Dark Tranquillity
Mikael Stanne
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C'est dans un hôtel du nord de Paris, qu'U-zine a eu le privilège d'interviewer Miakel Stanne, le chanteur de la formation suèdoise, Dark Tranquillity, venu promouvoir la sortie de leur nouvel album fin Janvier.
Avant de parler de votre nouvel album, parlons un peu de vos dernières sorties… Vous avez enregistré un DVD l’année dernière en Pologne, pourquoi n’avez-vous pas privilégié la Suède ?
Du fait des opportunités qui se sont présentées à nous… En effet, la société polonaise Metalmind, qui a déjà produit de nombreux DVD de qualité, nous a proposé d’enregistré là-bas. N’ayant jamais joué là-bas, on s’est dit que c’était l’occasion. Tout a été fait un grand, cependant c’était assez étrange car les polonais n’ont pas l’habitude de venir en nombre aux concerts et ne savaient pas à quoi s’attendre. Ce fut donc assez étrange, mais vu que ça rendait bien sur l’image, on a décidé de garder ce concert, tout en ajoutant des bootlegs enregistrés un peu partout dans le monde, du fait du manque d’ambiance lors de ce show !
Comme la France.
Oui, entre autres… Je suis vraiment content de cd DVD car j’adore les DVD musicaux, j’en achète sans cesse.
Malgré ça, je pense qu’on enregistra notre prochain DVD ailleurs, dans un endroit où il y aura plus de monde !
Puis, vous avez sorti un double album comprenant des B-sides et des lives. Comment décrirais-tu l’évolution du groupe sur ces 15 dernières années ?
J’en sais rien. C’est incroyable ! Lorsqu’on a fait le mastering d’Exposures, le fait de réentendre tous ces vieux titres m’a fait me souvenir de cette époque de galère. Mais les temps ont changé, notre musique a changé… Cela fait plus de 15 ans qu’on joue ! Mais le plus important, c’est que nous continuions à jouer le style de musique que nous aimons, en combinant des éléments très rapides avec des parties beaucoup plus mélodiques… On reste fidèle à nous-même, et j’en suis extrêmement fier. Finalement, nous n’avons pas tant changé que ça. Les seules évolutions que je vois, c’est que tout va de mieux en mieux pour nous, il y a de plus en plus de monde qui nous connaisse et qui nous supporte.
Et nous continuerons à faire de la musique tous ensemble, tant qu’on continuera dans cette lignée musicale que nous aimons tous.
Le mois dernier vous avez sorti un EP « Lost To Apathy »… Or les groupes sortent souvent ce genre d’album avant ou après une longue période de silence, ce qui est loin d’être votre cas !
(rires) En fait, nous avons enregistré notre nouvel album en février dernier, puis nous avons eu certains détails de notre contrat à régler jusqu’au début de l’été, où Century nous a dit que notre album ne sortirait qu’en Janvier vu que leur planning de sorties était déjà surbooké. Vu que notre tournée pour promouvoir ce nouvel album, n’allait débuter que l’année prochaine, on s’est demandé comment maximiser l’impact de la sortie de Character sur le public. Et nous avons conclut qu’il fallait qu’on enregistre un clip qu’on mettrait sur un support pour faire patienter les fans. On n’était vraiment pas sur que ça allait fonctionner, mais au final, on est content de cet EP. Cet EP était donc un moyen pour nous de faire patienter nos fans, mais aussi de nous faire connaître par d’autres grâce à notre single et la vidéo. Et puis, nous avons rajouté de titres très expérimentaux, histoire de faire quelque chose qui sort de l’ordinaire.
Comme celui composé entièrement de différents riffs collés les uns, les autres ! Comment en êtes-vous arrivé à ce morceau, d’ailleurs ?
Ca venait d’une réflexion collective pour savoir comment rendre cet EP spécial. En réécoutant les différentes parties de guitares, lentes, rapides, ainsi que celles de la basse ou des claviers, on s’est dit qu’on pourrait faire un morceau avec nos meilleurs riffs. Ainsi, le premier riff de la première mélodie de ce morceau est extrait d’un de nos morceaux les plus rapides. Et, bizarrement, ça a un rendu complètement différent. Ce fut vraiment sympa à faire, et puis nous avions notre propre studio pour le faire, ce qui facilitait les choses.
Justement, ce ne fut pas dur de mixer ce tout ?
Oui… Mais c’était un challenge pour nous, et on s’est vraiment amuser à faire ce morceau, donc, au final, ce n’était pas très dérangeant. Surtout que le résultat est des plus surprenant.
Fin Janvier, sortira Character, votre nouvel album, qui sera votre 4ème sortie en un peu plus d’un an… Chose particulièrement rare pour être soulignée ! Est-ce une close de votre contrat avec Century Media ?
