The Dillinger Escape Plan
Liam Wilson
U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Avoir comme première interview en face à face, l'un des groupes les plus déjantés de la planète, n'est pas toujours très évident. Il eu juste un petit souci de dernière minute ; je devais interviewer Greg Puciato, le nouveau chanteur, mais on m'a finalement donné le bassite, Liam Wilson. Très souriant, ce fut un réel plaisir de faire cette interview.
U-zine : Comment se passe votre tournée ?
Liam Wilson (bassiste) : Ca se passe très bien. On est un peu… pas fatigué, mais on est quand même impatient de rentrer à la maison. Ca fait déjà neuf mois que l’on tourne. On va pouvoir revenir chez nous pour Noël. (rires)
Vous êtes déjà venu en France il n'y a même pas 6 mois, pourquoi avez-vous décidé de revenir aussi tôt ?
Je pense que c’est juste une partie du tour pour promouvoir Miss Machine. L’été denier, je ne crois pas que l’album était déjà sorti, donc on revient pour essayer de le promouvoir encore une fois, mais cette fois-ci après sa sortie. Juste pour profiter du moment présent.
En 2002, le concert que vous aviez donné à Paris avec System Of A Down n’avait pas été un franc succès. Qu’as-tu ressenti ?
Je ne le savais pas… je veux dire à ma connaissance. Des gens diront toujours, « Ouais, ils ont un bon son », d’autre non. On sait que tout le monde ne peut pas nous aimer ce que l’on fait, mais si on arrive à obtenir même 10% du concert comme futur fans, c’est un très bon chiffre autant donné la taille des salles dans lesquelles on jouait avec SOAD. On avait quand même des mecs qui venaient à la fin des shows et qui disait: “C’est la première fois que je vous vois. C’était impressionnant ! ». On a aussi toujours des fans très fidèles qui se déplacent à tous les shows.
Et sur cette tournée, dans les autres pays, comment ça se passe ?
Ca se passait très bien, surtout au Royaume-Uni. On avait une dizaine de personnes qui venaient à notre concert avec des tee-shirts System Of A Down et qui nous disait « Mec, je t’ai déjà vu ! ». Franchement, ça aurait pu être pire après une tournée comme celle-là. Et personnellement pour le groupe, je pense que ça nous a appris plein de choses sur la façon qu’ont les groupes de tourner. Nous avons appris à jouer devant un très grand nombre de spectateurs et sur des grandes scènes. Maintenant, nous en savons un peu plus que la dernière fois et c’est déjà ça de gagner…
Parlons un peu de Miss Machine à présent. Dès Panasonic Youth, on se doute qu’il va falloir s’accrocher pour suivre le rythme de l’album. On a l’impression que vous voulez toujours aller plus vite ?
En jouant, on cherche à obtenir un son intéressant avec nos instruments. Pour nous, c’est juste une partie du fun, de voir à quel point on peut aller vite tout en gardant un son « groove » et un bon débit. Je ne pense pas qu’il y ait une réelle raison à cela… on imagine ce que l’on peut jouer en live et ensuite on avise. Là on se dit : « Ca pourrait être plus rapide » et là « Non, ça devrait être plus lent ». Il faut garder un certain excitement.
Votre musique est très complexe. Quelles sont vos influences ?
Il y en a tellement. Je pense que récemment c’est des groupes du genre, Blond Red Air ou même Necrophagist,… ( il réfléchit ) Mais avant, on n’écoutait pas autant de trucs morbide ; on écoutait des groupes comme Led Zeppelin, Metallica, Slayer, Tool, Messuggah,… Le genre de groupe que tout le monde écoute et des trucs plus « de musiciens » comme Charlie Parker, etc...
Chacun de nous a des goûts très larges. On n’écoute rien en particulier, on écoute tout !
On remarque aussi un réel changement au niveau de la voix. Que penses-tu que Greg a apporté au groupe ?
