U-Zine

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On pourra dire ce que l'on veut sur Max Cavalera, ne pas automatiquement souscrire à la musique qu'il joue actuellement etc... Mais s'il est bien une chose qu'on ne peut lui ôter, fan ou non, c'est son implication dans la scène Metal. A l'aube de la sortie de Blunt Force Trauma, le prochain Cavalera Conspiracy, l'occasion de lui parler était trop belle pour la laisser passer.
C'est avec beaucoup de stress qu'à 19h, un Max très détendu et me mettant immédiatement à l'aise m'a appelé pour répondre à mes questions sur la future mise en bac de Blunt Force Trauma, de ses différents projets, mais également à mes interrogations du vieux fan du old Sepultura que je suis.
Entretien magique avec un l'un des acteurs majeurs de la scène que nous aimons tant, et accessoirement, une de mes idoles de toujours ;)

U-Zine : Salut Max et merci pour l’interview ! Tout d’abord comment vas-tu et comment te sens tu à l’approche de la sortie de Blunt Force Trauma fin mars ?

Max Cavalera : Ca va bien merci ! Effectivement je suis très impatient à l’idée de proposer aux métalleux Blunt Force Trauma. Nous avons fini l’album il y a déjà plusieurs mois déjà et nous sommes depuis ce temps dans l’attente de sa mise en bac. Ceux qui l’ont déjà écouté sont très enthousiastes, nous avons eu de très bons retours, alors oui, je suis très excité à l’idée de la sortie de ce nouvel album.

J’ai eu la chance d’écouter Blunt Force Trauma il y a quelques heures. Il me semble que cet album sonne plus ‘direct’ et plus diversifié qu’Inflikted. Cette orientation résulte-t-elle d’un choix déterminé ?

Oui c’était l’idée de départ. Quand nous avons opté pour le nom de l’album, Blunt Force Trauma, nous voulions composer quelque chose de plus agressif qu’Inflikted. C’est un peu comme franchir une étape supplémentaire par rapport au précédent album. Inflikted est un album que j’aime énormément, je suis très fier du travail accomplit sur ce skeud, mais je pense que le nouvel album est meilleur pour plusieurs raisons d’ailleurs… Nous avons passé plus de temps sur les compos, nous les avons travaillées pour les rendre encore plus intenses. Donc oui, Blunt Force Trauma est plus agressif qu’Inflikted !

Roger Miret d’Agnostic Front tape le featuring sur ‘Lynch Mob’. C’est une chanson très old-school, très ancrée dans le Hardcore. Peux-tu nous en dire plus ?

Evidemment ! Mon frère Igor a toujours été un grand fan d’Agnostic Front, et nous avons grandi en les écoutant. J’avais pour projet de l’inviter pour ce nouvel album et Igor à immédiatement approuvé l’idée. Alors j’ai choppé son numéro lors par l’intermédiaire d’un ami. Nous l’avons appelé et il est venu en studio à Los Angeles. Il vit également par chez moi, près de Phoenix pour l’anecdote. Nous avons fait le morceau ensemble. C’est chanson rapide, écrite spécialement pour lui. C’était une collaboration formidable. L’un et l’autre avons écrit nos parties de chant. Nous avons nommé le morceau Lynch Mob et l’avons enregistré dans le plus authentique esprit du hardcore New-Yorkais. Je suis vraiment fier de ce featuring, car à mon sens, Roger est le parrain du ‘New-York Hardcore’. Enregistrer avec lui était vraiment cool, et je pense que le plaisir que nous avons pris se ressent sur ce morceau. Nos voix se répondent et s’accordent vraiment bien, j’aime énormément ce titre.

Tu sembles aborder pas mal de thèmes différents sur Blunt Force Trauma… Peux-tu nous en dire plus sur les paroles du nouvel album ?

J’avais plusieurs idées quand j’ai écrit les paroles pour Blunt Force Trauma. J’ai écrit notamment à propos de Raspoutine sur le morceau du même nom ou encore sur Genghis Kan. Ce sont des personnages historiques dont la vie me fascine, et ça a été un vrai plaisir pour moi d’écrire à leur propos. J’aborde également la vie du boxer Rubin ‘Hurricane’ Carter qui a été emprisonné pendant 20 ans. Chacun de ses personnages fait partie de l’histoire et tous ont eu une vie très forte qui sied bien à l’agressivité de notre musique. Gengis Khan par exemple, a eu un règne marqué par la guerre, et combiner une frange de l’histoire si violente à une musique qui l’est également était très intéressant.

Si à mon sens Cavalera Conspiracy résonne comme un hommage à ton affection pour la scène thrash/hardcore, Soulfy semble davantage dédié à tes racines brésiliennes. Néanmoins, parviens-tu systématiquement à faire la différence entre tes deux projets dès lors qu’il s’agit de composer, tu n’as jamais de difficulté à dissocier les deux, tu n’as pas peur de la redite ?

