Devian
Legion
U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
A l’occasion du passage à Paris de Devian en guest de Vader et de Septic Flesh, Legion (ex-Marduk) a bien voulu se prêter au jeu de l’interview avec Caacrinolas et moi-même.
U-zine : Bonjour Legion, après un long break depuis 2003, des tentatives de formation de nouveaux groupes Devian est né. Mais avant ça, comment avais-tu réalisé à l’époque qu’il était temps de te démarquer du panzer Marduk ?
Legion : (Après quelques hésitation…) Et bien en fait j’ai adoré me donner à 100% pour Marduk, c’était vraiment une très bonne expérience, mais au fil du temps, de plus en plus de tensions sont apparues au sein du groupe. C’était très intense, à tel point par exemple que pour l’album « la grande » (La grande danse macabre – 2001), nous avons fait le mixage en 9 jours, l’enregistrement en 2 mois. J’ai posé ma voix dessus en 4 heures.
C’était trop intense, si bien que les exigences de Morgan (guitariste) commençaient à m’agacer. Nous étions comme 2 frères, buvant, faisant tout ensemble, mais dans sa tête, il était là (Legion lève sa main gauche devant lui) et moi j’étais là (il lève sa main droite à environ 30 cm) et finalement, ça a été l’explosion (il écrase ses mains l’une sur l’autre).
Avoir des fans heureux tous les soirs en concert ne suffisait plus…
Il y a eu un crack irrémédiable entre nous et je voulais moi aussi affirmer mon leadership. J’ai donc dû me résigner à devoir changer de groupe et pourquoi pas en profiter pour m’éloigner du style « char d’assaut » de Marduk. En plus, j’avais depuis quelques temps plein d’idées de riffs si éloignées de Marduk que ça s’est fait naturellement.
C’est alors que j’ai demandé à Emil (Dragutinovic, ex-batteur de Marduk et aujourd’hui dans Devian) s’il voulait faire quelque chose de nouveau avec moi, et il a accepté sans hésiter. Il en avait aussi marre de Morgan.
U-zine :Après ton départ de Marduk, tu as créé avant Devian un groupe nommé Rebelangels. Il y avait B-War (ex-bassiste de Marduk) avec toi. Pourquoi ce projet s’est arrêté ?
Legion : (Rire) Je dois admettre que ce groupe était une belle connerie. Dans les années 90, nous écoutions du black metal bien sûr, d’autres genres dans le metal mais pas seulement…
On est parti aux Etats-Unis pour s’amuser comme des fous, jouer du hard rock comme Black Sabbath, Led Zeppelin, etc.
On prenait notre pied et il était loin le temps où dans Marduk on jouait sur 8 variations de riffs le plus vite possible...
Malheureusement, un autre groupe déjà établi à l’époque avait le même nom. Nous avons donc dû changer pour Eliziun.
Nous avons stoppé ce projet après que B-war se soit consacré à sa famille aux Texas. Il a eu le choix entre les 2 plus beaux métiers du monde (musicien et papa vraisemblablement). Je respecte sa décision et il reste un grand ami.
U-zine :Parlons maintenant de Devian : tout d’abord, que signifie le titre de l’album Ninewinged Serpent ?
Legion :Ninewinged Serpent… Oui ! Je suis fasciné par les reptiles, les serpents. Si vous analysez mes textes, je parle pas mal des serpents, du sang et des squelettes (rire)…
J’aime chez le serpent la dualité entre son venin mortel et son physique qui parait si fragile. Pour moi, les serpents sont en quelques sortes une personnification possible du diable.
Le concept de l’album est une chute durant 9 jours, symbolisée par les 9 morceaux (+ l’intro) qu’il renferme. Il y a aussi l’opposition entre l’idée de la chute et l’aile qui est dans le titre. C’est pour dire qu’il y a toujours une issue possible quelque soit le problème que l’on rencontre.
U-zine : Heavy, Thrashy, Groovy, avec des influences un peu plus extrême aussi. Devian paraît être un groupe assez ouvert musicalement. Comment s’est déroulée la composition de l’album ?
Legion :L’album a été en grande partie composé par Emil et moi-même, dans nos maisons respectives, car j’habite en Allemagne et Emil en Suède. MSN nous a beaucoup servi pour échanger nos compos. Nous étions tout le temps en train de nous envoyer nos travaux et de nous dire : « Oui, j’aime bien cette partie, on la garde ! » ou « Bon, il y a encore pas mal de boulot pour sortir quelque chose de bien ».
On a réussi à faire un mix de tous les styles qu’on aime, sans pour autant les séparer dans l’album. Un mélange de rythme catchy et de mélodie.
On est très satisfait de notre travail, d’autant que les musiciens qui nous ont rejoint pour compléter le groupe étaient à 100% d’accord pour la musique.
