U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
A trip to Nevermore
Moonreich, Neptrecus, Procession of Death, Septentrion… Ces groupes vous disent peut-être quelque-chose ? Et si je vous dis Macabre, le rapprochement devrait vite s’établir. En effet, cet artiste français au fort penchant pour la basse, est membre à part entière de chacun de ces groupes. Autrement dit c’est un blackeux, encore blackeux et re-blackeux. Au mois de mars 2011, Macabre décide de fonder son projet solo Mortis Mutilati. Un projet à la personnalité, je cite « Glauque, fantomatique et déprimante. » L’inspiration est de mise pour ce one-man band. Après quelques démos, le premier album ne tarde pas à sortir en février 2012 s’intitulant "Sombre Neurasthénie" sous le label Naturmacht Productions. De même pour "Nameless Here For Evermore", le deuxième album sorti en juillet 2012, auquel nous allons nous intéresser de près. Eh bien, plongeons-nous dans l’innommable ici et à jamais :
On débute l’album en savourant une composition de guitare aux mélodies à la fois nostalgiques et métalliques. C’est un départ vers un voyage aux multiples haltes, la promesse d’une errance de port en port jusqu’au final de cet album.
On enchaine donc avec Nameless Here and Forever More. Des riffs entêtants bâtissent ce morceau alliant rapidité, émotivité et colère. Tout du long, une véritable impression de révolte s’en dégage, un message se veut entendu. Une funèbre poésie entrainant l’auditeur corps et âme, envoûté.
Pour ce qui est du troisième morceau, j’aurais tendance à dire : à chaque album ses petits coups de cœurs. Et j’accorde clairement le mien à Neige de Sang. Une petite note de basse pour enchainer ce morceau proprement exécuté. Encore une fois la mélodie se réalise entre rythme rapide et plus posé. La basse tantôt lourde, tantôt vigoureuse procure une énergie particulière à cette chanson. S’y mêlent blasts et solos de guitares qui accompagnent allègrement quelques parties d’orgue, instrument suprême lorsqu’il s’agit de macabre et funèbre. Cet orgue, d’ailleurs, achèvera de manière tout à fait honorable ce morceau. De plus c’est aussi un instrument utilisé de façon assez récurrente pour le groupe notamment sur Way To End Your Useless Life I le quatrième morceau.
Venons-y d’ailleurs ! Way To End Your Useless Life apporte toute sa puissance affligée, tourmentée à l’album. Le parfait mode d’emploi du suicide si l’on peut dire. Le côté Black mélodique se dévoile encore une fois à nous avec une agréable partie de guitare classique, les solos assez courants sont bien exécutés. La transition de Way to End Your Useless Life I se veut oppressante. On distingue des battements de cœur illustrant surement l’effroi ou la fatigue. Une voix trafiquée causant l’allemand semble-t-il se fait entendre, c’est bizarre mais cela colle bien au reste. De manière générale, les solos sont carrés, bien construits, sans grande fantaisie mais très appréciables. Chacun apporte son côté mélodique aux compositions, bien qu’il n’y en ait pas forcément besoin pour dénoter toute la musicalité de cet art pas si barbare. Sur Way To End Your Useless Life II les riffs nous touchent au plus profond des tripes, toute l’énergie vindicative de Mortis Mutilati semble se déchaîner sur cette courte piste de quatre minutes quarante. De puissants blasts accompagnés de légers breaks donnent la mesure. Intense et écœuré, telle se définit la musique de cette cinquième piste. Pas le temps de reprendre son souffle, la tension règne d’un bout à l’autre, jusqu’à Obsèques, bien plus posé et calme, sans pour autant perdre toute l’énergie déprimée et haineuse de l’album.
A noter, un détail fort appréciable, la basse se veut très mélodique, légère, et nostalgique à la manière des riffs et solos. Un phénomène bien évidemment loin d’être innovateur, mais qui fait toujours plaisir aux oreilles notamment lorsqu’il s’agit de Black. La septième piste, courte rupture dans l’album, est un clin d’œil envers la splendide œuvre d’Edgar Allan Poe : L’intro se veut très mélodique, progressive a contrario des autres pistes de l’album qui débutent toujours de façon brutale. On distingue même quelques notes de basse plutôt « dansantes ». Les notes paraissent plus paisibles, seul reste le lugubre et le désenchantement.
L’album s’achève dans la douceur d’une harpe. Ses enchaînements ne sont pas nécessairement fluides, mais cela va dans la logique de l’album. Après de telles sonorités torturées, il va de soi de retrouver une douceur blessée, fragile et chancelante. C’est un voyage de port en port, de l’introduction à la conclusion. Celle-ci nous amène jusqu’à la lanterne des morts, pour ainsi dire, au royaume des morts. Au final, nous avons droit à une remarquable production qui, je le pense, ne laissera pas indifférents les férus de black sépulcral et misanthrope. Voyez par vous-même !
1. Intro
2. Nameless Here For Evermore
3. Neige De Sang
4. Way to End Your Useless Life I
5. Way to End Your Useless Life II
6. Obsèques
7. Quoth the Raven, Nevermore
8. La Lanterne Des Morts