Non, pas du tout… C’est une succession de coïncidence ! Le DVD a été repoussé de nombreuses fois, nous souhaitions sortir un album comme Exposures depuis un bon bout de temps et nous en avons eu la possibilité l’année dernière… Tu vois, c’est vraiment le fruit du hasard ! Et puis, y a les rééditions de nos deux premiers albums qui vont sortir dans quelques mois… Je reconnais que ça va faire beaucoup de choses à acheter en un temps minime… Mais, s’il fallait en choisir un, je dirai qu’il faut d’abord acheter notre nouvel album. D’ailleurs, c’est vraiment sur Character qu’on se focalise !
Vous avez enregistré ce nouvel album environ deux ans après Damage Done. Ce ne fut pas trop dur de recommencer à composer et à enregistrer ?
Un peu… En fait, c’est toujours dur de se remettre au boulot et surtout de trouver les premières inspirations. La première chose qu’on fait en fait, c’est d’essayer d’oublier tous nos repères, pour faire quelque chose de différent et non juste une suite…On doit donc toujours faire une pause avant durant laquelle on se ressource, on joue et on fait la fête (rires).
Ensuite, on se réunit tous et on réfléchit sur la nouvelle direction qu’on veut prendre, on met nos idées en commun et une fois que les deux premiers morceaux sont à peu prêt fini, on s’en sert comme fil conducteur pour tout l’album.
Ca nous a prit environ un an pour écrire cet album… Et vu qu’il sortira un an après, ça aura donc pris beaucoup de temps.
On avait vraiment besoin d’arriver avec de nouvelles choses au lieu de reprendre tout ce qui a fait notre succès les années précédentes.
Cependant, lorsqu’on écoute Character, on remarque de nombreux points communs avec Damage Done ! N’avez-vous pas peur de devenir trop prévisible ?
Notre nouvel album est plus extrême que Damage Done, il est plus compliqué et excessif. C’est vrai que si tu écoutes tout nos albums, tu sais comment nous fonctionnons, mais nous faisons passer nos émotions à chaque album car tout le monde prend part à la composition des morceaux.
Nous avons nos idées sur la musique et sur la façon dont nous devons procéder, donc c’est vrai que si tu connais tout cela, tu es moins surpris par notre musique, mais nous faisons de notre mieux pour que chaque album soit différent des précédents !
N’avez-vous pas envie d’évoluer radicalement ?
Je pense qu’on pourrait faire quelque chose de sensiblement différent, mais ce n’est pas notre but actuellement. On veut seulement faire l’album le plus extrême que l’on puisse composer. Cependant, quand tu écoutes Projector, tu sens une nette évolution… Cet album était vraiment différent de tout ce qu’on pouvait entendre à ce moment là et à provoquer de vives réactions. On fera peut-être quelque chose de plus différent la prochaine fois, mais pour l’heure on se focalise sur ce qui rend notre musique si spéciale en essayant de développer au mieux ce quelque chose.
Vous avez quand même tenté d’évoluer au niveau technique avec Haven, cependant l’album n’a pas été aussi bien accueillit que les précédents. Ne vous sentez pas prisonnier de votre son ?
Je pense que nos fans attendent quelque chose de différent de notre part. Mais de toute façon, quoiqu’on fasse, ça sera toujours différent de ce que l’on a fait par le passé. On sait ce que l’on veut faire, mais nous pouvons jouer n’importe quel style, seulement nous aimons celui-ci. Certains n’aimeront pas les parties électroniques, d’autres les chants clairs ou encore les riffs très rapides, mais qu’importe. Pour nous, comme je te l’ai dit, l’important c’est que nous soyons satisfait de notre musique ! Que les gens aiment ou détestent… Je m’en fiche ! On ne peut pas prendre en compte l’opinion de chacun, cela ferait perdre de l intensité à notre musique.
Pourquoi avez vous choisi le mot caractère comme titre ?
C’est en rapport avec les paroles de l’album. Il faut apprécier les choses comme elles sont.
Ca parle de la façon qu’ont les personnes d’agir en fonction de leur expérience personnelle et de leur point de vue devant une situation extrême, de la manière dont tout nous vient au cerveau. Ce titre insiste sur le fait que les gens doivent penser par eux-mêmes et avoir confiance en eux, qu’ils ne doivent en rien être influencé par les autres et devenir esclave de la pensée des autres.
Ce fut vraiment la base des paroles de l’album. Tu as besoin de caractère, que ce soit pour la musique ou pour toi-même, pour déterminer ce que tu es et ce que tu vaux…
A l’égal de Damage Done, le clavier est très en retrait…
Ca prend du temps d’exploiter toutes les façons de jouer d’un instrument et de l’inclure au mieux dans nos morceaux. Les claviers sont là pour ajouter un plus à notre musique et non être notre vitrine. Nous faisons du metal, il faut donc que les guitares, la batterie ou encore les beuglements soient mis en avant. Cependant, l’électronique apporte une nouvelle dimension à notre musique, il permet de mieux sentir le spectre de notre son, et sans ça, notre musique serait moins bonne. Mais, notre album est avant tout un album de metal extrême
Lorsqu’on réécoute Projector, on s’aperçoit que ta voix a énormément changé depuis le temps. Penses-tu être toujours capable de chanter comme sur Projector ?
