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Etoile Filante est une toute jeune formation française créée en deux mille treize par Chazoul et Trowl, qui ne débarquent toutefois pas de nulle part, le duo faisant partie du groupe de folk metal francilien Cave Growl.
Les deux individus ont créé ce projet parallèle pour assouvir leurs inspirations célestes. C’est en cette année deux mille quatorze que voit naissance leur premier album autoproduit “Traité sur le monde et la lumière”. Le nom fait bien évidemment référence à l’oeuvre posthume de Descartes sur la place de la Terre au sein du Système Solaire, défendant la thèse héliocentriste, à contre-courant du diktat ecclésiastique de cette époque. Le choix du titre est donc justement bien choisi, pour s’inscrire pleinement dans la thématique musicale souhaitée par le duo. C’est en effet dans le registre de l’astral Black Metal que la formation se revendique.
La prise en main de l’objet est plutôt soignée pour une autoproduction, un digipack dont la couverture présente des étoiles en flou radial, pour mieux nous immerger dans le coeur du sujet : la musique.
Quand on évoque ce style particulier du Black Metal, on pense forcément aux suisses de Darkspace, référence incontestée ayant démocratisé ce genre au public. Pour autant, je préfère directement couper court aux éventuels préjugés ; si dans l’univers musical les deux projets peuvent se rapprocher, ils sont toutefois bien dans deux galaxies distinctes, chacun ayant une approche assez différente de la dimension astrale dans le Black Metal : si Darkspace nous peint l’univers dans sa vérité physique, à savoir froid, austère et intemporel, Etoile Filante l’aborde sous sa vision contemplative et onirique.
Pour se faire, les français s’appuient en grande partie sur le clavier, pièce maîtresse guidant l’album. Dès les premières notes l’auditeur est embarqué quelque part au milieu de l’univers, dans ce qui semblerait être une navette à en croire la voix du signal radio. Ce premier titre, “Trou noir - fracture - ouverture - effondrement” est incontestablement le plus réussi de l’album, par sa construction et sa richesse. Pendant près de douze minutes, le duo nous emmène visiter le cosmos, dans un rythme parfois soutenu, souvent mid-tempo. Le clavier rappelle par moment la fabuleuse outro de Windir “Journey to the end”, avec ses notes aigues scintillant comme des étoiles et ses accords aériens. Parmi les autres influences, on pourrait également citer Fanisk, Eldrig ou Nychts, et plus généralement l’univers de la science fiction.
Les autres morceaux, surtout “Tombetoile”, sont sans doute un cran en dessous, pour partie lié à des enchaînements plutôt maladroits entre les plans mid-tempo, atmosphériques, et les instants typés black metal qui nous ramènent trop brutalement dans la gravité terrestre.
Néanmoins, la formation francilienne nous offre des moments magiques, notamment sur le titre éponyme, avec ses nappes de clavier emplies d’espérance, soulignées par la mise en avant de la guitare, procurant une sensation de plénitude captivante à l’écoute. Dommage là encore que des plans plus durs viennent s’intercaler et casser cette superbe atmosphère, je me serais volontiers laissé porter pendant les onze minutes du morceau.
L’opus se conclut par une piste ambiante, au clavier distillant ses accords cosmiques, avec un dialogue extrait du film de Kubrick 2001 : l’Odyssée de l’Espace (pour être précis, le moment où Hal refuse l’entrée à Dave, coincé à l’extérieur dans sa capsule, on y verra sans doute un écho aux premières notes de l’album, à savoir que nous finissons là où nous avions commencé : dans le vide intersidéral).
Vous l’aurez sans doute compris, Etoile Filante revisite le genre pourtant récent de l’astral Black Metal, en se distinguant des Darkspace, Midnight Odyssey, Astral Silence, DSEdO, etc, par une approche plus contemplative que sombre de l’espace, avec un travail appuyé sur la partie clavier. On regrettera parfois le manque de cohérence dans la structure, provoquant des hauts et des bas dans l’ambiance développée. Cela dit, le duo nous propose ici un EP assurément travaillé et riche. Pour une première oeuvre, c’est de bon augure pour la suite, en espérant qu’Etoile Filante ne soit pas éphémère et continue de scintiller dans le ciel musical...
Trou Noir : Ouverture / Fracture / Effondrement
2. Tombétoile
3. Traité sur le Monde et la Lumière
4. Singularité