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Certaines formations aiment frapper les esprits dès leur premier album. On se souvient de Disillusion qui avait fait fondre de bonheur les métalleux avec un album aussi beau à l'extérieur que délicieux à l'intérieur. Il semble que les Mexicains de The Advent Equation voudraient réitérer un tel exploit avec leur première sortie : Limitless Life Reflections. Avant tout, il faut créer l'envie : pour cela, ils se sont adjoints les services de pointures du genre : leur artwork a été réalisé par Colin Marks (Nevermore, Scar Symmetry, All Shall Perish) et leur mastering par Jens Bogren (Opeth, Katatonia, Amon Amarth, Devin Townsend) au Fascination Street studios, à Örebro, Suède. On pourrait aussi commenter le nom du groupe qui sonne presque djent (quand on parle d'équation forcément on s'attire un certain public!) et celui de leur album qui reprend le triptyque magique du black métal (voir Dimmu Borgir par exemple). Mais tout ces artifices ne peuvent présumer de la qualité de ce qui se trouve à l'intérieur, et l'on a tendance à se montrer méfiant et à se demander si le ramage et le plumage sont du même acabit.
Parce que, force est de constater, que l'illustration est aussi somptueuse que mystérieuse : entre ambiance apocalyptique et image mystique, on ne sait pas où diriger son regard. De nombreuses questions sont soulevées : où est-on ? À quelle époque ? Pourquoi ces bâtiments sont-ils détruits ? Quelle est cette lumière éthérée hors de notre champ de vision ? On se sent perdu entre Lost et Cloverfield. Bon départ, dans l'air du temps, sans pour autant donner un seul indice sur le contenu de l'album.
Et ce n'est pas en écoutant les premières notes de Glimpse Of What May Be que vous allez être fixés. En effet tout commence comme du black sympho, à bride abattue, puis le rythme se casse complétement pour atterrir en douceur sur un couplet en voix claire. Ce qui paraît étrange c'est qu'au delà de l'entrée en matière fracassante, le groupe semble se chercher. Les parties en chant clair ne sont pas vraiment percutantes et les montées en puissance laissent un petit goût d'inachevé. Il manque quelque chose de mémorable qui sorte de ce petit goût d'ordinaire dont le groupe ne se réclame pourtant pas.
Et pour ceux qui commencent à s'inquiéter, je leur recommande de passer au second titre On Darkness et de constater que l'erreur de casting se limitait aux sept premières minutes. Peut-être est-ce un pêché de classicisme mais la construction ici est plus fluide et l'on trouve trace d'une personnalité naissante. Notamment dans l'utilisation de l’acoustique pour des parties particulièrement riches en émotion, que l'on retrouve sur Visions Of Pain un peu plus loin dans l'album. On pourrait objecter que la ressemblance avec Opeth ou pourquoi pas Pain Of Salvation sur certaines lignes vocales se fait sentir mais The Advent Equation se réclame de ces groupes donc rien d'étonnant à sentir leurs influences planer. Et le fait d'avoir choisi des chansons à rallonge ne facilite en rien la tâche du groupe qui s'est mis en tête de mettre le maximum d'ambiances dans chaque titre, qui dure au minimum 6 minutes !
Ce sur quoi le groupe tient à se démarquer, c'est une répartition très particulière des rôles : aux guitares et à la batterie l'aspect puissance de la musique. En écoutant la majeure partie des titres, on constate que les riffs sont particulièrement bien faits et là pour muscler le jeu. On retrouve peu d'aspects mélodiques comme sur le départ d'Afterlife Evolutionary ou On Darkness. La batterie accompagne plus qu'elle ne dirige et les parties ciselées gagnent en patate.
L'autre partie de la personnalité du groupe c'est la mélodie qui est apportée soit par le clavier soit par le chant clair. On ne reviendra pas sur le chant death qui est sans surprise tout en tenant parfaitement son rôle. La chant clair quant à lui peut paraitre surprenant car il sait rester dans des clous connus mais aussi prendre des intonations particulièrement audacieuses comme sur A Descent Into The Unreal. On pourra prévenir l'auditeur que l'aspect légèrement dissonant ne sera peut être pas du goût de tout le monde.
Pour finir, le clavier est présent sous toutes ses formes et passent assez souvent sur le reste des instruments comme pour s'imposer et dire que c'est lui qui donne la couleur à la chanson comme sur le couplet de Hopeless qui n'aurait pas la même saveur sans sa présence. On pourrait aussi citer Afterlife Evolutionary où l'on imagine que le musicien devra être plus que prêt derrière ses touches tant il utilise de sons et d'ambiances.
Étrangement, il n'y a pas de grandes envolées de shred. Pour un groupe de progressif, on les trouvera un peu timide, sauf si, comme votre serviteur vous pensez qu'il faut savoir raison garder et en mettre le moins possible ! Et cela prouve que The Advent Equation est un groupe raisonnable qui a voulu mettre de son côté beaucoup de choses pour son premier album. Limitless Life Reflections est un tableau de toutes les couleurs, une belle représentation de ce qu'un groupe de métal progressif à tendance légèrement extrême peut et sait faire. Alors si l'ensemble est à mon goût perfectible, l'aspect patchwork et le chant clair parfois étrange ne rendent pas honneur au talent du groupe, on ne peut s'empêcher de les mettre en haut de la liste des nominés pour la catégorie des meilleurs espoirs de 2013.
1. Glimpse Of What May Be
2. On Darkness
3. Purification Lapse
4. A Descent Into The Unreal
5. Visions Of Pain
6. Afterlife Evolutionary
7. Hopeless
8. A Violent Motion