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Enfin ! Six ans à attendre la sortie du successeur de Graves of the Archangels, sans hésitation un des meilleurs albums de Death Metal des années 2000, c’est long, très long, surtout lorsque l’on voit régulièrement le groupe en live ne faisant jamais mention de suite dans sa pourtant très courte discographie … Pourtant les amateurs du style ont eu de quoi se mettre sous la dent ces dernières années avec Cruciamentum, Grave Miasma ou encore l’excellent dernier album de Lvcifyre mais rien ou presque n’est parvenu à concurrencer ce premier full lenght des grecs. Cependant ça y est, le Chinese Democracy du Metal extrême est enfin arrivé via Martyrdoom Productions, nouvelle entité remplaçant Nuclear Winter Records, toujours dirigé par la tête pensante du groupe, Anastasis. Retour sur la plus délectable des descentes aux enfers …
Alors quels changements sur le papier chez les Hellènes ? Et bien pas grand-chose, hormis l’arrivée d’un nouveau bassiste, le bien nommé G. S. officiant également chez Inveracity (comme les trois quart de la formation) et Cerebrum. Hormis cela, le quatuor demeure fidèle au style qu’il suit depuis tant d’années (malgré une faible productivité) et a travaillé son Death Metal pour parvenir à sortir un album de ce calibre. Je m’explique …
Première remarque dès l’écoute du premier titre Only Ashes Remain, l’accent est clairement mis sur la brutalité et cette analyse se révèlera exacte sur toute la durée de l’album. Que ce soit le riff de tueur qui ouvre Immaculate Poison et un Serpentskin qui débute sur les chapeaux de roues, la force de frappe du char grec impressionne. Et que dire de Quintessence Maligned ou de From a Wretched Tomb qui risquent de faire mal en live ! La durée des morceaux est également plus courte qu’auparavant car hormis Schisma, magnifique pavé de sept minutes, aucun titre ne s’étend comme sur le précédent.
La voilà la principale différence entre ce cru 2014 et l’immense Graves of the Archangels. La réduction de la place faite aux longues plages inquiétantes, sombres et aux mélodies dissonantes qu’un titre comme le phénoménal Teeth into Red illustrait de façon exemplaire pour des titres plus courts et plus directs, un peu à l'image du premier ep du groupe. Attention ce n’est pas pour autant que les ambiances sont reléguées au second plan. Le final étouffant d’un titre comme Serpentskin place même le quatuor grec dans le wagon des groupes les plus doués sur ce plan. Si Negrido (ce tapping !) et les leads de Schisma nous font côtoyer les tréfonds de notre âme, c’est bien le titre éponyme instrumental qui se démarque, étonnamment placé en seconde position qui monte en puissance durant près de quatre minutes de mélodies funéraires, laissant progressivement place à un riff down tempo, où mélopées poignantes et atmosphères lugubres se recoupent pour livrer ici un des points forts de l’album. Quiconque considère avec entêtement qu’il n’y a pas d’émotions dans le Death Metal devrait jeter une oreille à ce titre … A l’image de ce morceau proposant une nouvelle approche de la musique des grecs, Promulgation of the Fall évolue et explore des horizons toujours plus sombres et inquiétants.
L’aspect doomy des compositions n’est pas non plus à négliger car oui ça blast à tout va, mais les grecs savent ralentir le tempo, et le font bien. Mis à part le titre éponyme, l’ensemble des morceaux alternent ainsi entre parties qui bourrent et ralentissements pachydermiques. Ajoutez à cela un gros travail sur les solos et leads (ce riff evil à 1.04’ sur Serpentskin ou encore le final de Schisma) et vous obtenez une pièce d’une noirceur et d’une profondeur sans égal.
La production est une nouvelle fois excellente, à l’image des morceaux encore plus directe que sur le précédent (cette caisse clair !). Une des forces de Dead Congregation a toujours été les textes, recherchés et intelligents, loin des clichés caricaturaux du style. Pour cette fois, Anastatis s’est fait aider de Timo Ketola, l’artiste de la cover de Graves of the Archangels, sur Nigredo et de Haasiophis (Antediluvian) sur Quintessence Maligned. D’autant plus que ces paroles se voient transcendées par le chant d’Anastasis, encore plus puissant et imposant que par le passé.
Tout le monde l’attendait, peu de monde y croyait et certains l’espérait … Dead Congregation l’a fait ! Promulgation of the Fall est encore meilleur que son prédécesseur pour toutes les raisons que je viens d’évoquer. Vous l’aurez donc compris, ce second opus s’impose comme le meilleur album de Death Metal de 2014, aux côtés de l’ultime Death de Teitanblood pour ma part (Lvcifyre n’est pas loin et Drowned et Necros Christos arrivent très bientôt), et assoie la domination actuelle de cette scène occulte de plus en plus surchargée mais menée d’une main de maitre par une poignée de formations. Sans prétendre à l’héritage des dieux Incantation, Dead Congregation fait plus que ça et ce nouveau jet place incontestablement le quatuor grec parmi les groupes les plus influents du siècle en la matière, rien que ça. Chapeau et merci à vous, on se voit au Kill Town !
1. Only Ashes Remain
2. Promulgation of the Fall
3. Serpentskin
4. Quintessence Maligned
5. Immaculate Poison
6. Nigredo
7. Schisma
8. From a Wretched Womb
