Septic Flesh
Christos
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Après des années passées dans l’ombre des grandes formations extrêmes européennes, Septic Flesh est devenu, depuis leur reformation en 2007 et l’album « Communion » en 2008, l’un des groupes les plus affluents et présents sur la scène du vieux continent.
Parcourant le monde et semant la destruction partout où ils passent, les grecs semblaient au firmament d’une carrière que beaucoup se mettait à découvrir. Alors qu’on pensait que Septic ne pourrait aller plus loin dans la démesure, l’intensité symphonique et la violence du death metal, « The Great Mass » arrive en cette année 2011 et parvient à élever encore plus, de manière quasi divine, le niveau de composition, la brutalité des compositions et l’intelligence symphonique, ici à son paroxysme et composée individuellement et non en unique arrangement.
De retour au Hellfest après un passage remarqué en 2008, mais jouant plus tard et attendu par tous, c’est Christos (guitare) que nous avons rencontré, le cerveau « symphonique » du groupe, compositeur et chef d’orchestre à ses heures...un homme sympathique, affable (nous discuterons de Devin Townsend rapidement après l’interview à cause de mon tee-shirt), passionné et sincère qui nous aura livré ses impressions sur le groupe, l’album, le festival et les fans... Portrait d’un géant.
[Par Eternalis]
1 – Vous êtes déjà venu au Hellfest en 2008 pour le Communion Tour. Aimes-tu ce festival ?
Oui absolument. C’est toujours un plaisir de venir jouer en France, devant des gens si nombreux. Je partage beaucoup de choses avec ton pays et en plus, nous jouons cette année à 21h, soit deux heures de plus qu’en 2008. Nous aurons donc un peu plus de temps et nous pourrons avoir un parterre plus conséquent je pense. C’est en tout cas toujours énorme ici, et l’ambiance est excellente.
2 – ok. Donc parlons de « The Great Mass » maintenant, votre nouvel album. Il s’agit pour moi d’un des meilleurs albums de l’année pour le moment…quand avez-vous commencé la composition de cet album ? Ca a dû être monumental non ?
Nous avons commencé, je pense... [un ange passe, il réfléchit] après la tournée aux Etats-Unis, donc au début de l’année 2010. Je crois que nous n’avions rien commencé sur la route si mes souvenirs sont bons. Nous avions énormément d’idées et nous avons commencé par composer les parties orchestrales, enregistrées avec Fotis, en Décembre pendant trois mois. Après nous nous sommes attaqués aux parties metal, qui ont été globalement plus rapides du fait de notre expérience de studio. Pour finir, on a mixé l’album, que l’on envoyait progressivement à Peter Tagtgren.
3 – Le concept de l’album est très riche et complexe. Les textes évoquent la mythologie égyptienne, sumérienne et grecque. Quelles sont les messages derrière ce disque ?
Tu sais c’est Sotiris qui compose l’ensemble des textes donc il est toujours délicat d’en parler pour lui. Disons que chacun dans le groupe a ses propres interprétations mais l’idée principale est celle de l’artwork : c’est-à-dire que chacun de nous est un dieu. Nous ne devons pas croire en la religion chrétienne, ou une autre, mais en nous. Nous sommes notre propre Dieu, et ainsi détruisons la figure centrale qui désirerait que l’on croit uniquement en elle. Quand tu regardes la pochette, il y a de nombreux symboles cabalistiques qui dénoncent cela.
Pour faire simple et résumer l’idée globale, c’est que nous avons le pouvoir. Nous l’incarnons pour faire et créer des choses, interagir entre nous. Mais nous l’avons aussi pour détruire...se détruire ou le faire aux autres...
4- Avec cet album, Septic Flesh poursuit la même voie que « Communion », mais l’atmosphère est plus grande, sombre et oppressante…et la voix de Seth est définitivement plus démoniaque. Es-tu d’accord avec cette analyse ?
Peut-être...des gens disent qu’il est plus mélodique, d’autres plus sombre ou agressif...
Personnellement, je crois sincèrement qu’il s’agit du meilleur travail que nous ayons jamais réalisé. Il y a sur « The Great Mass » des éléments symphoniques exceptionnels comparé à « Communion » où l’approche était complètement différente. Ici, c’est l’orchestre qui donne le tempo, qui fait la musique et l’ambiance, ce n’était pas le cas sur « Communion ». L’approche dans la composition et l’écoute n’ont rien à voir selon moi. L’orchestre donne la mesure aux parties metal, ce ne sont pas simplement des claviers que nous avons fait jouer par un orchestre, ou simplement des arrangements. C’est un important tournant dans la composition car avant, nous partions d’un riff. Pas sur ce disque.
