Cryptopsy
Lord Worm
U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
5 ans ! Voilà 5 ans que Cryptopsy n’a pas sorti d’album studio … U-zine se devait d’avoir quelques explications de la part de Lord Worn, le chanteur originel de la formation. J’ai été très surpris quand je me suis rendu compte que le hurleur en chef des québécois, était en fait de compte une personne très calme, gentille et facilement accessible ; avec en prime un accent bien prononcé, cette interview promettait d’être fructueuse.
U-zine.net : Peux-tu nous expliquer plus en détail ton départ de Cryptopsy et ton retour au sein du groupe ?
Lord Worm : Quand j’étais dans Cryptopsy au départ, il n’y avait pas « assez de cash qui roulait », et pour pouvoir gagner son pain avec un groupe, c’était plutôt difficile. Peut être d’avantage dans mon cas, où c’était ma fiancée qui payait toutes les charges (logement, nourriture…) et moi je payais rien car j’étais toujours en tournée avec Cryptopsy. A un moment, je me suis dit que cette situation n’était plus acceptable ; c’est elle qui paye tout, moi je paye rien, je pouvais plus rester comme ça.
Je suis donc parti vers 1996 et je suis revenu en 2003. Donc je suis parti environ 7 ans... Quand Flo m’a rappelé en 2003, les choses allaient mieux à tous les niveaux, je pouvais « gagner ma croûte comme un humain ». Au début, mon retour était juste pour écrire les paroles des chansons, mais le moment venu, j’ai repris tout naturellement le micro et je suis revenu comme Lord Worm !
Pourquoi Cryptopsy n’a rien composé pendant 5 ans ?
Cryptopsy a toujours composé ! Mais le problème, c’est qu’il y a eu de nombreux changements de line-up ; on perd un chanteur, on perd un guitariste… Il faut donc toujours trouver un remplacement, les entraîner, leur apprendre les chansons, il faut composer, etc… Finalement, ça fait 5 ans que l’on n'a pas sorti d’album studio, mais les morceaux de l’album étaient déjà composés il y a 3 ans.
Comment vois-tu l’évolution du groupe depuis "None So Vile" ?
C’est intéressant comme question… Ce n’est pas que je manque de respect pour les compositions qu’a fait le groupe pendant mon absence, mais après "None So Vile" j’aimais moins ce que faisait Cryptopsy. Cela a donc facilité mon départ, mais je ne serais pas parti juste à cause de ça… Je suis assez fier de ce que Cryptopsy a pu faire en mon absence, Martin DiSalvo était vraiment incroyable comme chanteur mais aussi comme frontman, et ses paroles sont très bien. Il a très bien comblé mon départ et m’a fait un peu oublié aux yeux du public. Suite à son départ est venu Martin Lacroix, qui lui aussi a fait un bon boulot. Mais après son départ, ils m’ont rappelé et puis maintenant, ça se passe bien. Avant qu’ils me reprennent, j’étais allé les voir en live et ça donnait très bien ; j’étais fier de les voir et de voir la tournure qu’ils avaient pris. Je ne suis pas allé sur scène, je voulais juste savoir de quoi ils avaient l’air. C’était intéressant et ça m’a beaucoup plu…
Votre prochain album est un album concept. Quel en est le sujet et la raison ?
C’est une idée à Flo ; une bonne idée d’ailleurs ! On voulait essayer quelque chose de différent par rapport au passé. On a voulu faire quelque chose qui n’avait pas été fait préalablement, en s’aidant des albums concept d’excellents groupes, comme les Pink Flyod ou King Diamond… Un album concept est risqué, mais c’est quelque chose à essayer ! En l’occurrence, le concept ici est « Once Was Not », donc littéralement, « Une fois n’était pas ». Donc il fallait trouver quelque chose qui, jadis n’était pas, et qui maintenant est ! (ndlr : vous suivez toujours ?). Donc on a cherché : « Qu’est-ce qui existe maintenant et qui n’existait pas v’la longtemps ? ». En composant, j’ai choisi la terreur humaine. Qu’est-ce qui fait peur aux humains à l’heure actuelle ? Ce qui leur faisait peur il y a 500 ans, 1000 ans, 10000 ans…Qu’est ce qui peut apeurer les humains ? Pas seulement le terrorisme comme on le voit, mais aussi la « terreur de la noirceur » a évolué. Donc c’est vraiment ça le concept de l’album. Un peu comme dans Phobophile, mais sur tout un album.
Le nouvel opus, Once Was Not, affiche 50 minutes au compteur. C’est plutôt rare pour un groupe de brutal death…
Oui, mais avec les intros, les claviers et les deux petits morceaux calmes, on y arrive vite. Sinon, c’est vrai que deux ou trois morceaux sont un peu plus longs. On les avait faits préalablement dont la huitième, « Angelskingarden », qui dépasse les sept minutes. Donc c’est un accident, mais voilà, c’est à peu près 50 minutes.
Pourquoi avoir choisi un titre promo aussi étrange que « The Pestilence That Walketh In Darkness [Psalm 91 : 5-8] » ? Beaucoup de vos fans ne vous ont pas reconnu dans ce titre...
Tout d’abord car c’est biblique (rires). Deuxièmement, c’est la dernière composition que l’on a faite sur cet album. Les autres ayant été arrangés et finis, il y a maintenant 2 ans, c’est donc la plus récente. Les choses n’ont pas changées, mais évoluées « comme par accident ». Ce n’était pas voulu ; parfois, il y a des choses que l’on ne contrôle pas et au bout du compte, ça sonne bien !
Qui souhaitait ces passages lents et lourds que ce soit au début de ce morceau ou sur le reste de l’album ?
