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Ah Dødsengel, c’est tout un programme ! Cette étrange entité norvégienne répand ses méfaits depuis 2007 avec à ce jour trois albums, quatre EP, deux splits et une compilation. Mirium Occultum est la seconde œuvre du duo originaire d’Ålesund. Elle n’a pas été produite par n’importe qui : Terratur Possessions. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais je considère ce label comme l’un des tous meilleurs de Norvège. On y trouve d’ailleurs bon nombre de productions de la « Nidrosian Scene », ce groupuscule originaire de Trondheim regroupant des formations telles que Celestial Bloodshed, Mare, Dark Sonority, One Tail one Head, Vemod… De l’Underground de qualité.
Et c’est également sur la qualité que s’inscrit le présent album. Dødsengel nous propose ici un Black Metal à la personnalité bien trempée, dans un registre totalement démentiel, déjanté, tout en suivant une ligne profondément occulte, tant dans les textes que sur l’aspect musical. Pendant près d’une heure, les scandinaves vous retournent le cerveau avec leurs riffs vicieux et décadents, avec un Kark totalement aliéné dans sa prestation vocale. C’est sans doute lui qui donne une tout autre dimension aux morceaux. Son jeu est d’une impressionnante variété, partant des grognements les plus rauques jusqu’à atteindre des cris stridents, en passant par des phrasés emplis de délire, d’étouffement, voire de schizophrénie. Les compositions sont soutenues par une production idéale, contrastée, avec une légère réverb pour appuyer l’ambiance de messe noire.
L’album se compose de seulement cinq titres, variant entre huit et vingt minutes. Tout commence avec un silence de dix secondes, avant que l’auditeur soit assommé par l’assaut lancé (« Azonei Wyrdwalker »). Un coup de massue brutal. Les premières minutes à elles seules vous permettront de vous faire une idée sur cet album, Dødsengel ne laisse pas de place à l’adaptation, leur rituel démarre sur les chapeaux de roue. Mélodies incisives et infernales et vocaux déchirés, ce morceau est une ode à la noirceur. Mais ce n’est rien à côté du second titre, « Evocation of Amezarak », sans conteste le meilleur de la cuvée. Les premières minutes vous rongent à l’acide, ensuite c’est…la folie incarnée, une longue descente dans l’antre de la décadence ; totally insane diraient les anglo-saxons. « Alor Mal Ki » repose quant à lui davantage sur une musique lourde et oppressante avec ses longs instants mid-tempo, presque intrigants. « A Word to Conquer the Aeon » présente une consonance plus épique avec ces riffs principaux assassins doublés d’un rythme conquérant. Quand on se penche sur les paroles, ce morceau fait en réalité l’éloge du néant…s’achevant par un « […] And the word is NIHIL ». Enfin, le dernier titre plonge dans les méandres du mysticisme, « Lucifer Ascendant » est un poison auditif, au tempo écrasant, vouant un culte au Démon avec ses incantations sataniques… « Zazas Zazas Nasatanas Zazas ! », concluant l’opus sur l’un des tons les plus occultes qui soit.
Niveau artwork on reste dans l’ésotérisme. La galette est au cœur d’un digipack dépliable, cartonné, où on y trouve les textes et plusieurs gravures style Moyen-Âge assez troublantes, créées spécialement par Sindre Foss Skancke.
Occulte, démentiel et torturé sont probablement les mots les plus justes pour qualifier ce Mirium Occultum. Le groupe norvégien nous offre ici une pièce d’art noir comme peu savent le faire, avec une appropriation plutôt personnelle du Black Metal, ce qui lui confère un côté très addictif, sinon épileptique. A ranger à côté des Nightbringer, Hetroertzen, Svartidaudi et Dark Tribe. Tuerie.
1. Azonei Wyrdwalker
2. Evocation of Amezarak
3. Alor Mal Ki
4. A Word to Conquer the Aeon
5. Lucifer Ascendant