5 – Pourquoi Sotiris ne peut-il pas vous accompagner en tournée ?
Et bien, Sotiris travaille dans la banque, et ce n’est physiquement possible pour lui de réaliser son travail très prenant et de jouer de longues tournées pour le groupe. Il est monté sur scène récemment avec nous en France, pour un festival [ndlr : le Chaulnes Metal Festival, le 23 Avril] mais c’est très rare, et il n’est plus forcément à l’aise sur scène.
Cependant, nous respectons ça et ne voulons en aucun cas nous séparer de lui et de sa voix si unique...
6- Et ce n’est pas trop difficile pour vous ? Pour la scène ?
Hum...nous jouons volontairement peu de titres actuellement avec son chant, il y en aura deux ce soir, « Annubis » et « The Great Mass » (et quand même « The Vampire From Nazareth). Nous jouons avec des samples...ce n’est pas la meilleure des choses mais que pourrions-nous faire d’autre ? Il n’y a pas d’autres solutions...
7 - Chaque chanson de l’album dispose d’une personnalité propre et forte. « Five Pointed Star » est l’une de vos plus violentes compositions, « Pyramid God » est plus dark metal, « Mad Architect » est schizophrénique et très expérimentale, « The Vampire From Nazareth » rassemble vos caractéristiques...comment faire tant de variétés ?
Je pense que le fait que chacun de nous compose y est pour beaucoup. Nous avons toujours énormément d’idées ensemble et il faut forcément faire des concessions. De ce fait, il y a inéluctablement une personnalité forte qui ressort de chaque chanson, une de nous quatre. Sur « Mad Architect » par exemple, c’est clairement la mienne...
8 – La pochette de l’album est très ambitieuse. Il y a énormément de symboles je suppose ?
Seth a voulu que l’on puisse lire l’artwork sous différents angles. Comme je te le disais, la cabale l’a beaucoup influencé. On y voit un Dieu blessé, un homme sombrant...c’est très métaphorique tout en étant clair. Chacun de nous verra des éléments différents je pense tant cette peinture est riche. Nous en sommes très fiers.
9 – Comment avez-vous enregistré avec l’orchestre et la chorale ? Etiez-vous mieux préparé que pour « Communion » ?
Oui parce que maintenant, je travaille dans le milieu. De ce fait, j’ai pu amener la musique où elle devait aller, et j’ai abordé l’enregistrement de manière non-conventionnelle, pas uniquement mélodique si tu veux. Je voulais séparer l’orchestre des parties metal, le rendre indépendant et cohérent si l’on enlevait les guitares. Je pense que l’on ne peut garder que les symphonies et l’ensemble reste très fort.Ce n’est pas juste du metal symphonique comme on pourrait le croire...nous l’amenons à un nouveau statut. C’est mon opinion.
10 – Quelle est ta chanson préféré de « The Great Mass » ?
La première, « The Vampire From Nazareth ». Je trouve que c’est une sorte de micro-cosmos entre tous nos albums, parce qu’il est très agressif, il y a beaucoup d’éléments symphoniques, un refrain mélodique, beaucoup de changements rythmiques...
Je considère ce titre comme le « single » de l’album, parce qu’il nous représente totalement.
11 – Beaucoup de gens ont découvert le groupe avec le come-back de « Communion ». Aujourd’hui, des albums comme « Revolution DNA », « Ophidian Wheel » ou « A Fallen Temple » sont presque impossible à trouver sur le net ou en magasin, ou chers. Y aura-t-il des rééditions un jour ?
Ces albums sont chez Holy Records et c’est vrai qu’ils sont bien mieux distribués que nos trois derniers albums. Ce n’est pas de mon ressort mais j’espère qu’ils seront réédités un jour avec l’ancien matériel et des bonus. Ce serait une très bonne chose pour nous comme pour nos plus jeunes fans mais malheureusement, ce n’est pas encore fait.
12 – Merci beaucoup pour le temps que tu m’as accordé. Bonne chance pour le concert [ndlr : qui se révèlera le meilleur du festival à mon humble avis…]. Je te laisse les derniers mots pour les fans français…
Merci beaucoup à tous les fans français pour nous soutenir depuis toutes ces années. Nous avons une relation privilégiée [ndlr : toujours avoir été sur un label français notamment] avec vous et nous espérons que le concert vous plaira ce soir et évidemment, que vous prendrez plaisir à écouter « The Great Mass ».
A Christos pour sa gentillesse et son accessibilité, Julien pour m'avoir accompagné et l'orga du Hellfest pour ce moment.