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Celeste est l’un des groupes les plus paradoxaux qui soit. Dans un premier temps, de par son nom éthéré, évoquant directement la beauté et la délicatesse tandis que sa musique est on ne peut plus lourde et torturée. Musique qui témoigne justement de ce paradoxe, alternant passages aériens, nous laissant nous abandonner à nous-même en élevant notre âme et d’autres, d’une lourdeur noire, nous attrapant au vol et nous écrasant à terre, broyés sous le poids du fiel craché à nos oreilles.
Par contre, là où Celeste ne laisse aucune ambiguïté, c’est sur la qualité de son travail et sur sa capacité à faire toujours mieux d’album en album (oui, je préfère Misanthrope(s) à Nihilistes(s) ), mais la barre ayant été dressée si haut avec Morte(s)Née(s), il était légitime de douter au premier abord de la capacité de Celeste à maintenir ce rythme.
Au premier abord, on se retrouve ici en terrain connu, avec ce son et ce riffing particulier qui lui est bien propre. Mais surtout ce chant, écorché, toujours aussi puissant et porteur de ce sentiment de haine et de malaise, principal facteur de l’ivresse Celeste ! Car si l’on se donne la peine d’éteindre les lumières pour se plonger totalement dans leur mélange de Black Metal et de Post-core, on peut rentrer dans ce genre d’états seconds dans lequel on ne fait plus qu’un avec ce son qui nous enveloppe et dans lequel on s’enfonce, comme dans des sables mouvants particulièrement ténébreux, jusqu’à ce que la fange passe dans nos voies respiratoires, nous emplissant les poumons et nous faisant voyager jusque dans les abysses.
Et le voyage va durer longtemps car Celeste nous offre ici son album le plus long : 70 minutes de véhémence animale présentée sous la forme d’un double CD avec pour seul point d’accroche dans cette tempête, les titres instrumentaux (x) et (y), intervenant au milieu de chacun des deux chapitres de cette œuvre annihilatrice, où la voix porteuse de destruction s’éclipse mais laisse s’épanouir le désespoir lancinant porté par la musique seule.
Pour terminer cet album maitrisé de bout en bout, il fallait une conclusion à la hauteur du reste, et c’est le cas avec Outro, morceau long mais surtout lent, contrastant ainsi avec le reste des titres. Ajouter à cela, l’absence des hurlements permet à toute la violence de faire place à quelque chose d’autre. On a enfin l’impression de pouvoir remonter à la surface, on s’accroche à cette montée crescendo pour enfin sortir la tête du goudron qui nous engloutissait et recouvrir un sentiment qui nous avait quitté depuis plus d’une heure : l’espoir.
Animale(s) est donc clairement l’album le plus abouti de Celeste, nous entrainant dans son univers et ne nous permettant de nous échapper qu’à la toute dernière note. Groggy de ce voyage qui, malgré sa durée, passe extrêmement vite, comme si l’on était aspiré dans son vortex pour vivre cette expérience ailleurs. Assurément l’un des albums les plus intenses que j’ai pu écouter.
Disc 1
1.Laissé pour compte comme un bâtard
2.Au pied d'une bicoque peu séduisante
3.Sans crainte de s'avouer un jour naufragée
4.(X)
5.Tes âmes sœurs immaculées
6.Dans ta salive, sur sa peau
Disc 2
1.D'errances en inimitiés
2.Cette silhouette paumée et délabrée qui sanglote et meurt
3.Empreinte d'érotisme
4.(Y)
5.Serrés comme son cœur lacéré
6.Outro