la fin !!
Julien : Beh merci surtout à toi !!
Olivier : Merci à tous ceux qui se sont bougés dans la fosse à se prendre de la boue, c’était vraiment énorme !!
Merci bien évidement à Julien, Eric et Olivier pour leur disponibilité. Merci à Rose pour la logistique.