La Ruda
Pierrot
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Venant tout juste de sortir un double DVD accompagné d'un double album live "Dans la Vapeur et le Bruit", La Ruda (anciennement La Ruda Salska) était de passage à Paris dans la salle intimiste de La Maroquinerie. Etant fan depuis des années du groupe, l'occasion était trop belle pour ne pas s'entretenir avec Pierrot, chanteur de La Ruda, sur leur carrière passée et future.
U-zine.net : Vous venez de sortir votre premier DVD « Dans la Vapeur et le Bruit » qui est extrêmement complet, retraçant toute votre carrière depuis la formation du groupe jusqu’à vos dernières tournées estivales en 2004. Comment tout cela s’est-il mis en place ?
(suite à un léger problème technique de micro la première question est passée à la trappe, en voici juste quelques bribes…)
Pierrot (chant) : […] Il a fallut tout d’abord récupérer toutes les bandes, puis faire du dérushage avant de les classer et les monter, ça a été très long et puis ensuite il y a eut le choix de montrer ce que l’on voulait montrer et ce que nous ne voulions pas montrer, ce qui au final nous a pris beaucoup de temps, environ six bons mois ! […]
Sur l’intro de votre DVD, on vous sent très nerveux… Est-ce commun à La Ruda ou était-ce dû au tournage du DVD ?
Il y a toujours une nervosité qui doit s’installer, c’est de bonne guerre ! S’il n’y en n’avait pas, c’est qu’il y aurait quelque chose que nous aurions laissé dans le caniveau. C’est un rendez-vous existant de faire un concert, ce n’est pas quelques chose d’anodin, il y a des gens qui se déplacent et qui donnent ainsi un peu de leur temps et de leur agent, il faut donc être à la hauteur. On est concentré, et un peu nerveux… Oui, bien sûr ! Je trouve même ça bien qu’on soit nerveux avant le début du concert vu qu’on va l’être pendant tout le set. Ca demande une sorte de recentrage sur soi-même, ce qu’on a faire. C’est pas anodin de faire un concert et il faut toujours se dire qu’il faut donner le meilleur de ce que l’on a à donner. Et quelque part, même si on aborde toujours les choses avec gourmandise vu que c’est quelque chose qu’on aime, il faut se dire qu’on va devoir être à la hauteur.
Pour continuer sur la lancée du DVD, vous existez depuis 1993… Avec le recul, quel regard portes-tu sur l’évolution de votre carrière ?
Le mot carrière est exagéré je trouve, c’est plutôt un parcours. On peut dire « carrière », on va pas jouer les bégueuls, c’est une question de rhétorique. Je dirai presque que les autres l’ont pour nous le regard, nous on s’est trouvé jeune, il faut le reconnaître, on a chngé. En toute franchise, on ne pensait pas avoir tellement changé, d’ailleurs, en y réfléchissant on n’a pas tant changé que ça…
(le coupant) Passer du ska au rock, je trouve que c’est tout de même une sacré évolution !
Tu sais, du ska on en joue encore. On en joue ce soir, et on en jouera encore demain… A l’époque, c’était quelque chose de plus ancré dans notre musique car c’était quelque chose qui n’existait pas encore sur la scène, et cela nous tenait à cœur de le défendre. On avait une écoute qui était très axée là-dessus car c’était un peu plus marginal…
Mais pour en revenir à ta question première, j’ai l’impression qu’on a évolué plutôt de façon très chronologique. Notre parcours est assez simple, il s’est fait assez lentement, on n’a pas explosé d’un coup… D’ailleurs, on n’a jamais vraiment explosé en tant que tel. Mais petit à petit, on est passé du bar du coin au petit café concert, au grand café concert, à la petite salle, au petit festival, au grand festival… Avec le temps on a réussi à convaincre et aujourd’hui on s’attache à rester là où l’on est.
En parlant de cette tournure plus rock que vous avez pris avec 24 Images / seconde, qui a décidé de cette évolution ?