On dirait quasiment un air suédois dans le feeling de ce titre. Je crois que c’est Alex (ndlr : Auburn, guitariste) qui l’a voulu.
Comment penses-tu que la plupart de fans de brutal death vont réagir à l’écoute d’un titre très calme comme « The End » ?
Encore une fois, ce titre n’a pas été écrit en même temps que les autres. Il a été écrit assez récemment. Il a d’ailleurs été joué par John Levasseur ; il y a « The End », « Pestilence » et « Liminum » qui sont joué par lui.
Disons qu’avec un album concept, on a plus de liberté à inclure des choses qui ne sont peut être pas brutal death, mais qui peuvent accentuer le côté ambiance proprement dit. Comme l’intro ou l’outro, cela donne un peu de jus à la chose et faire rebondir la musique tout au long de l’album.
Tu utilises le français sur Adeste Infidelis. Est-ce une nouvelle direction que tu as voulu prendre ?
Je ne dirais pas nécessairement une nouvelle direction à proprement dit, mais on a expérimenté. Prends un groupe comme Impaled Nazarene, ils aiment dire « We have no rules » (on n’a pas de règles). On voulait un peu faire la même chose sur Once Was Not. Ne pas toujours obéir aux lois du brutal death metal, sans pour autant les ignorer, et donc d’expérimenter un peu. On s’est dit, si on faisait comme ça, dans ce contexte si, est-ce que ça pourrait passer ?!
Pourquoi n’avez-vous pas recruté un nouveau guitariste après le départ de Jon Levasseur ?
On a essayé deux guitaristes dans un contexte live pour deux tournées différentes, dont Daniel Mongrain du groupe Martyr pour la tournée américaine. Les deux ont vraiment fait du bon boulot, mais on savait dès le début que c’était juste des guitaristes de sessions et non pas nécessairement pour rejoindre Cryptopsy à temps plein.
Pensez-vous toujours prendre un guitariste de session ?
On a peut-être trouvé un remplacement… On verra s’il correspond bien à nos attentes, pendant et après la tournée américaine qui doit commencer sous peu.
Et celui-ci fera parti intégrante du groupe ?
Il y a de bonnes chances. On verra… C’est une chose de jouer avec un groupe, s’en est une autre de faire une tournée de six semaines. Donc si tout se passe bien, ça devrait surement se faire.
Une tournée est prévue en Europe début 2006. On peut avoir un peu plus de précision ?
Autant je voudrais, autant je ne peux pas, car on sait presque rien. D’après ce que j’ai compris, l’un des principaux promoteurs serait celui qui prend déjà soin de Vader. Cette tournée durerait à peu près six semaines, et l’on irait dans plusieurs pays en Europe… Mais à l’heure où je te parle, ça n’est pas tout à fait concret.
Sinon, comment présents-tu votre tournée US ? Qu’est-ce que ça te fait de tourner avec des pionniers comme Suffocation ou Vader ?
On envisage vraiment quelque chose d’énorme. Ca semble être une tournée ultra brutale et qui va faire très mal ! Quelque soit les goûts dans le métal, il y a vraiment de tout dans cette tournée (ndlr : tout est relatif ), il y aura de quoi vous satisfaire. Ca fait plaisir de retourner avec Suffocation en tournée, parce que l’on avait tourné avec eux il y a 10 ans. Ca s’avère être un bon retour, on a vraiment un bon feeling…
Sinon, que penses-tu de la nouvelle scène européenne telle que Aborted qui tourneront avec vous lors de cette tournée ?
Ils sont très bons. C’est « du monde » qui se met complètement dedans, qui ont de l’énergie, qui ont vraiment quelque chose à dire. Je trouve que leur son est très bien travaillé et qu’ils dégagent beaucoup d’énergie ! Ca va être intéressant de voir comment la musique va évoluer, et comment des groupes comme ça vont évoluer…
Un nouveau dvd serait prévu pour Cryptopsy ? Ou peux-tu nous donner plus de détails sur celui de votre batteur, Flo Mounier ?
Il y a le dvd live que l’on a sorti, celui des Trois Rivières. Et celui de Flo, « Extreme Metal Drumming 101 » qui devrait sortir sous peu. On envisage aussi un dvd dans quelques temps, qui retracerait l’histoire du groupe, le début, le milieu et le présent de Cryptopsy ; avec tous les membres qui ont composés la formation, car au fil des années, on a fait une bonne vidéothèque au Japon, en Europe, au Québec… même avant que ce soit sous le nom de Cryptopsy. Tout ça, je pense que ça pourra être intéressant !
Pour finir, qu’as-tu ressenti à la mort de Denis d’Amour de Voivod ?
Quelques-uns uns d’entre nous le connaissaient très bien. Je le connaissais moins bien. Ce n’était pas vraiment un choc à proprement parlé, car on s’y attendait quand même, même si on s’y attendait pas à cette date là, on savait qu’il était très malade. Mais c’était vraiment un bon gars ! On connaît assez bien les mecs de Voivod, l'ancien et le nouveau Voivod, ce sont des bons gars, et monsieur D’Amour était vraiment novateur. On avait énormément de respect pour lui et pour son groupe.
Je te laisse conclure…
En espérant voir les fans français en tournée que ce soit à Paris, Marseille, Lyon ou je ne sais pas trop où. J’aime déjà la scène française, étant un peu plus black métal, je connais plus les groupes tels que Belenos, Seigneur Voland ou Seth que je respecte énormément et j’espère franchement pouvoir faire des concerts avec ces groupes là...
Merci à Lord Worm pour sa gentillesse