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Quand on s’approche d’Animals As Leaders, on se laisse berner par plusieurs choses : tout d’abord leur nom. On peut imaginer que ce sont des disciples d’Orwell et d’Animal Farm et on se demande si on va pas tomber dans le métal revendicatif pro-animaux comme Cattle Decapitation par exemple. On en est bien loin ! la deuxième fausse piste vient des groupes avec qui ils ont joué en tournée : Decapitated, Vital Remains, Decrepit Birth… quand on voit une telle liste, on se dit que le groupe doit donner dans le bourrin et le méchant. Et là encore on en est bien loin ! AAL, pour faire court, est un groupe de métal instrumental progressif venant des USA, de Washington DC pour être précis. Le trio sort son troisième album avec The Joy Of Motion. Et si leur « entourage » n’est pas représentatif de leur style, le nom de leur album lui est particulièrement bien choisi.
Il faut préciser que le précédent s’appelait Weightless (littéralement « sans poids »), une caractéristique essentielle pour profiter des joies du mouvement (traduction littérale du titre du présent album). Et c’est vrai que le style, même s’il est bardé de finesses, est très léger. Les rythmiques ne sont pas heavy, mais plutôt travaillées et ciselées. A tel point que l’on se retrouve avec un petit côté easy listening sur Another Year, aidé par le clavier en mode musique d’ascenceur. On pourra aussi citer Air Chrysalis, qui porte bien son nom ou encore The Future That Awaited Me. Ces titres sont quasiment les cautions d’ambiance, les moments de repos sur The Joy Of Motion.
Car classer AAL dans la catégorie métal n’est pas une erreur, puisqu’ils savent aussi montrer les muscles à certains moments. Autant les morceaux doux ont une ambiance extrêmement travaillée avec arpèges et nappes de claviers, autant les parties plus électriques sont une explosion comme Mind-Spun ou Tooth And Claw. Là encore tout semble maitrisé et ne laisse pas beaucoup de place à la liberté mais ce carcan c’est là où le groupe montre toute sa puissance. De plus, il faut remplacer le chant par de la musique et la guitare s’en occupe plutôt bien.
Une autre des forces du groupe c’est de créer des riffs qui vont rester dans votre esprit. Ils utilisent leur talent de créateur de groove pour faire claquer la basse au début de Physical Education ou encore le riff de Crescent à 1’30. Ils s’en servent aussi pour alléger les morceaux et faire que l’oreille de l’auditeur ne soit pas saturée de technique. Plutôt efficace et utilisé à bon escient mais aussi avec parcimonie tout au long de l’album.
Certains iront vendre AAL comme un groupe s’apparentant au djent et feront des comparaisons avec des formations comme Meshuggah. Même s’il est indéniable que certaines parties, et le traitement de rythmiques hachées et abruptes comme sur Ka$cade, qui ouvre l’album peuvent amener à faire cette comparaison. De plus on apprend que Misha Mansoor de Periphery a participé à l'écriture de l'album et à une partie de son enregistrement. Mais quand on prend du recul, il est difficile de ne retenir que cette analogie et d’en faire le trait principal de la musique des Américains tant la variété de ce qui est proposé est large. On pourra citer Para Mexer, aux influences de guitares espagnoles mais toujours à la sauce trio, tous les instruments tirant à parts égales leur épingle du jeu.
Là où tout devient difficile, c’est que parfois on frise l’écœurement, il y a trop de basse qui claque, trop de finesses sur la batterie et de guitares qui couinent comme certaines parties de Lippincott. On se dit que les émotions peuvent aussi passer par une certaine sobriété qui n’est vraiment pas le fort du groupe. Alors soyez prêts à ne pas pouvoir écouter l’album d’un trait et à rapidement faire des choix sur les morceaux qui vont vraiment vous plaire. Car malgré la légèreté annoncée plus haut, AAL est avant tout un groupe de démonstration, avec des musiciens hors pair qui jouent de leur technique avant tout.
Si vous voulez vous pencher sur The Joy Of Motion, vous devez d’abord savoir à quoi vous allez avoir à faire : un groupe super technique, un peu froid dans sa composition maitrisée mais qui sait créer du groove. Mais aussi une formation qui va remplir vos oreilles de soli à tout-va et de beaucoup de basse, de breaks de batterie et tout ça sur dix titres bien calibrés autour de quatre minutes (encore un point de gestion maitrisée). A déconseiller pour sonoriser une soirée entre amis, ou à faire écouter à des néophytes pour leur faire aimer les instruments. Non, Animals As Leaders est un groupe d’exception à bien des égards pour un public bien restreint aux oreilles bien ouvertes.
1. "Ka$cade"
2. "Lippincott"
3. "Air Chrysalis"
4. "Another Year"
5. "Physical Education"
6. "Tooth and Claw"
7. "Crescent"
8. "The Future That Awaited Me"
9. "Para Mexer"
10. "The Woven Web"
11. "Mind-Spun"
12. "Nephele"