C’est un quiproquo qu’il faut ôter… La notion de rock a toujours été très présente chez nous, le nœud de notre histoire, c’est le rock alternatif, c’est La Mano Negra, les Beruriers Noirs, Babylon Fighters… Mais on écoutait également du ska, les Clash… On a toujours été dans le rock, mais on aimait le ska, le contre-temps et on a donc décidé d’intégrer le contre-temps dans notre musique. C’est vrai qu’on le fait moins qu’avant, mais pas parce qu’on trouve que nos compos manquent d’originalité lorsqu’on fait du ska vu que sur le prochain album il y en aura… Ce n’est donc pas quelque chose que l’on s’est interdit, c’est juste que nous voulons faire des morceaux qui nous semblent bon, donc tantôt ils sont rocks, tantôt ils sont sur le contre-temps, tantôt ils seront plus axés sur le texte, ça dépend des humeurs. Mais si on prend l’exemple du premier album, si on parle de ska, il doit y avoir 3 morceaux ska sur 10 chansons… Notre entité tourne pas mal autour du rock.
Oui, enfin, les cuivres étaient bien plus présent par le passé alors que sur le dernier, ils sont très en retrait !
Rha tu es dur par rapport à cette notion… C’est vrai que les cuivres on les a longtemps utilisés comme locomotive et on s’autorise à plus le faire car ça nous permet de nous régénérer, de repenser nos compositions de façons différentes et donc de nous remettre un petit coup de pied aux fesses, d’ouvrir un peu les fenêtres. Le groupe existe depuis 12 ans et en 12 ans, nos écoutes changent, nos envies changent, il est logique qu’on ait envie de faire les choses différemment. Mais faire différemment ne signifie pas renier puisque, par exemple, ce soir on doit jouer 6 morceaux du premier album… Cela fait donc parti de notre patrimoine et cela nous permet donc de nous régénérer et de faire quelque chose de différent de l’album précédent.
Dans le DVD tu dis que vous êtes passé au Rock parce que vous aviez plus ou moins fait le tour du Ska, penses-tu qu’un jour vous devrez passer à autre chose vu que vous aurez fait le tour du Rock ?
Il y a une chose qui est sûr, c’est que le contre-temps est plus compliqué puisqu’il offre « moins de largeur » que le rock. Mais nous, on ne pense pas les choses en se disant on ne fait plus de ska, ou on ne fait plus de rock… On va vers ce qui nous excite. Quand on fait un album, on fait 17 ou 18 morceaux environ, ensuite on en quadrille et on garde les meilleurs. S’il se trouve que les meilleurs sont plutôt les morceaux rock, s’il y a plus de contre-temps, la tendance sera plus ska… Ce qui est sûr, c’est qu’on fait moins de ska car on en a moins envie et qu’on a fait en quelque sorte le tour du ska. Et puis, le contre-temps s’est banalisé… A l’époque où l’on a commencé la Ruda, le ska c’était une musique que l’on ne jouait pas beaucoup alors que maintenant il y en a pleine et ça nous existait moins vu la multiplication des groupes de ska. D’ailleurs, on s’est tiré une balle dans le pied quelque part car c’était le créneau le plus aisé pour nous vu qu’on s’était retrouvé locomotive du genre, mais ce qui nous intéresse c’est de faire quelque chose qui nous excite. Alors que le ska, pour parler vrai, quand on compose un ska, on a l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part, qu’on l’a déjà fait… Alors on le met à la poubelle, ce qui est moins vrai pour le rock, on avait moins exploré.
Et pourquoi avoir eu besoin de changer de nom ?
