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Diocletian est sans aucun doute l’un des meilleurs groupes, ou du moins les plus innovants et les plus marquants de ce style bien précis que certains nommes le Black/Death, d’autres le War Metal ou encore le Black bestial. Auteur de démos prometteuses, un split avec Denouncement Pyre et d’excellents eps (récemment réunis sur une compilation format cd) ainsi que de deux fantastiques full-lenght que sont Doom Cult et War of All Against All, le quatuor néo-zélandais ne nous a donné qu’un léger ep (en support de la mini-tournée européenne), une compilation des eps/démos et un split avec Weregoat pour patienter depuis la sortie de son dernier album qui date tout de même de 2010.
Tout comme leurs frères d’armes de Witchrist, Diocletian a choisi notre Osmose Productions national pour propager son message de haine à la face du monde. Quoi de mieux enfin pour l’illustrer que la nouvelle référence en la matière, Paolo Girardi, qui voit décidemment son carnet d’adresse fleurir à vitesse grand V. Imagerie martiale et apocalyptique, rien ne peut mieux convenir pour donner vie à la musique des néo-zélandais. L’illustration fait d’ailleurs grandement écho à celle de War of All Against All. Pourtant, l’évolution entre les deux est flagrante…
Si les aficionados du groupe auront vite associé le titre de cet opus avec le nom d’un morceau du groupe présent sur leur split avec Denouncement Pyre, c’est bien le seul point commun entre les sorties précédentes et ce Gesundrian. Premier changement de taille, c’est Logan Muir qui se charge du chant en plus de la basse cette fois. Et c’est en cela que réside la principale différence : le timbre écorché et rugueux du bonhomme rappelant immédiatement Pete Helmkamp. Un chant haineux et agressif en somme, tout comme la musique. Sauf que là encore, l’influence d’Angelcorpse plane sans cesse. Que ce soit la batterie apocalyptique de C. Sinclair, aux blasts quasi incessants et au jeu de cymbales intensif, un riffing acéré et tranchant ou encore des solos criards que Palubicki n’auraient pas renié, tout ou presque évoque le feu quatuor américain.
Alors oui la production et la construction des morceaux rendent le tout bien moins massif (on est loin de l’ultime Fortress of the Unconquerable qui clôturait l’album précédent), mais on en prend toujours autant plein la tronche. Les seules exceptions sont les rares passages plombant car oui, il y en a quelques-uns, et heureusement d’ailleurs. Les fans du Diocletian pachydermique peuvent ainsi se délecter d’un titre comme Cleaved Asunder, placé non sans risque en ouverture d’album, proposant cinq minutes de riffs écrasants, de Steel Jaws ponctués de variations de rythmes (là ou se démarque légèrement les néo-zélandais du groupe de Palubicki) ou encore du final de Beast Atop the Trapezoid.
Un mot également sur la production qui est bien moins dense et étouffante qu’auparavant. Si rentrer dans un album des néo-zélandais demandait un travail d’écoute et une volonté de s’imprégner du style du quatuor, Gesundrian rend l’approche de sa musique plus facile, plus lisible. L’impact remplace alors en partie l’atmosphère si particulière que le groupe avait su créer et qui faisait selon votre serviteur sa plus grande force.
On connaissait l’amour de la formation pour Bolt Thrower comme en témoignait la reprise de All That Remains sur Decimator et l’on devinait l’admiration envers Angelcorpse (comme tout homme censé ma foi), mais pas au moins de faire dévier son style pour en devenir une quasi copie ! Triste constat quand même pour un groupe que je considérais comme un des plus novateurs de la scène. Attention, je ne veux pas dire par là que Diocletian a désormais perdu toute son identité, simplement que ce qui a fait la force et la réputation de cette immense groupe n’est plus. Plus accessible mais en aucun cas plus facile, le quatuor néo-zélandais n’a pas perdu la flamme, mais a opté pour une autre façon de déverser sa haine à la face du monde. J’apprécie énormément ce nouvel album, mais j’ai toujours du mal à le considérer comme un album de Diocletian. Vous l’aurez compris, cette nouvelle ogive va diviser les fans. Pour ma part j’ai déjà pris ma décision de rester fidèle à une entité que j’adule désormais sous une forme un peu différente.
1. Cleaved Asunder
2. Wretched Sons
3. Summoning Fear
4. Traitor's Gallow
5. Steel Jaws
6. Wolf Against Serpent
7. Beast Atop the Trapezoid
8. Zealot's Poison