Je pense qu’au chant, il est un peu plus flexible. Quand nous cherchions un nouveau chanteur, on voulait quelqu’un qui soit très souple, qui ait une parfaite maîtrise de sa voix, avec laquelle on peut facilement faire des arrangements. Avant, nous jouons des morceaux beaucoup plus agressifs, car nous n'avions pas vraiment un vocaliste qui pouvait complètement tout faire sur une musique agressive. Greg a apporté à Dillinger un peu plus de vulgarité et d’éclat.
Mais rien n’est encore fait, on travaille toujours et on essaie de développer notre son en équipe. Tu sais plus on avance, meilleur c'est ! ( rires )
La musique du groupe était un peu plus jazzy auparavant. Penses-tu que c’est une évolution logique ?
Je pense que oui. Beaucoup de gens ( pas nécessairement des musiciens ) ont l’habitude de dire: “Oh, ça c’est jazzy!”. Non, je ne pense pas exactement, c’est pas plus jazzy que c’est classique. Certaines choses, peut être, mais sinon ça sonne plus comme de l’improvisation ; mais ça n’en ait pas. Pour moi, c’est une évolution logique.
L’artwork de la pochette est des plus bizarre. Qu’est-elle censée représenter ?
Quand on parlait de l’artwork, on doit parler de quelqu’un d’excellent. C’est un ami du groupe qui s’est occupé de la pochette. On lui a demandé de créer ce que DEP lui inspiré, à quoi la musique ressembler…
La musique de l’album ?
Oui, et la musique du groupe en général. Nous voulions quelque chose à la fois de difforme, complexe et à la fois de familier… quelque chose à la fois humain, à la fois machine. Mais aussi aseptique et sexy. Des millions de choses, dans des millions de directions !
Nous ne voulions pas de « pochette de métal ». On voulait que ça part dans tous les sens… ( un blanc ). Pour moi, elle est parfaite. C’est ce que c’est supposé être. J’aime beaucoup cet aspect ; c’est le genre de truc que tu peux regarder pendant les heures, et tu trouves à chaque fois quelque chose de nouveau. Tu te dis : « Je ne sais pas ce que c’est, mais je ne peux pas m’empêcher de le regarder ! ». C’est un peu comme les formes du test du docteur Rorschach ! (rires)
Il y a t’il un autre clip que « Panasonic Youth » en préparation ?
Oui. Nous venons de finir celui de “Setting Fire to sleeping Giants”. Mais je n’ai pas encore vu la version finale du clip. J’ai juste vu la version presque définitive de la vidéo. Elle a l’air pas mal… Je ne suis pas encore sûr à quelle date elle devrait sortir, mais elle a été faite en tout cas.
Elle sera du même genre que celle de « Panasonic Youth » ?
Elle sera plus constituée comme une histoire. Sur Panasonic, on voit juste le groupe en train de jouer. Sur celle de « Setting Fire », on verra bien sûr le groupe qui joue, mais on pourra aussi voir des extraits d’une histoire.
Venons en a l'Ep "Irony Is A Dead Scene". Pourquoi avoir choisi Mike Patton (Faith No More, Mr. Bungle, Fantomas, Tomahawk,… ) pour faire des duos sur cet EP ?
On avait presque fini la compo de l’EP et on a un peu parlé avec Mike de ce que l’on préparait. Au début, il ne faisait que de nous conseiller. On lui demandait qu’est ce qu’il pensait que l’on devait faire. Un brainstorming, quoi ! Après on a appliqué une bonne partie de ses conseils, puis on lui a envoyé une démo. Et là, il nous a renvoyé une cassette sur laquelle il avait posé sa voix. On a accepté direct ! Ensuite, nous avons enregistré nos partitions et il s’est ramené. Et c’est là que l’on a enregistré le tout ensemble.
Mais nous sommes tous des gros fans de Mike que ça soit avec Faith No More ou Mr Bungle. Nous n’avions aucune raison de refuser de faire cet EP sans lui. En plus, on a pu gagner en crédibilité. On s’est aussi ouvert vers de nouveaux auditeurs.