Pour plusieurs choses. La première, c’est que ce n’était pas un besoin, on s’était juste contenté de mettre sur la pochette de notre dernier album « La Ruda », mais sur la tranche, on avait bien mis « La Ruda Salska ». Puis on s’est dit, on va mettre que La Ruda vu que les gens nous reconnaîtront quand même. Ca fait 12 ans que les gens nous appellent La Ruda, et c’est donc venu comme ça. D’un autre côté, ce n’était pas innocent non plus, car l’album est quand même plus rock, c’est vrai aussi et le mot Salska ne nous faisait plus rire puisqu’on a jamais de la Salsa en fait… Et puis, on a plus besoin de se définir un style ! Au départ, lorsqu’on a fait La Ruda Salska, ce n’était pas innocent, c’était pour dire, on fait du Ska, on fait du Rock et lorsqu’on jouait dans les bars, ça permettait aux gens qui ne nous connaissaient de savoir ce qu’ils allaient entendre. C’était une sorte d’appel… Aujourd’hui, ça devient un peu un piège car si on ne fait pas de ska, on va nous le reprocher. Alors, nous appeler La Ruda, c’est un terme plus générique qui nous permettait d’être plus libre dans la musique qu’on aime, qui nous fait envie, sans créer de quiproquo par rapport aux noms.
Vous avez eu une histoire assez tumultueuse passant de l’auto-production à la distribution par Sony puis par votre propre distribution et aujourd’hui vous êtes signé chez Wagram…
On n’a jamais distribué nous-même. La distribution c’est quelque chose de très compliqué à mettre en place et nous n’en avons jamais fait. Au départ, comme tu l’as dit, on produisait nos albums, ce fut le cas pour les deux premiers. Puis on a fait un album chez Sony, mais on s’est rendu compte que ça ne nous allait pas donc on est revenu à produire nos albums et qui sont distribués chez Wagram Music. Quant on était chez Sony, on n’était pas pied et mains liés, bien au contraire… Un label, c’est quelque chose d’important, c’est un partenaire, c’est quelqu’un qui te permet de faire ce que toi tu ne peux pas faire. On essaie de structurer au mieux nos albums, on s’investi, on s’endette mais après pour mettre en place, pour distribuer, pour promouvoir, c’est quelque chose qui nous échappe et on a besoin de ce genre de partenaires. Finalement, ça n’a rien changé dans la créativité, on ne nous a pas obligé à faire des choses, ou empêcher à en faire d’autres… On a toujours été libre de faire nos pochettes, de faire nos disques, de les sortir quand on voulait… Après, on accepte toujours des avis, des conseils, mais on avait toujours le droit de dire « Merde » ! C’est le cas aujourd’hui du nouvel album, comme c’était le cas du précédent, on va le produire, on va le penser, le financer et puis le proposer à Wagram et si ça lui plait il le mettra en magasin. Et si ça lui plait pas, on trouvera quelqu’un d’autres.
Vous avez sorti 4 albums studios pour 2 albums lives et un album de reprises à l’accordéon, tu trouves pas que ça fait beaucoup de lives pour peu d’albums studios ?
Ca fait un rapport d’un live tous les deux albums, c’est vrai que c’est un peu excessif (géné) mais nous ça nous va bien car la scène c’est un témoignage qui nous ait cher, notre musique s’y prête bien. Mais pour parler plus franchement, le premier live tombait à pic puisque c’était quelque chose dont on avait besoin, c’était un témoignage qui nous était cher. Au bout de deux albums, on avait fait pas mal de concerts, 800 aujourd’hui, c’était bien de témoigner de ça… Ce qui nous intéressait plus sur le dernier, c’était l’image, car c’était quelque chose que nous ne pouvions pas faire à l’époque. Sortir un live, de mettre la même en audio… On allait pas se priver de le faire, mais c’était surtout le côté image qui nous intéressait.
Ca me tracasse depuis un petit moment, votre album de reprises d’accordéon c’est venu d’un délire ou ?
Oui (il cherche ses mots)… D’un délire, oui, car on aime bien l’accordéon, pas tous au même ton, et on ne se l’écoute pas en boucle tout le temps… Mais on avait envie de se faire des projets solo, on fait des dubs, on fait des remixs et nous on a un rapport assez serré avec la chanson française en tant que telle. On aime bien et l’accordéon, c’est un instrument qui prend à contre-pied ce qu’il se fait. Et puis, ça nous permettait de tester nos chansons, savoir si elles pouvaient supporter ce support là. On avait un pote qui s’amusait à reprendre nos chansons à l’accordéon, on trouvait ça plutôt bien alors on s’est dit : Tiens, on va faire un album de ça !.