Vous remarquerez aussi que Tomas (Nilsson), qui jouait la basse sur l’album, est maintenant notre lead guitariste ! Il est un très grand fan d’ Yngwie Malmsteen !
Tout ça pour dire qu’on forme un groupe polyvalent. On n’aura pas de problème à inventer du nouveau matériel ensuite.
U-zine : Pour la production, le choix de travailler avec Fredrik Nordström (studio Fredman) paraît être une voie de facilité. Qu’as-tu à dire à cela ?
Legion :Nous avons parlé avec notre label Century Media des différentes opportunités qui s’offraient à nous pour la production. C’était vraiment confortable de travailler dans le Studio Abyss avec Peter Tagtgren (Hypocrisy, Pain) en tant que producteur. Mais il avait un emploi du temps tellement chargé que ça n’a pas été possible de continuer avec lui.
Comme nous aimions particulièrement le son de guitares sortant des studios fredman, notre choix s’est porté pour celui-ci pour faire le mixage.
Finalement, avec du recul, ça a été un très bon choix, même si comme tu le dis, beaucoup de groupes entrent dans ce studio car ils savent qu’ils auront un bon son. Nos retravaillerons surement avec la même équipe pour notre prochain album.
Ils avaient une très bonne compréhension de notre objectif et de notre travail.
U-zine : Devian est-il satisfait de son deal avec Century Media ?
Legion :Oui, très satisfait ! Ils me connaissaient très bien car j’ai toujours travaillé avec eux par le passé (ndlr : pour la distribution des albums de Marduk aux USA).
Ils sont très accommodants et ne ferment pas des portes que l’on voudrait voir ouvertes. Nous sommes aussi très content de leur gestion du merchandising et de nos déplacements. Aussi, ils ne sont pas trop oppressants en l’attente de musique quand nous sommes en studio. C’est une affaire qui roule ! (Rire)
U-zine : Et pour la tournée avec Vader ?
Legion :C’est pareil pour la tournée qu’on est en train de faire avec Vader. Tout est parti de notre demande à Century Media pour faire une grosse tournée en Europe. On avait eu une opportunité pour tourner en fin d’année dernière avec Dimmu Borgir et Amon Amarth (2 dates à Paris en octobre), mais notre album est sorti en retard. On n’a donc pas pris part à cette tournée.
Puis on a eu d’autres possibilités de tourner, mais pas à grande échelle…
Et il y a eu Vader !
Je suis un grand ami de Peter (guitariste – chanteur de Vader) depuis des années et j’adore leur musique. Donc ça s’est fait naturellement entre nous.
En plus, c’est une très belle tournée, avec énormément de dates et de pays parcourus. Pour l’instant, on ne le regrette absolument pas ! (ndlr : 10 dates effectuées à l’époque).
U-zine : Vous allez effectuer 6 dates en France. Marduk a été et est habitué à se produire ici. En quoi notre pays est important pour toi, pour Devian ?
Legion :Avec Marduk, on a acquis ici une fan base très importante ! J’aime bien chez les français ce côté « je donne toute mon énergie, laisse vivre mes émotions sans en garder pour moi à l’intérieur ».
Les français sont naturels, ce qui a des avantages quand on donne un bon concert. Par contre, c’est vrai que quand certains soirs, on n’est pas capable de bien jouer, avec les français, on le ressent tout de suite !
Et puis aujourd’hui, on est à Paris. Emil a une grande amie ici qu’il a pu revoir tout à l’heure et comme d’habitude, on s’est bien fait plaisir en visitant la ville.
La France est un pays assez incroyable à visiter : tous les climats, tous les reliefs, toute la bonne bouffe y est ! (Rire).
U-zine : C’est maintenant le moment de poser des questions moins plaisantes. Le but du jeu est d’essayer de répondre du tac o tac et de ne pas se laisser démonter.
Legion :OK ! (Il se redresse dans le fauteuil, fait une espèce d’étirement de bras et écoute…)
U-zine :Tout d’abord, parlons de la chanson « scarred » présente dans votre album. Est-ce que tu sais que le riff de guitare au départ a été joué par Fear Factory quelques années auparavant ? (ndlr : dans l’album Archetype, 1er morceau « Slave Labor »).
Legion (étonné) :Quoi ? … Non, vous êtes sûr de ce que vous dites ? (Voyant qu’on affirmait de la tête, il a continué).
Je n’ai que l’album Demanufacture chez moi. Je ne savais pas qu’ils avaient ce même riff dans un autre disque. Tant mieux pour nous alors, car Fear Factory était un bon groupe avant maintenant.