C’est osé de faire une reprise de « Come to Daddy » en version hardcore torturé. Qui a eu l’idée de faire une telle reprise de Aphex Twin ?
Je crois que c’est Chris Pennie, notre batteur. Chris avait appris le tempo de la chanson et nous a proposés de l’inclure dans l’EP. Tout le groupe a dit : “Allez putain ! C’est parti. ». On a passé pas mal de temps dessus, mais il nous en avait parlé depuis pas mal de temps déjà…
Est-ce que tu penses que Greg Puciato, votre nouveau chanteur, a remplacé son prédécesseur dans le cœur des fans ?
Oui, je pense. Je n’en suis pas vraiment sûr mais je pense que oui. Je n’ai jamais entendu quelqu’un dire quelque chose comme « Oh, c’était meilleur avec Dimitri ( ndlr : ancien chanteur) » ou autre chose du genre. Je ne crois pas qu’ils pensent qu’il soit meilleur ou quoi que ce soit. Je suppose qu’ils le trouvent tout simplement différent. C’est dur à dire. Même Greg était un fan du groupe avant de l’intégrer, donc c’est autant plus difficile à dire…
Qui a intégré Greg au sein du groupe ? Ben Weinman ?
Tout le groupe. Il nous a simplement envoyé une cassette... presque tous les autres « postulants » nous ont envoyé une cassette, car nous avions une chanson sans paroles sur internet ; on a juste demandé de télécharger la musique et de chanter par-dessus. Et franchement, c’est le seul qui a été une bonne surprise. C’était énorme ! Ca s’est vraiment fait très facilement.
De nombreux fans reprochent à Greg de ne pas avoir assez de rapports avec le public pendant les concerts.
Je ne vois pas trop ça comme ça. Nous sommes là pour jouer notre musique, peut être qu’on peut vous balancer une blague de temps en temps… Je pense que l’on a pas autant besoin de se vendre nous, que l’on vend notre musique. Nous ne sommes pas comme les groupes de glam. Nous n’avons pas tous ces artifices ; ces cheveux de fou, ces dents dans tous les sens. (rires )
Comment faites-vous pour avoir une reproduction de la technicité en live, toujours aussi clean sachant que vous gesticuler dans tous les sens ?
Beaucoup de pratique… un peu de chance et un bon son ! On connaît déjà nos partitions, on les joue très régulièrement, que ce soit en répétition ou en live, donc... Tu libères ton esprit en concert. Je pense qu’avant de monter sur scène, tu penses à plein de choses, pas forcément bonnes. Et c’est cette scène qui permet de tout vider ! Tous tes malheurs sortent de ton esprit pendant quelques temps. Tu évacues tout pendant les concerts.
La musique du groupe reste pour un très grande majorité de gens, du bruit. Qu'en penses-tu ?
Je sais que c’est du bruit, mais du bruit sophistiqué… mais ça reste du bruit. Ca pourrait se définir comme des maths. On pourrait croire que notre musique comprend des nombres. Il y a quand même une certaine logique dans ce qu’on fait, c’est naturellement mathématique. Ca n’est pas aussi mathématique qu’un flocon de neige, c’est une sorte de mathématique ironique. (il cherche ses mots )
Les hommes ont toujours besoin de tout caractériser : « C’est ceci, c’est pas cela ». Donne leur 15 ans et rappelles nous qu’est ce que nous étions ?! ( rire )
Sinon, à quand un dvd ?
Nous sommes paresseux, mais on veut enregistrer un DVD qui retracera tout, depuis le début du groupe jusqu’au départ de Dimitri, et un autre DVD avec Greg. Tout ça n’est pas encore assembler mais on travaille dessus. Ca n’est pas une de nos priorités. On avance lentement… Ca va arriver dans peu de temps, mais pas maintenant !
Un mot de la fin ?
Merci pour votre passion. Merci d’avoir attendu cinq ans pour l’album.
J’espère que vous nous suivrez là où nous irons par la suite. Et n’attendez pas l’inattendu…
Un grand merci à Relapse Records et à Liam