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Après avoir changé de nom, passant de Abyss à Atlantis Chronicles, ce groupe venant d'Ile de France a décidé de s'adjoindre les services d'un chanteur à part entière : Antoine Bibent, laissant à Alex le rôle de guitariste (et un peu de chant quand même). Tous ces changements font que le groupe que l'on connaissait et que l'on a chroniqué dans ces pages a bien évolué depuis leur premier album. Leur signature avec Coroner Records ne faisant qu'entériner ces changements et les lancer encore plus sur la voie de la reconnaissance internationale. C'est donc avec de grands espoirs et des attentes fondées qu'ils viennent nous présenter Ten Miles Underwater, leur premier bébé de leur ère 2. Parce qu'ils ne font plus les choses à moitié, ils ont confié leur artwork à Pär Olofsson (Miseration, Exodus, Immortal...) et leur son au Dreadcore Studio.
Restait une histoire à raconter, une « chronique » comme l'annonce leur nom, sauf qu'il ne s'agit pas de raconter un énième fois l'Atlantide et sa déchéance mais l'histoire d'un simple humain. De son nom William Beebe, il aurait défié les profondeurs en construisant une « bathysphère », sorte d'engin rond que l'on voit sur la pochette afin de plonger dans les profondeurs et d'atteindre plus de 900 mètres (loin des 10 miles du titres mais bon!). Il perd un peu la boule dans sa capsule sous l'eau et souffre de quelques hallucinations de tous genres. Cela devient métaphysique même si on avoue que perdre le fil de l'histoire ne pose pas trop de problème. On sait qu'on va parler d'Atlantide (Tale of Atlantis), de monstres (Behold Kraken) et qu'on va finalement perdre pied (L'Ivresse des Profondeurs).
D'ailleurs, si l'on ne peut pas parler d'un groupe très « calme » pour définir Atlantis Chronicles, il faut reconnaître qu'ils ont su poser l'ambiance avec deux titres entre bruitages et mise en condition : Enter Into the Bathysphere et L'Ivresse des Profondeurs. Mais ce n'est que pour mieux tromper l'auditeur qui va quand même prendre dans la face And Embrace the Abyss, qui ne dure pas longemps mais qui pose les jalons du disque : une énergie explosive, des rythmiques qui partent dans tous les sens et un sens de la mélodie qui colle parfaitement au concept et nous emmène dans les tourments des profondeurs.
Le groupe est souvent vendu comme ayant des touches progressives. Il est bon de préciser à ce stade que par progressif ici on entend plutôt technique, comme veut le démontrer la vidéo des guitaristes sur Homocene. Il n'y a pas véritablement de morceaux épiques et les structures sont assez aisément reconnaissables et directes. Il n'y aura que le dernier titre William Beebe qui détonne, avec ses huit minutes et son côté purement instrumental fait de différentes humeurs et de moments variés qui se rapprochent plus du processus de recherche du progressif.
Donc nous avons à faire à une formation qui avait déjà démontré ses qualités d'instrumentistes que l'on retrouvent ici. Thousands Carybdea (dont ils ont tourné le clip) commence par une petite démonstration de ce qu'ils savent faire et ils ne loupent jamais une bonne occasion de coincer un bon solo ! Ils aiment aussi casser les tempi et passer de l'un à l'autre en et pendant quelques secondes ce qui rend les morceaux hyper dynamiques comme autour des 3' sur Behold Kraken. On pourrait cependant leur reprocher d'utiliser un peu trop à fond la boîte à outils qu'ils ont créée et que, par conséquent, de nombreuses parties se font écho tout au long de l'album, même si du coup le côté concept ne s'en retrouve que renforcé. Par ailleurs, on regrette que certains riffs du départ qui accompagnent si bien une descente dans l'inconnu (la fin de And Embrace The Abyss par exemple) se fassent plus rares et que s'installent des moments un peu plus plats.
Mais ce que l'on retiendra surtout c'est ce qu'on aime chez eux : cette façon digeste de faire du métal extrême, à coups de blasts bien présents, de très nombreuses finesses de batterie, de parties agressives et de riffs qui mordent (allez on va le dire parfois les parties les plus acérées font penser à du Black Dahlia Murder, le côté core de la voix ressortant parfois) avec des mélodies telles que l'on se prend au jeu même si l'on est pas vraiment sensible au genre.
Alors tout ce changement dans la continuité a fait le plus grand bien à Atlantis Chronicles. Ils ont maintenant de quoi se faire un nom et gagner une place respectable dans le milieu du melodeath technique. Reste à continuer le bon processus entamé avec Ten Miles Underwater, car au milieu de la myriade de groupes du genre ils ont une vraie carte à jouer grâce à leur énergie, leur personnalité qui transpire sur cet album et leur technique. Une bonne sortie de ce début d'année !
01. Enter The Bathysphere...
02. And Embrace The Abyss
03. Echoes Of Silence
04. Thousands Carybdea
05. Homocene
06. Ten Miles Underwater
07. L'ivresse des Profondeurs
08. Architeuthis Dux
09. Tales Of Atlantis
10. Stomias Boa
11. Behold Kraken
12. William Beebe