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Ça y est, j’y suis, la porte du grenier est verrouillée, les fenêtres sont condamnées, le fin éclairage dont je dispose n’est possible que grâce aux quelques bougies que j’ai disposées ça et là contre les murs. Seule trône au milieu de la pièce, la chaine hi-fi qui va me permettre de passer le dernier méfait d’Aosoth : « IV - Arrow in Heart ».Je m’accroupis, appuie sur play et m’apprête à me laisser transporter par leur black metal apte à nous faire ressentir comme un ange lors de sa chute, en nous entrainant dans des chemins aussi sinueux qu’un bras recouvert de cicatrices.
Alors que la musique, surtout les riffs posent une nappe malsaine dans la pièce, la voix contribue à un malaise d’un tout autre niveau, comme si les doigts froids de la mort se posaient sur notre gorge. Mais il n’y a pas que ça, comme le sentiment que quelque chose ne va pas et comme pour étayer mes pensées un courant d’air froid traversa la pièce, soufflant ainsi toute les bougies et me laissant dans les ténèbres. Mais pas pour longtemps, l’ampoule nue du plafond se mit à briller sans que l’interrupteur ne soit manipulé, d’abord faiblement puis de plus en plus fort, entrecoupé de variations d’éclat avant de se stabiliser au plus fort de sa brillance, qui d’ailleurs est bien plus intense que ce qu’une ampoule normale peut fournir.
Tout comme la musique qui sort des enceintes, l’atmosphère commence à devenir plus lourde et poisseuse et je regrette amèrement de m’être lancé dans cette expérience, ce climat délétère et pernicieux emplit toute la pièce et m’enveloppe, me donnant l’impression de me broyer le crâne, je tombe à genoux et je vomis un mélange de bile et de sang. Quand arrivent les passages plus rapides, je sens des vers grouiller sous ma peau, je m’entaille pour les faire sortir. Alors que des flots rouges coulent le long de mes bras et se répandent sur le sol, l’ampoule au-dessus de moi éclate littéralement, mais sans me plonger dans le noir cette fois, car je remarque de la lumière passer au travers du plancher qui se met à trembler. Je me retourne, sentant un mouvement derrière moi et je vois le mur en face de moi s’ouvrir tandis que le bruit régulier des percussions redonne dans mon crâne, comme si une porte sur une autre réalité s’entrebâillait avant de laisser le passage, de la fumée en sort et envahit toute la pièce, je distingue aussi un halo lumineux qui produit un faible éclairage bleui et soudain je les vois, leurs silhouettes se découpent, je n’arrive pas à distinguer leurs traits mais je sais qu’ils m’observent. Qui sont-ils ? Ma mort, Mon salut ? Des anges, des démons ? Ou encore les cénobites ?
Plusieurs sentiments se mélangent en moi, la peur, l’horreur, l’admiration, mais ce qui domine le tout est un immense sentiment de désespoir transmis par ces riffs lancinants… Je rassemble mes jambes pour me redresser alors que l’espace-temps semble déchiré. Alors que j’entends des voix dans ma tête, tout à l’air de se passer au ralenti, j’évolue comme si j’étais dans de la vase, je relève tout de même la tête et m’apprête à affronter, du moins du regard, les trois êtres devant moi.
Soudain des dizaines de chaînes sortent des murs avec à leurs extrémités des crochets qui me pénètrent la chair puis se tendent, m’élevant ainsi, dans une souffrance indescriptible , à quelques centimètres du sol, les 3 êtres s’approchent alors de moi, le premier tendant ses mains munies de fils et d’aiguilles vers mon visage, alors que je pensais qu’il allait tout simplement me coudre les lèvres pour faire cesser mes hurlement, il s’affaire directement du coté de mon œil gauche, me cousant la paupière tandis que le deuxième s’occupe effectivement de ma bouche, mais dans le sens inverse : il me plante 4 hameçons, deux par lèvres et à l’aide d’un fil, les tire autant en arrière que l’élasticité de mon corps le permet et fait tenir le tout en replantant des crochets à l’arrière de mon crane, laissant ainsi toute ma dentition à l’air libre. Alors que le premiers termine de me coudre la paupière droite cette fois, juste avant de devenir définitivement aveugle, je vois le troisième s’approcher de moi avec une longue pointe d’acier. Alors que je suis à nouveau plongé dans les ténèbres, seule ma souffrance pouvant m’accompagner, je sens la pointe, implacablement froide et piquante, se poser sur mon torse, juste au niveau de mon cœur, puis je la sens pénétrer en moi. Lors de mon dernier soupir, mon dernier hurlement, au moment où mon cœur se transperce je sens aussi mon corps éclater en autant de parties que de chaînes dans mon corps.
1.An Arrow in Heart
2.One With the Prince with a Thousand Enemies
3.Temple of Knowledge
4.Under the Nails and Fingertips
5.Broken Dialogue 1
6.Broken Dialogue 2
7.Ritual Marks of Penitence