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L'album éponyme de Thorns reste à mon sens le mètre étalon du Black Metal, un opus intemporel et indétrônable dans son univers. La sanction arrive, cette fois, conjointement du Royaume-Uni et de Norvège. La raison pour laquelle j'ai choisi Thorns comme référence pour introduire mes propos n'est pas un hasard, puisque Snorre Ruch et Aldrahn sont deux des principaux protagonistes de l'album que je vais présenter. L'ensemble des compositions est l'œuvre de Host, guitariste britannique officiant au sein du groupe de Rock Progressif Thine.
Aldrahn est un musicien bien connu de la scène Black Metal norvégienne, il s'est illustré remarquablement dans des groupes comme Dodheimsgard ou Thorns. Aujourd'hui, notre vocaliste revient avec The Deathtrip qui n'est pas un nouveau projet puisque ce dernier existe depuis bientôt 8 ans. En revanche, Deep Drone Master est le premier album studio pour le duo anglo-norvégien. Snorre Ruch intervient sur l'album en tant que technicien.
Ceux qui vénèrent la scène Black Metal norvégienne du début des années 90 vont être conquis à l'écoute de ce nouveau méfait. Grâce à Deep Drone Master Aldrahn et Host raniment l'état d'esprit des hymnes du passé, avec une musique authentique aux ambiances hostiles et subversives. Deep Drone Master n'est pas l'album d'un énième groupe qui cherche à reproduire avec plus ou moins de réussite ce que les ainés de la scène norvégienne ont laissé pour héritage. Ici, The Deathtrip possède une véritable personnalité, d'ailleurs contrairement à d'autres groupes qui proposent des albums aux sonorités dépouillées et crues, Deep Drone Master se démarque et trouve son point d'orgue à travers une signature acoustique contemporaine et un esprit underground, j'y reviendrai plus loin.
L'écoute de cet opus est passionnante. Tel un corbeau survolant les forêts nordiques au gré du vent, une nuit de lune funèbre, l'esprit de l'auditeur est transporté par des riffs venimeux hypnotiques, lancinants et frénétiques. L'époque où les flammes des églises en feu embrasaient et déchiraient la voute céleste se rappelle à nous. Le crépitement du brasier s'exprime par le biais de dix hymnes lumineux et cohérents. Les riffs transylvaniens "So Pure...So Cold..." guident ces proclamations et lacèrent nos orifices auditifs déjà bien meurtris. Les atmosphères évoquent des pleines glaciales et obscures où seul émerge de la nuit le scintillement des astres, laissant ainsi les pensées de l'auditeur voguer dans l'infinité cosmique. Ce flux ambiant s'articule autour des vocaux directifs, variés, puissants et organiques d'Aldrahn, emplis de sincérité et s'intégrant naturellement à la musique.
L'intervention de Snorre Ruch durant le processus d'enregistrement est sans doute l'une des clés de la réussite de cet opus. Le leader de Thorns s'est occupé du mixage de l'album. L'empreinte sonore est immédiatement reconnaissable, notamment dans les textures des riffs qui sont terriblement ambiants et organiques. Snorre Ruch arrive à donner vie à la musique ! Sans dénaturer l'origine du riff norvégien, il lui insuffle un caractère moderne et personnel. Cette signature sonore est très présente sur l'album éponyme de Thorns. On la retrouve également sur Rebel Extravaganza de Satyricon, ou sur Rov Von Shelter de Slagmaur. L'élément principal qui donne du relief à cet opus est le chant. Les trames vocales sont finement travaillées, intelligibles et placées avec une justesse déconcertante, ce qui est suffisamment rare dans le Black Metal, pour être souligné.
Pourquoi palabrer 107 ans ? J'irai directement à l'essentiel. Le premier album de The Deathtrip est une réussite totale, tant au niveau des compositions que de la production. Si le Black Metal norvégien du début des années 90 vous manque, je ne peux que vous conseiller ce Deep Drone Master.
01. Intro
02. Flag of Betrayal
03. Dynamic Underworld
04. Making Me
05. Cosmic Verdict
06. Sewer Heart
07. A Foot in Each Hell
08. Cocoons
09. Something Growing in the Trees
10. Syndebukken