Ce soir voir première partie est orientée punk-rock, il me semble, lors de votre dernier passage à l’Elysée Montmartre, c’était plus ou moins pareil… Prenez-vous toujours des groupes dans ce style là pour ouvrir pour vous ?
Non, non c’est très variable, dès fois on prend même des DJ, des groupes de reggae, de ska… Non, non, on varie. Par contre, ce qui est très intéressant, là, c’est que c’est un groupe japonais qui vient en France avec qui on correspond, ou du moins, avec qui on va tâcher de tisser des liens ce qui va nous permettre de faire un échange de bonne intelligence. Ils feront notre première partie en France pendant une semaine et ensuite on ira au Japon faire leur première partie là-bas. One essaie de tisser notre toile, de rencontrer des gens pour aller à l’étranger, ce que l’on fait avec le Japon, le Canada, la Slovaquie… Et ça nous permet de rencontrer des gens qu’on ne connaissait pas. Pour être honnête, Brahman, je ne connais que sur disque, et je ne connais pas plus que ça. Mais ce qui nous intéresse, c’est le côté humain, le côté échange et puis l’année prochaine on ira au Japon où l’on rencontrera d’autres cultures, d’autres gens, d’autres façon de faire et ça nous permettra de voyager,de faire de la musique et de pouvoir ouvrir les yeux.
Ce soir, c’est complet… En Mai 2004, à l’Elysée Montmartre, c’était également complet… Pourquoi avoir décidé de jouer à La Maroquinerie, salle de 500 places alors que vous remplissez une salle de 1500 ?
Pour ne pas user les patiences. Pour être honnête, on n’avait pas vraiment besoin de jouer en ce moment, on avait envie d’appuyer un peu la sortie de l’album, mais aujourd’hui, notre conception première c’est la conception de l’album à venir. Donc on s’attache la semaine à faire des morceaux qui ressemblent à des morceaux, ce qui n’est pas simple et cela nous demande beaucoup de temps… Et on a besoin de jouer, c’est ce qui nous nourrit dans tous les sens du terme et on ne peut pas s’arrêter de jouer pendant un long laps de temps sinon on n’est pas bien, on aime trop ça… Et puis, c’est ce qui nous fait vivre aussi, c’est également important. On s’est dit, quitte à être sur Paris, La Maroquinerie c’est un lieu à dimension humaine, c’est une salle que nous n’avions jamais faite et ça nous intéressait de la faire pour le plaisir de jouer. (Le concert de Brahman débute en fond sonore) Et puis la salle qu’elle fasse 480 personnes ou 900 voire 2000, la tension et la pression sont les même et ça ne change rien là-dessus. On a donc une salle qu’on ne connaissait pas et où l’on avait envie de jouer, c’est un endroit important La Maroquinerie…
Tu viens de me dire qu’un nouvel album était en route, quel sera l’orientation de cet album ?
L’orientation… C’est compliqué puisqu’on est un peu les mains dans la marmite en ce moment. (il réfléchit et soupire) C’est marrant, nous on n’a pas tellement l’impression de changer tellement, ça ressemblera à ce que l’on fait d’habitude… Il n’y a pas de virage à 90°, non. (il réfléchit) J’en sais rien, c’est pas une réponse, j’en suis conscient… Mais c’est la vérité !
Vous êtes allé au Canada, en Allemagne, en Belgique, en Italie… Vous partirez bientôt pour le Japon… La Ruda est donc un groupe qui s’exporte de plus en plus, est-ce que tu comptes chanter en anglais ?
Non, jamais !! Mais on a déjà chanté en anglais comme sur Roots Ska Goods…
(le coupant) Oui bien sûr, vous avez enregistré deux titres en anglais mais je voulais dire sur un album entier ?