Non tu sais c’est un processus très normal pour moi, car j’écris en permanence de la musique. Quand je compose un morceau je sais immédiatement à quel groupe il appartient. Ça vient très naturellement, je suis posé là, avec ma gratte et ma boîte à rythme, et je peux écrire comme ça pendant des heures. Un peu plus tard j’écoute ce que j’ai enregistré et c’est vraiment là que je sépare les morceaux. Mais ça ne résulte vraiment pas d’un processus bien défini. En fait je sais exactement à l’écoute d’une chanson ou d’une autre, laquelle ira à Cavalera Conspiracy et laquelle sera utilisée pour Soulfly, juste par le style général de la chanson, les riffs... Je joue toujours avec mon cœur tu sais, alors cette distinction est tout à fait naturelle pour moi.

Marc Rizzo est un excellent guitariste, et vous collaborez ensemble depuis des années maintenant. Participant à tes deux projets, c’est toujours aussi important pour toi de l’avoir à tes côtés ?

Oui, Marc est vraiment bon et il fait un excellent boulot pour les deux groupes, l’avantage étant qu’il adopte un style de jeu différent selon qu’il s’agisse de Soulfly ou de Cavalera Conspiracy. D’album en album il devient encore meilleur, encore plus groovy, et en plus c’est un excellent ami. C’est vraiment génial de l’avoir dans le groupe. Nous nous entendons tous très bien, avec Johny, avec Igor et lui, nous avons vraiment une relation très forte. C’est vraiment un bonheur de l’avoir dans les deux groupes, et oui, définitivement, c’est un grand guitariste.

Quand on jette un œil à tes différents artworks, on s’aperçoit facilement qu’ils correspondent à la musique que tu joues. Les premiers Soulfly étaient par exemple très colorés et optimistes, tandis que l’artwork s’est assombri avec les compos plus récentes. Pour Cavalera Conspiracy, c’est tout ce qu’il y a de plus sobre. Cela résulte-t-il du choix de coller à la zic ?

Oui c’était là notre idée. En plus d’être un grand fan de groupes à la Discharge, des Clash, dont les artworks s’articulaient également autour de ces deux couleurs, le noir et le blanc que j’adore, nous avions voulu faire une pochette directe et sans fioritures. C’est très minimaliste et je trouve que de cette simplicité se dégage une vibe qui correspond à ce que tu peux entendre sur l’album. C’est un artwork très direct, je trouve que ça fonctionne bien ne serait-ce qu’avec le nom ‘Blunt Force Trauma’, ça donne une cover très forte, dans une veine bien punk/hardcore, et j’en suis très satisfait !

Quand on écoute l’album, ou encore le précédent, on a le sentiment que Cavalera Conspiracy à été vraiment composé pour la scène…

Précisément, et c’est d’ailleurs aussi ça que j’aime sur un album comme Blunt Force Trauma. C’est le genre d’album que nous pouvons jouer intégralement sur scène, comme on l’a fait à Barcelone il y a quelques semaines de ça. On a joué l’album du début à la fin, exceptée pour Lynch Mob, parce que Roger n’était pas là, et c’est vraiment un super sentiment d’écrire un album que tu peux interpréter en entier. T’as pas besoin d’éléments extérieurs, t’as pas besoin d’ordinateurs ni d’aucun élément électronique ou de quoi que ce soit pour t’aider. Tout sur l’album est interprété par nous seuls et sans aide quelconque. Cette musique est faite pour être jouée en live, nous l’avons composée dans cette optique, donc ça va franchement être génial quand la tournée commencera, nous allons pouvoir jouer plein de nouveaux morceaux, nous sommes très impatients.

Puisque nous parlons du live, je suis certain que t’as pas manqué de noter que la foule réagit davantage quand vous interprétez des vieux hymnes de Sepultura, le gens deviennent bien cinglés à l’écho de ces titres. Tu ne penses pas que ça puisse être un frein à l’existence de Cavalera Conspiracy en tant que groupe à part entière ?

(Il réfléchit).Hmmm non. A mon sens tu peux comparer une chanson comme Inflikted ou Sanctuary, qui sont des morceaux récents à quelque chose comme Troops of Doom qui a été composée y a 20 piges tu vois, je la joue depuis toutes ces années, et c’est devenu une sorte de classique. Beaucoup de vieux morceaux de Sepultura le sont devenus d’ailleurs, même si il aura fallu deux décennies pour ça, les jouer encore et encore pour en arriver là. Et les morceaux composés pour Cavalera Conspiracy qui sont très récents sont voués à devenir également des classiques, à mon sens d’ailleurs, Infikted et Sanctuary le sont d’ores et déjà. Tu sais ça prend malgré tout beaucoup de temps pour développer des chansons que chacun attend et aime entendre, mais je pense que c’est une progression naturelle, et que lorsque j’aurai joué le nouveau matériel pendant des années et des années, ce seront de fait devenus des classiques. Non ce n'est pas un frein pour le groupe.

