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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Huntress

Starbound Beast

LabelNapalm Records
styleHeavy metal
formatAlbum
paysEtats-Unis
sortiejuin 2013
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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Avec la volée de commentaires grivois et poitrino-centrés qu’a dû recevoir Jill Janus, l'égérie et frontwoman des Américains de Huntress a bataillé ferme pour gagner en crédibilité en tant que chanteuse et pas simple faire-valoir d’un groupe classique mais efficace. Les quelques photos promo accompagnant de press kit du label nous font deviner un léger changement dans l’image puisque le groupe a abandonné les tenues d’hommes des bois et se la joue cuirs et vintage. Un peu plus de simplicité et un peu moins de tape-à-l’œil ne semble en effet pas superflu pour pouvoir espérer survivre l’effet de surprise du premier album Spell Eater et laisser le public se concentrer sur la musique. Les plus fidèles à U-zine auront lu l’interview de Jill et auront compris que l’image est quand même dure à faire partir.

D’ailleurs, elle est représentée sur l’illustration de Starbound Beast, comme réceptacle ou émetteur d’une énergie cosmique dont elle parle à foison dans ses délires (maîtrisés ?). On voit du Zodiaque, des pyramides, des statues égyptiennes, bref un mélange hétéroclite de symboles ésotériques qui collent au groupe et qui annoncent une partie du contenu des paroles. De ce côté-là, je voudrais juste citer le bougresse sur l’inspiration : « I began writing the second album while on tour last summer in Europe. I'd wake up at odd hours while everyone slept and began receiving lyrics and melodies that were expanding beyond my knowledge of the occult.” (j’ai commencé à écrire le second album pendant notre tournée estivale en Europe. Je me réveillais à n’importe quelle heure pendant que les autres dormaient et je commençais à recevoir des paroles et des mélodies qui s’étiraient au-delà de ma connaissance de l’occulte). Mais sinon, tout va bien merci.

Pour ce second album, le groupe s’est enfermé au Hobby Shop Studios à Los Angeles sous la houlette d’un producteur plutôt connu chez les coreux Zeuss, qui s’est occupé de Hatebreed et Agnostic Front par exemple. Il a quand même fait son boulot : le son est heavy à souhait, rien à redire de ce côté, ça sonne bien et puissant juste comme il faut tout au long des dix titres de l’album, dont Enter The Exosphere qui sert d’introduction.

L’ensemble est assez équilibré en terme de durée, entre quatre et six minutes. D’ailleurs la composition ne laisse pas vraiment de place aux surprises musicales : couplet, refrain, solo et hop c’est plié. Le véritable atout de ce disque c’est son manque de surprise justement : en un album Huntress a défini le pourtour de son champ d’action et s’y tient encore une fois. Vous avez demandé du heavy bien foutu et bien vous allez en avoir à plus savoir qu’en faire. On pourrait presque copier / coller certaines remarques déjà écrites : ça ne révolutionne pas le style mais c’est efficace par exemple. Vous avez largement de quoi prendre votre pied sur des riffs en béton comme celui d’Oracle, bien speed et super entraînant ou encore le thrashy Zenith. L’ensemble de l’album est mené tambour battant. Le tempo global est plutôt élevé et seul Alpha Tauri, le dernier titre, contient une partie plus planante. Starbound Beast a aussi quelques moments plus lents, voire quelques moments de faiblesse puisqu’il s’agit d’un titre assez anodin et qui manque de la patate qui nous fait accrocher à l’album.

Les gratteux ne font pas de figuration et leur inspiration mènent vraiment les morceaux au bout de ce qu’ils peuvent apporter. Et mention spéciale aux soli qui collent vraiment au style et sont particulièrement bons. Sans être amateur de shred, il n’y en a aucun à jeter avec un petit plus pour Destroy Your Life. Et bien sûr le chant de Jill Janus reste toujours aussi varié : heavy, thrash, black tout y passe. Elle sait crier à s’en décrocher la trachée, histoire de pimenter un morceau, mais elle reste sur des rails assez mélodiques la plupart du temps. L’équation bonne guitare + chant bien foutu fait qu’on écoute l’album sans difficulté, il ne contient aucun challenge pour nos neurones de métalleux et aura donc peut-être tendance à s’essouffler plus vite que d’autres productions. Surtout que, comme on l’a signalé plus haut, il contient ses moments de faiblesse : Spectra Spectral est plutôt plat et Receiver peine à prendre (sauf le solo bien sûr !). A ce moment, on se rend compte que composer un album homogène au même rythme est impossible, même inspiré par les forces cosmiques (et Lemmy de Motorhead qui a écrit les paroles de I Want To Fuck You To Death).

Si vous avez bien saisi le propos de cette chronique, vous aurez compris que Starbound Beast c’est un peu comme les romans qu’on lit sur la plage en été : on ne sait pas si on se serait tourné vers eux en temps normal, mais on aime quand même bien ce petit plaisir fugace. Ce n’est pas extrêmement fouillé mais ça fait du bien, ça cartonne bien, et quand on rajoute le plaisir des yeux à celui des oreilles, on comprend que Huntress ne restera peut-être pas dans les mémoires pour les bonnes raisons, mais qu’on aurait eu tort de passer à côté, ne serait-ce qu’une fois.

01. Enter The Exosphere
02. Blood Sisters
03. I Want To Fuck You To Death
04. Destroy Your Life
05. Starbound Beast
06. Zenith
07. Oracle
08. Receiver
09. Spectra Spectral
10. Alpha Tauri