Ce riff rythmique en question dans notre album, on l’a cherché pendant longtemps ! Quand on écoute ce morceau, on se rend compte qu’il ne sert qu’à en faire l’intro, avec le départ thrash. Non, on n’a pas fait exprès de prendre la même chose que Fear Factory…
Il y a tellement de groupes, tellement de CDs à écouter, que quelque fois on a entendu une fois un morceau puis on l’a oublié, et inconsciemment quelques temps après, on reproduit un truc semblable.
C’est comme Ozzy Osbourne qui a dit : « nous sommes tous des voleurs » (par rapport aux vieux riffs heavy). (Rire)
U-zine : On va parler du DVD de Marduk « Funeral marches and warsongs ». Beaucoup de gens ont dit, après l’avoir vu, que tu étais le clown du black metal. On sait que ça remonte à longtemps, mais qu’as-tu à répondre à ces attaques ?
Legion :Oui !!! C’est vrai ! Hahahaha
Quand on est sur la route, on rencontre un tas de gens qui nous disent : « on n'aime pas quand tu fais ça » (le clown). Ils s’attendent tous à voir un chanteur de black faire le méchant.
(Puis prenant une posture dramatique) : oh ! Regardez-moi, en voilà une tête effrayante… (Rire).
Au début, j’étais jeune, j’étais dans le trip black metal à fond. Puis en vieillissant, j’ai pris conscience que tous ces clichés, toute cette énergie négative utilisée pour paraître méchant, c’était inutile. J’ai donc décidé de m’amuser sur scène, et tant pis pour les mécontents !
Ils s’attendaient à voir Freddy Kruger sur scène, et ils avaient Bozzo le clown (rire).
Non, plus sérieusement, j’adore Iron Maiden et Bruce Dickinson. Regardez comment il s’amuse sur scène, en bougeant partout, souriant, en interagissant avec le public, etc. Et regardez comment les fans en ont pour leur argent ! Voilà l’exemple à suivre ! Quel frontman !
Le satanisme existe depuis des lustres, et ce n’est pas le chanteur d’un groupe de black qui va réinventer ce qui existe déjà. Non, autant être naturel et prendre son pied sur scène ! Je suis très heureux d’être un clown scénique (rire).
U-zine : Sur ta page myspace personnelle, on a l’occasion aussi de bien rire, en lisant ton « job » : « wanker » (branleur en français). Peux-tu nous en dire plus ?
(Legion explose de rire) (Et moi je rigole aujourd’hui, car Legion a mis l’une de mes photos en avatar sur son Myspace perso… Une photo ratée d’un de ses slams. – Je leur ai filé un CD avec toutes mes photos le lendemain de la date de Paris, à Notre Dame de Gravenchon).
Legion :C’est parce tout le monde a une description classique de soi, et ça m’agace. Trop de gens se prennent trop au sérieux, et c’est dommage !
Je suis pareil sur scène et dans la vie, je m’amuse. Branleur, c’est le job parfait (il fait le mouvement, et termine en faisant un pet avec la langue).
U-zine : C’est la dernière question ! En fait, ce n’en est pas une, car on va te proposer un challenge !
(Legion a les yeux qui pétillent à l’idée de s’amuser)
U-zine : Nous avons ramené avec nous une chanson d’Edith Piaf… Est-ce que tu sais qui c’est déjà ?
Legion (instantanément) :Oui ! Ma belle-mère, qui était allemande mais qui a grandi en France, en était folle quand j’étais petit. Elle n’arrêtait pas d’écouter ça.
Son trip, c’était de manger du pain avec du fromage, et de boire du vin en écoutant Edith Piaf ! (Rire).
U-zine : Et… on ne t’as pas demandé avant de t’interviewer, mais est-ce que tu parles le français ?
Legion :Oooooh !! Absolument pas !
U-zine : Ok, alors ça va être un challenge très difficile… On a amené avec nous un extrait de 20 secondes de la chanson « mon légionnaire ». On a imprimé aussi les paroles pour que tu puisses les lire.
Tu comprends le rapprochement entre « mon légionnaire » et ton nom de scène « Legion » Erik ?
Legion :Euh…
U-zine : « Mon » = « My » en anglais.
Legion :Ok !! Je comprends maintenant.
Donc, à l’aide de l’enregistrement de 20 secondes, et grâce au texte sous les yeux, Legion a pu se faire à la mélodie, au rythme de la chanson d’Edith Piaf…
Puis, pour corser le tout, après l’avoir écoutée une fois, il a chanté en voix death a capella le texte correspondant à l’extrait.
Voici le résultat enregistré en exclusivité planétaire (on peut le dire… Personne n’aurait imaginé ça) : c’est détonnant !!!!
Un grand merci à Legion pour sa simplicité, sa franchise et sa bonne humeur. Nous souhaitons à Devian une bonne continuation pour la tournée, et pour le prochain album qui est déja en préparation ! (Ils ont enregistré 1 nouveau morceau le lendemain à Notre Dame De Gravenchon dans l'après midi).