En fait, on a déjà mis tout le vocabulaire que je connaissais en anglais (rires). Une fois que j’ai dit « rock, like, night », j’ai déjà tout dit… Non, non, nous ce qui nous intéresse c’est de raconter des histoires. De toute façon, on ne saurait pas faire autrement. Ces deux chansons que j’avais fait en anglais, c’était une torture. On les faisait en anglais car on assumait de chanter en français car c’est compliqué de chanter en français vu que quelque part tu te mets toujours un peu à poil. En français, les refrains sonnent un peu plus nunuches, il faut choisir ses mots. Tout le monde le sait, lorsque tu met de la musique, tu fais du yaourt ouin ouin win wouin, ça sonne très bien, lorsque tu mets des vrais mots en français, ça sonne moins bien, il faut retravailler dessus, c’est plus compliqué… Nous, ce qui nous intéresse aussi, c’est le côté chanson ! Et puis, le fait de ne pas parler anglais ou très mal, fait qu’on ne s’est pas posé la question. Mais, sinon, aucune envie de ce côté-là !
Et puis, lorsqu’on part à l’étranger, ce n’est pas pour vendre des disques, on sait qu’on n’en vendra pas, on n’en vend pas déjà des masses en France…
Vous avez quand même vendu environ 300 000 albums en France, non ?
Non, tout confondu on en est à 200 000. Notre maximum pour un album, c’est 50 000. Mais c’est très bien, on est ravi de ça. Si tu me dis qu’on en vendra 100 000, demain, j’applaudirai. Mais on fait une musique qui fait parti d’un autre réseau. Mais nous sommes privilégiés dans ce milieu vu qu’on a eu la chance d’avoir un public, des gens qui sont venus nous voir, de faire des concerts, de vendre raisonnablement les albums… Assez pour en faire un autre et pour continuer à être heureux. On a bien conscience d’être privilégié, d’avoir réussi à installer notre aventure et de vivre de notre passion, de réaliser notre rêve en pensant en se levant le matin à quelles chansons on allait faire le soir.
Pour revenir sur vos paroles, elles sont soient engagées, soient sur la vie de tous les jours. Est-ce inspiré de ta vie ou… ?
Oui, bien sûr. Les textes répondent à nos humeurs. Les humeurs, elles sont composées de plusieurs choses comme la chose politique ou sociale, tout ce qui t’entoure, les choses qui t’énervent. Elles sont aussi composées de l’univers que tu as toi, tu peux t’inventer des personnages… On aime le cinéma, donc on va taper pas mal dans cette imagerie. J’aime également beaucoup les mots, sans jouer le côté pédant, je veux dire par-là, le côté textuel… C’est rigolo de faire des jeux de mots tout en concevant des chansons. On essaie de raconter une histoire et puis ils transpirent nos humeurs ou ils ne transpirent pas… Chacun peut mettre son avis dans une chanson, je pense, qu’il soit bon ou mauvais, en tout cas, c’est le nôtre. On essaie de construire un univers, et on essaie que ça sonne !
Tu me dis que vous aimez bien le cinéma, le titre « 24 Images / seconde » a-t-il un rapport avec cet univers du 7ème art ?
Paradoxalement, non, pas tellement. Le nom est certes pas totalement innocent, mais on a choisi ce titre car c’était un titre de l’album et ça nous semblait résumer un peu ce que l’on était, c’est-à-dire beaucoup d’images différentes et d’humeur différentes. Mais dans le contexte de la chanson, non pas tellement, c’était pas vraiment lié au cinéma, mis à part l’expression.
Votre line-up est relativement stable…
(me coupant) Si on a changé ! Il y avait longtemps qu’on n’avait pas changé mais on a changé de bassiste au mois de Janvier, et on joue désormais avec Xavier qui s’appelle… Xavier et qui jouait dans un très bon groupe de skacore de Perpignan, les Kargol’s, je ne sais pas si vous connaissez.
Mais de l’origine, il n’y a plus que Manu le batteur et…
Oui, mais ça faisait un bon bout de temps que votre line-up n’avait pas été changé !
