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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

The Winery Dogs

s/t

LabelLoud and Proud
styleRock
formatAlbum
paysUSA
sortiejuillet 2013
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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Bon, soyons honnêtes, quand on voit que The Winery Dogs est le énième projet de Mike Portnoy, on se demande dans quel coin du metal ou du rock il a été tapé et surtout s’il ne va pas finir par exploser en vol. Juste pour rappel, on l’a récemment vu avec Neal Morse, il a joué avec Adrenaline Mob, Flying Colors et j’en oublie certainement. Et pourtant il ne se lasse pas, ne fait pas de pause, et sa notoriété lui permet de s’adjoindre les services des chefs de file du prog. Mais Portnoy c’est aussi un rocker, alors jouer avec Richie Kotzen et Billy Sheehan, ça ne peut donner qu’un mélange détonnant. Et ce mélange s’appelle The Winery Dogs et il est né en 2012. Pour les néophytes, chaque membre de ce « superband » a un pedigree à faire pleurer n’importe quel musicien amateur ou professionnel. En clair, à moins que vous ne soyez Vai ou Satriani, et dans ce cas je vous remercie de me lire, on ne peut qu’être aguiché par ces musiciens et la promesse de ce qu’ils peuvent faire ensemble.

Histoire de ne pas faire les choses comme les autres, ils se sont créés un label Loud and Proud et se sont enfermés en studio pour écrire et enregistrer. Si l’on en croit les studio reports de Mike Portnoy, même lui a été bluffé par le talent, la créativité et le professionnalisme de ses petits camarades. Ils s’en sortent avec plus d’une vingtaine de titres, dont des reprises qui ne sont pas disponibles sur cette version. Au final, treize titres apparaissent sur l’album, éponyme au passage, dont les paroles ont été écrites par Kotzen, sauf You Saved Me, écrites par Portnoy. La musique est un travail collectif sauf Damaged et Regret qui sont l’œuvre de Kotzen. Les fans sauront donc quelle patte s’est posée sur la composition des titres et donc quelle genre de musique ils seront amenés à écouter.

Ces considérations techniques mises à part, on peut s’arrêter un court instant sur la pochette : une photo des trois ténors, sur une route encadrée par des lignes électriques. Pose de rockers, pas de grosse mise en scène et un logo qui fait la moitié de la photo. Le teint jauni ne donne pas vraiment une impression de modernité mais plutôt de rock « roots ». On a compris que leur budget n’est pas passé sur ce poste, mais que la communication se fera autour de leur image. Habile et plein de bon sens.

Il ne vous faudra que quelques instants d’écoute pour vous mettre dans l’ambiance : Elevate commence bien fort et bien rock. Et c’est d’ailleurs le fil rouge de tout l’album : une atmosphère énergique et rock pur jus. On pourrait qualifier de classique dans les sens positifs et négatifs du terme. Le talent des musiciens est immense et ils l’ont mis à profit sur la musicalité plutôt que la technique. Et si vous trouverez quelques pointes progressives, elles ne sont pas légions. Pas de structures alambiquées ou de plans incompréhensibles (même si parfois on dérape comme le solo final de Time Machine). Ici, on privilégie le plaisir de l’écoute avant tout, mais réalisé par la crème du genre. Les refrains forts et marquants sont une des clés de la réussite de cet album : Elevate, We Are One, You Saved Me et surtout Not Hopeless. On aurait pu citer tous les titres mais ceux-là sortent du lot.

Ce qui est remarquable, c’est la capacité du groupe à créer une homogénéité tout en se ménageant un espace afin que chaque musicien se réalise. Les passages de basse sont très fréquents et essentiels : la rythmique de Damaged, de Desire ou le départ de The Other Side (allez, avouez : vous avez aussi pensé à du Motörhead les quinze premières secondes !) mais la guitare est aussi là par ses soli mais aussi ses parties uniques : elle suit la ligne vocale sur the Other Side ou se radoucit sur The Dying, ballade soporifique de fin d’album. Pour finir la batterie assume son rôle de métronome, mais Portnoy a toujours un artifice de sa « toolbox » pour faire sortir une partie du lot et comme d’habitude on le sent s’éclater derrière son kit.

Rarement a-t-on senti un tel équilibre sur un disque, autant au niveau du son que de la composition. Peut-être était-ce le seul moyen de ne pas froisser les égos des uns et des autres. On pourrait aussi le voir comme la rencontre de trois fines lames qui se sont tellement bien entendues que le rendu est cohérent. Alors, le problème c’est que l’on tombe forcément dans les travers d’un disque qui se veut complet et en même temps classique : on a parlé plus haut de chansons dont on pourrait se dispenser (on peut y rajouter Regret, qui clôt l’album), mais aussi d’une certaine ressemblance entre plusieurs morceaux voire même d’un certain classicisme qui fera que les fans de Kotzen et Sheehan pourraient sentir comme un déjà-entendu.

Mais ne nous trompons pas, l’existence même de The Winery Dogs et de leur premier album n’est pas une révolution musicale et ceux qui en critiquent le manque d’audace n’ont pas focalisé leur attention sur ce qui est important. Les trois musiciens ont appris à se connaitre et ont produit une musique qui leur ressemble qui donne la pêche et qui ne doit pas s’écouter comme une œuvre recherchant la pérennité. Ne placez pas la barre trop haute, elle n’a jamais eu l’intention d’y être mais prenez ce disque pour ce qu’il est : on bon moment de rock !

1. Elevate
2. Desire
3. We Are One
4. I'm No Angel
5. The Other Side
6. You Saved Me
7. Not Hopeless
8. One More Time
9. Damaged
10. Six Feet Deeper
11. Criminal
12. The Dying
13. Regret