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Avant de vous attaquer à ce disque, il va falloir en faire le tour, car dès le premier abord, on sait qu’on a à faire à un produit unique et qu’on ne risque pas d’entendre ailleurs. Déjà si vous l’avez entre les mains c’est que vous vous êtes un peu intéressé au groupe Averse et à son histoire: la gestation de The Endesque Chants aura très longtemps, encore plus que les baleines et les éléphants, c’est pour dire. Surtout à une époque où tout est fait une fois tous les deux ans, puis avalé et digéré dans le même laps de temps afin de recommencer et d’oublier ce qui vient d’être fait. Le projet prend racine en 2005 et l’enregistrement se fera entre 2008 et 2009. Le reste de l’histoire semble la vision d’un musicien : Tim Fromont Placenti derrière l’écriture des paroles et de la musique, épaulé par la famille et des compères. L’enregistrement, le mix et le mastering, tout semble resserré autour du groupe, comme si laisser échapper une partie de cette production était un élément impossible. Et le résultat est pour le moins singulier, tout comme leur nom. Neige étant déjà pris, personne n’avait jamais pensé à aller jusqu’à l’averse, moment déprimant d’une journée qui aurait pu être belle… on pourrait même pousser le vice jusqu’à voir le mot en anglais : averse signifiant « opposé à » ou à sentir un côté poétique A Verse étant un vers en poésie. La multiplicité d’interprétation laisse le champ large à une musique sans limite.
S’ils se sentent un peu proche du mouvement black metal et du progressif, c’est vers le shoegaze qu’on trouvera les bases du son : une guitare qui a de l’écho, un son saturé légèrement crade, une basse bien présente et qui a des choses à dire et des claviers d’ambiance qui viennent appuyer le côté dramatique. Dramatique et en même temps esthétique, car c’est un sentiment étrange que l’on ressent en écoutant Averse, on se laisse porter par la musique et il faut être bien accroché car avec trois morceaux qui tournent autour de vingt minutes (Translating Your Name Into Numbers, Fleetingness of Solar Happiness et Aubes Cendrées), les horizons atteints sont variés. D’ailleurs deux des morceaux au cœur de l’album, I’m Not Scared Of Music Anymore et Breathing Eyelids sont une suite autour d’un thème de guitare acoustique plutôt planant et assez répétitif. Ça sent bon l’expérimentation progressive.
Ce qui marque dans cet album c’est la capacité du groupe à trouver des mélodies qui marquent et surtout à faire une musique en couches superposées mais homogènes et à tiroir. On a l’impression que la longue gestation a permis d’affiner de nombreux détails, dans les transitions mais aussi dans l’apport de certains instruments comme le violon, la clarinette ou la harpe (et même un banjo !). Pour preuve vers la quatorzième minute de Fleetingness… écoutez le nombre de directions que semble prendre la musique, on se sent pris dans une spirale sans pour autant être éclaté en mille morceaux et perdu. Et on est déjà passé par des moments très black au départ avec des riffs bien méchants et les cris qui font peur, puis cassure nette et c’est le décollage prog presque jazzy avant de retomber dans le blasts et de recommencer le cycle. On se sent sur des montagnes russes, rassurantes car lorsque l’on a compris le cycle, on sait à quoi s’attendre, et pourtant tellement prenantes.
On sent aussi certain moments de grâce comme autour des quatre minutes dans Translating… , avec cette fameuse clarinette (si je ne m’abuse) ou encore vers les sept minutes ou le violon emboite le pas à la guitare électrique et on se laisse aspirer par la musique, impressionnante de maturité et de préparation. Ce qui est remarquable c’est que la longueur des morceaux mise à part, on ne sent pas de superflu ou d’éléments poussifs. Bien sûr The Endesque Chants a peu de chances de se retrouver comme album que l’on écoute pendant cinq minutes de métro ou vaguement en se levant le matin. Il est tellement exigeant qu’il vous faudra une attention pleine et entière. D’ailleurs il est difficile de le chroniquer tellement on aimerait parler de tous les secrets qu’il contient sans trop en dire tout de même pour ne pas gâcher le plaisir de l’auditeur.
Un conseil : écoutez cet album au casque, c’est certainement avec cet outil que toutes les finesses du disque vont ressortir et surtout vous allez les garder pour vous et ne faire profiter que vos oreilles et votre cerveau de ces petites choses qui viennent vous sauter aux esgourdes (comme à la fin de Translating Your Name Into Numbers). Vous aurez l’impression de flotter comme les méduses ( ?) qui parsèment ce digipack très soigné, signe que l’on n’est loin d’avoir à faire à de simples amateurs, mais plutôt à de vrais connaisseurs du metal et du (rock) progressif qui ont su faire d’Endesque Chants un moment complétement intemporel et d’une classe incroyable. A réserver à des oreilles très ouvertes et prêtes à voyager d’un bout à l’autre de la galaxie rock et metal.
1.Translating Your Name Into Numbers 19:14
2.The Endesque Chants 06:07
3.I'm Not Scared Of Music Anymore 03:54
4.Breathing Eyelids 03:05
5.Fleetingness Of Solar Happiness 17:30
6.Aubes Cendrées 22:36