Oui, tout a fait, depuis 1995, le line-up n’a pas tellement changé.
Ce qui est relativement rare, d’autant plus que vous êtes 8 avec des âges totalement différents ! Ce n’est pas trop dur la cohabitation si nombreux et si différent ?
Non, on a cette chance de bien s’entendre humainement, ce qui fait qu’on s’autorise à durer et à pouvoir inscrire différentes aventures et construire notre histoire. C’est la chance qu’on a eut, nous. Je pense même que ce n’est pas une chance, mais une intelligence… Car il y a des groupes qui ont plein de talent mais qui n’ont rien dans la caboche et ils splittent pour des conneries. Malheureusement, c’est con mais c’est souvent le cas. Nous on a assez vite compris, qu’on était rien tout seul et que c’était cette fonction de groupes qui nous permettait de passer le cap. On se retrouve autour de La Ruda, de se dénominateur commun, et ce qui fait qu’humainement ça marche et qu’on accepte de fermer sa gueule lorsqu’il faut la fermer et qu’on accepte la vie de chacun. On a donc cette chance là que ça marche bien humainement.
Vous passez de plus en plus de temps sur les routes, vous n’avez pas besoin de souffler de temps à autres ?
Pas tant que ça… Parfois on fait des tournées assez serrées où l’on fait 40 dates sur deux mois et là c’est vrai qu’on est content de rentrer à la maison… Surtout que l’âge faisant, on a des enfants, nos familles sont plus construites alors que lorsqu’on avait 20 ans, on n’avait personne entre guillemets. On se jetait les deux pieds dans l’aventure. Aujourd’hui, on laisse du monde à la maison, dès fois, c’est un peu plus compliqué. Mais, la vie d’un musicien de La Ruda, c’est comme un gosse dans un magasin de jouer, on touche quelque part à notre rêve, one st excité de ça, on est heureux de ça. Donc, bien sûr, parfois on préférerait être à la maison que d’être sur scène, mais jamais quand on joue. Car lorsqu’on joue, c’est différent, on ne se pose pas de questions…
Mais, la preuve, c’est que lorsqu’on ne joue pas et que l’on s’arrête pendant un ou deux mois, on a envie de repartir car ça rythme nos vies, on a la chance d’avoir cette adrénaline constante qui nous fait du bien.
Dans le livret du DVD, il y a une phrase qui m’a marqué disant quelque chose dans le style lorsque le public est réactif tout va bien et lorsque ça ne va pas, tu te prends une grosse claque, est-ce que cela vous est déjà arrivé de vous prendre une claque du public ?
Oui, bien sûr ! La formule c’était Le public, quand tout va bien, c’est une vague, la plus belle qui soit… Quand tout va mal, c’est une claque, des bagues à chaque doigt. Des fois, pour nous, tout va mal sur scène, on s’entend mal, on n’est pas bien, ça joue mal… Et le fait qu’il y ait du monde qui soit en face, pour nous, c’est une torture car on a un sentiment honteux et on voudrait être à la hauteur... Et on sent que les éléments font que ça nous échappe. Oui, ça arrive parfois, mais heureusement, c’est beaucoup plus rare que les fois où ça va bien ! Un public, c’est quand même une obligation, une pression, il y a besoin de se re-concentrer, d’être à la hauteur du rendez-vous, et que le rendez-vous soit cool !
Une dernière question avant de te quitter, sur le DVD dans les bonus au ski, on entend un court extrait de Blink pendant quelques secondes à peine. Vous êtes des fans de Blink ou c’est un pur hasard ?
Ah, je ne savais même pas… Mais Manu, notre batteur, est un fan de Blink comme tout batteur je pense. Moi, pas tellement ! Mais, oui, ce n’est pas un hasard… Moi, je suis pas trop roulettes…
Tu veux rajouter quelque chose ?
Absolument pas, tout a été dit…
Merci encore à Sabrina pour sa patience suite aux nombreux changements d'horaires de l'interview et à Pierrot pour sa gentillesse.