Oui, bien sûr. Je pense d’ailleurs que je chante mieux que jamais. Cependant, je me base sur la musique pour régler ma tonalité de voix, et sachant que c’est un de nos albums les plus extrêmes, ma voix est différente. Projector était vraiment différent car on voulait prouver au monde entier qu’on était capable de faire tout ce que nous souhaitions.
Attardons nous un peu sur votre tournée maintenant, vous allez tourner avec Kreator en Europe courant Février. Pourquoi ne jouez-vous pas en tête d’affiche ?
Kreator est bien plus reconnu que nous et plus ancien…
(le coupant) Non, mais pourquoi ne pas avoir fait une tournée en solo ?
J’aime beaucoup ce principe de grand package où il y a de nombreux grands groupes en un seul show. Pour nous, c’est une opportunité de jouer avant les grands Kreator. Si tu aimes le thrash old-school et que tu vas au concert, tu peux être séduit par d’autres styles… Ou encore, si tu es plus jeune et que tu viens pour nous voir par exemple, tu pourras découvrir Kreator et tu tomberas sous le charme car ce groupe est incroyable.
Je trouve cette idée de tourner commune vraiment bien et je suis fier d’en faire parti !
J’ai lu que vous projetiez de faire la tournée des festivals européen cet été, sachant qu’In Flames est programmé au Fury Fest 2005, a t’on une chance de vous voir là-bas ?
J’en sais rien. Rien n’est totalement programmé pour le moment et on ne nous transmet les informations que lorsque tout est à 100% sûr. Cette tournée va vraiment être sympa à faire !
Mais avant tout, nous allons tourner aux Etats-Unis, juste après nos concerts en Europe, durant quelques mois avant de revenir, donc, pour faire quelques festivals ! Mais pour l’instant je ne sais pas quels sont les festivals qu’on ferra… Quelques fois tu es mis au courant une semaine avant (rires).
Venons en a toi, tu continues toujours à exercer ton métier en parallèle de Dark Tranquillity ?
Ca m’arrive… On est resté chez nous environ un an, on en a profité pour enregistré l’album, mais j’ai aussi travaillé. C’est agréable de bosser de temps en temps afin de ne pas rester focalisé sur la musique. Mais, nous ne travaillons que très peu (rires), en fait, on ne le fait que lorsqu’on le souhaite vraiment.
Le son issu de Goteborg a influencé de nombreux groupes outre-atlantique, ressens-tu une part de fierté ?
Bien sûr, je suis flatté que de nombreux groupes soient influencés par ce son si spécial. Mais en fait, je ne sais pas trop quoi en penser, vu que je ne penses pas qu’on puisse avoir influencer tous ces groupes.
Tu veux dire un mot sur la mort de Dimebag ?
Horrible… Tout simplement, terrible ! C’est une tragédie pour le monde du metal, et ça nous a vraiment affecté en tant que groupe… C’était un guitariste incroyable, et je suis un grand fan de Pantera… C’est donc une grande perte pour le metal, mais aussi pour tous ses proches ! Ce genre de chose ne devrait jamais arriver… A personne d’ailleurs ! Je fus littéralement dévasté lorsque j’ai appris la nouvelle.
Nos amis de The Haunted étaient entrain de tourner avec eux et les connaissaient très bien… J’espère qu’une pareille chose ne se reproduira jamais !
Vous sentez-vous en sécurité sur scène ?
Oui. Je me sens en sécurité. Avant ce funeste événement, je n’avais jamais pensé à une telle chose. On est autant en sécurité sur scène que dans la rue. Je ne m’en soucis guère.
Sachant que tout le monde vous pose un peu toujours les même questions, je vais finir avec une question des plus atypiques…
(il me regarde avec anxiété) Ah ? ! Ok ! (rires)
Es-tu pour ou contre l’utilisation de l’Euro comme monnaie en Suède ?
Je suis pour ! On a fait un référendum l’année dernière, en septembre… Et j’ai voté contre… Euh, non, pardon, pour (rires) ! Pour nous ce serait tellement plus simple car nous ne cessons de voyager en Europe, c’est donc bien plus pratique d’avoir une monnaie unique partout où l’on va. Je pense donc que c’est une bonne idée.
Et même si l’arrivée de l’Euro dans notre pays entraînerait une hausse des prix, au final, ce serait positif pour nous tous.
Dans trois ans, nous revoterons pour savoir si la Suède intégrera la zone Euro. Le résultat sera peut-être différent, j’en sais rien.
Tu veux rajouter quelque chose ?
J’espère que vous aller aimer notre nouvel album et que vous viendrez en nombre nous voir sur scène à l’un de nos trois concerts en France. Je n’en peux plus, d’ailleurs, d’attendre. Mais cette attente nous permettra de jouer encore mieux sur scène !
Merci à Valérie pour m'avoir laissé plus de temps que prévu et Mikael pour sa gentillesse durant ces 20 bonnes minutes.