Igor a été une grande influence pour de nombreux batteurs, dont je fais partie. Comme décrirais-tu son jeu mais également l’alchimie qui vous lie ? Il semblerait que vous soyez devenus plus proche que jamais grâce à Cavalera Conspiracy.

J’adore le jeu d’Igor c’est clair et net, surtout sur le nouvel album ! Il fait beaucoup de choses que pas mal de batteurs ne peuvent pas faire, c'est-à-dire conserver un jeu très simple et direct. C’est un peu une machine ! Il ne s’amuse pas à faire beaucoup de remplissage dans ses plans de batterie, il épure au maximum ses parties rythmiques, pour aller droit à l’essentiel, pour conserver la simplicité. Ce mec à enregistré ses plans de batterie, en… trois jours je crois ! C’était vraiment hallucinant et franchement super rapide ! C’était impressionnant de le regarder enregistrer ses drums, il a tout fait très vite et a accomplit un excellent boulot. Tu sais, je trouve vraiment ce groupe génial, et rejouer avec mon frangin est franchement formidable. (manifestement ému) C’est si bon d’être redevenus frères, d’être amis à nouveau. Je connais sa famille maintenant, il connaît la mienne, nous nous entendons tous à merveille. Tu sais, notre entente est vraiment parfaite aujourd’hui.

Ca fait tellement longtemps que tu es dans le metal maintenant, que je te propose un petit regard en arrière. Si tu devais choisir un album qui représente le plus ce que tu as à offrir ça serait lequel ? En somme si tu ne devais garder qu’un skeud dans ta discographie, lequel choisirais-tu ?

(Hésitant) Je pense que le meilleur album que j’ai écrit serait probablement Soulfly I. Ça a tout simplement été le plus difficile à écrire mais également le plus intéressant. Ce n’était pas évident par rapport à la situation dans laquelle je me trouvais. Revenir dans la scène metal, je devais me prouver que j’en étais encore capable. Je devais prouver au public que j’avais encore le feu en moi, la volonté de jouer cette musique. Je pense que cet album est très excitant, avec de bons morceaux comme Eye For an Eye, Tribe, No ou encore No Hope No Fear. Il y a sincèrement de bonnes choses sur cet album, il est très bien fait, et on y trouve d’excellents featurings. Ouais, je crois que c’est vraiment l’album dont je suis le plus fier.

D’ailleurs si je me souviens bien, tu avais à l’époque révélé pour la première fois le nom de Soulfly à ‘Nulle part Ailleurs’, une émission de télé française.

Exact mec, je m’en souviens bien, c’était pour la télé française et c’était la toute première fois que je suis réapparu avec Soulfly.

Pour passer à des questions plus légères, nous n’avons plus beaucoup de temps, quel est le premier et le dernier album que tu as acheté ?

Le tout premier album que j’ai acheté était un album de Queen, le Live Killers, après les avoir vus sur scène au Brésil. Et le tout dernier album que j’ai choppé était… Axe to Fall de Converge.

Qu’est ce que tu écoutes le plus ces derniers temps ?

En fait mon fils est dans un groupe, et ça me donne l’occasion d’écouter de nouveaux groupes qu’ils écoutent comme Whitechapel par exemple. En fait le groupe de Richie, Incite, joue chez moi, et ils viennent de sortir un album d’ailleurs, mes deux autres fils ont également un groupe, ils ont une douzaine de morceaux, et c’est toujours agréable de les voir se développer. Donc en fait, je crois qu’en ce moment, c’est vraiment ce que j’écoute le plus (rires).

Pour conclure, la question qui tue, et que j’ai promis à un très bon ami de te poser, qui écoute pas mal ce que tu fais également. Crois tu qu’un jour tu finiras par te couper les dred-locks ?

(rires).Oh ! Nan nan pas maintenant ! Elles ont été si longues qu’à un moment j’ai fini par les couper mais là elles grandissent à nouveau ! Alors je vais les laisser repousser tranquillement, mais peut être qu’un jour, je le couperai encore une fois. (rires).

Merci beaucoup Max. Et pour finir je ne peux pas raccrocher sans te dire qu’il y a 15 ans de ça, j’ai chopé CHAOS A.D., et que c’est l’un des albums qui m’a amené au metal, et que je n’ai jamais lâché le genre depuis. Alors ça a été un plaisir de te parler et merci pour la musique.

Ca me touche beaucoup mec, et ça a vraiment été un plaisir de parler avec toi. A bientôt.

Plus de 20 minutes d'une interview extra, avec son côté fan-boy que j'assume totalement mais j'espère que vous aurez autant de plaisir à la lire que j'en ai eu à la faire, réalisant un vieux rêve de gosse. Merci à Max pour sa gentillesse. Merci à John, à U-Zine pour la confiance accordée, et à Karine de RR, tout ce petit monde ayant rendu ce truc que je n'aurai jamais cru possible bel et bien réalisable. Et un Big Up à LN, ma femme, pour le soutient inaltérable face à mes épisodes de stress !