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Extol fait partie de cette frange récente de groupes ayant décidé de faire un retour sur la scène métallique. Ils font aussi partie de ces formations qui ont joui d’un succès d’estime dans une niche de genre à un moment où la mode était plutôt au black metal et tous ses cousins. Il est donc presque pertinent pour les maisons de disque de ressortir et d’encourager ce genre de groupes à reprendre le chemin du studio : pour l’ancienne génération, revoir un groupe qui a plu et sait renaître de ses cendres, c’est un gage de qualité, avec bien sûr de nombreuses phrases accrocheuses incluant le mot « culte ». Pour la nouvelle génération, c’est attirant de pouvoir partager quelque chose avec ses aînés, de comprendre de quoi ils parlent et de confronter ces fameux groupes à ceux qui occupent la scène aujourd’hui.
En tous les cas, depuis leur premier album en 1998, il en est passé de l’eau sous les ponts telluriques et un retour c’est un aussi un risque car s’adapter à une époque, ne pas passer pour des has-been et ne pas plaire qu’aux nostalgiques peut s’avérer plus problématique que prévu. Pour sécuriser une partie de ce cinquième album, ils se sont accordés les services d’Indie Recordings, pêcheurs de talents alternatifs et surtout ceux de Jens Borgen connu pour son travail avec Opeth et Enslaved. Les plus perspicaces d’entre vous auront reconnu l’œuvre de Travis Smith pour la pochette, assez proche d’un street art symbolique et grisonnant certainement comme la chevelure des musiciens !
La première constatation musicale que l’on fera sur Extol est qu’avant de rentrer dans leur monde, il vous faudra vous préparer à être bousculé. Les Norvégiens sont novateurs dans les tonalités employées plus que dans les structures créées. Les dix titres sont très équilibrés en terme de durée (entre quatre et six minutes) mais empruntent des chemins différents avec des sonorités que l’on n’avait guère entendues depuis bien longtemps : Wastelands pourrait en être le représentant attitré. Les guitares jouent ensemble mais sur des tonalités différentes. Elles sont d’ailleurs l’œuvre d’un seul homme. Pour enfoncer le clou de ce classicisme tout à fait classieux, on pourrait faire un parallèle avec le début et les refrains de Unveiling The Obscure et du Cynic même si le titre prend sur les couplets et les ponts une direction plus musclée et donc complétement différente.
On passe d’ailleurs souvent d’arpèges à la saturation voire même un mélange des deux comme sur Ministers, titre qui vient après une longue chanson instrumentale Dawn Of Redemption qui par sa structure répétitive fait monter une certaine frustration ou excitation selon les auditeurs. On pourra aussi constater que cette doublette est une des seules sans chant clair. Puisqu’il faut bien le noter, c’est une des caractéristiques fortes d’Extol. Le chant extrême ressemble à du black metal proche du death et il est souvent mis en contraste avec un chant clair très propre, plutôt classique. On ne s’attardera pas sur le timbre du chanteur puisqu’il ne porte pas à débat par contre on pourra ajouter que de nombreuses fois, il a rajouté un effet qui faut penser à Cynic. Il est cependant parfaitement mis en valeur sur le passage en blast de Extol où tous les musiciens portent le morceau vers des cieux empreints d’une originalité que seule l’expérience d’un groupe qui a vécu les années 90 en tant que musiciens peut atteindre.
Le point fort d’Extol c’est sa capacité à maitriser la quasi-totalité de la palette du metal extrême à tendance progressive d’aujourd’hui tout en lui apportant le son et une partie des idées d’hier. Passages lents et presque doomesques à la Opeth sur Faltering Moves avec guitare qui pleure et claviers par-dessus, rythmiques heavy et double à fond sur Behold The Sun qui voit aussi des parties complétement déstructurées, on se dirait même que Lucassen ne renierait pas certains passages de Open The Gates passages bien musclés sur Ministers. Mais tout ceci avec le souci constant de briser la monotonie avec un passage technique ou groovy ou un solo.
Vous pouvez donc constater qu’Extol a peaufiné un retour qui ne s’annoncera peut-être pas comme la révélation de l’année, car il faut être honnête, ils n’apportent en rien quelque chose que les gens n’ont jamais entendu ou vers quoi ils voudraient tirer. Mais leur positionnement unique en fait un groupe à part qui va plaire aux fans qui ont envie d’entendre un groupe avec une personnalité forte et centrée sur une conception assez moderne de la mélodie et de la technique alliée à certains sons et façons de composer caractéristiques des décennies précédentes. En somme il serait vraiment dommage de passer à côté de cet album retour tant il apporte un point de vue trop rarement défendu.
1. Betrayal
2. Open The Gates
3. Wastelands
4. A Gift Beyond Human Reach
5. Faltering Moves
6. Behold The Sun
7. Dawn Of Redemption
8. Ministers
9. Extol
10. Unveiling The Obscure
11. Sting Of Death(bonus)