U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Entrez dans le cercle, rejoignez la danse impie autour du feu crépitant. Imbibez votre âme de ces volutes de fumées violettes, laissez agir les psychotropes comme la sorcière laisse crépiter son chaudron aux reflets verdâtres. Laissez la couleuvre se faufiler dans votre gorge déjà suffocante, laissez-la prendre possession de votre corps. Bienvenue à Salem, bienvenue dans le monde secret de Witchthroat Serpent. Car lorsque l’on se penche sur le premier album de la formation toulousaine, c’est un peu le sentiment qui nous prend au trip : l’impression qu’une balade en forêt débouche sur la découverte inopinée d’un sabbath à la gloire du Grand Cornu transformant l’imprudent promeneur en victime toute désignée.
Cet album éponyme, marque le premier essai de Fredrik Bolzann et sa bande dans le genre du stoner/doom qu’il apprécie tant. Et pourtant, le bougre est loin d’être à sa première tentative, et pour cause, il est certainement plus connu sous le pseudonyme « Kobal » sous lequel il gère la formation de black metal Darvulia depuis près de 15 ans. N’oublions pas ses implications au sein de Sektarism où la teinte doom était déjà bien présente quoi que clairement plus orientée funeral.
Dès les premiers accords, l’auditeur est plongé dans cet espèce de chaudron bouillonnant duquel sortent toutes sortes de vapeurs … L’ambiance est lourde, pesante, et l’énorme dose de fuzz qui s’ensuit nous fait irrémédiablement penser à Electric Wizard. Effectivement, il est très dur, voire impossible, de décrire la musique des toulousains sans se rapporter aux cultissimes Wiz’ et plus précisément à la période pré-Dopethrone. Du stoner/doom des origines qui risque de trouver un accueil intéressé par les fans de la première heure.
L’auditeur navigue au grès de l’album entre chant démoniaque tantôt chuchotté, tantôt torturé et plaintif, une basse grondante et crépitante ainsi qu’une guitare noyée dans les couches épaisses de fuzz. Le tout, surplombé par une batterie se répercutant sur les parois crâniennes donnant une vibration sombre et crasseuse à l’ensemble. Même si le groupe n’innove pas vraiment dans un genre qui arrive de plus en plus à saturation, le sentiment de se savoir en des chemins balisé à quelque chose de rassurant.
Et pourtant, quelques riffs de guitare, comme le thème principal de Have you Never Seen the Substitute? fait pourtant presque penser à une rythmique de Crowbar, lorgnant par moment vers quelques touches sludge. Pourtant, le titre qui marquera très probablement le plus l’auditeur, c’est sans nul doute Serpenta Ritual, exemple parlant des capacités du groupes, avec un titre de chanson se répercutant au nom du groupe et instaurant une ambiance de squat d’opium fort malsain.
En définitive, même si Witchthroat Serpent ne révolutionne pas franchement le genre, et manque encore un peu de personnalité (le poids du bienveillant paternel Electric Wizard se fait encore bien trop marqué), le groupe a le mérite de le faire bien et n’a pas à rougir face à la pléiade de groupes influencés par El Wiz’. Un album que ceux-ci auraient certainement pu sortir aux alentours des années 2000, juste avant Dopethrone. Ceci dit, le potentiel est clairement là, reste à l’exploiter finement pour proposer quelque chose de plus original et de plus personnel à l’avenir, et clairement, pour ça, on croit totalement en eux !
1 - Cursed Tongue of the Naja
2 - Have you ever seen the Substitute?
3 - Serpenta Ritual
4 - The Next Black Moon
5 - Gospel of the Witches
6 - Ranks up there with the Devil
7 - Priestess of the Old Ghosts